Coronavirus : les pharmaciens déplorent "une hausse d'environ 50% des agressions"

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Pauline Rouquette , modifié à
Carine Wolf-Thal, présidente du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens, était l'invitée du journal de 18h sur Europe 1, mercredi. Elle dit avoir constaté une hausse de 50% des agressions dans les officines, allant de l'insulte aux menaces en passant par des cambriolages nocturnes.
INTERVIEW

Insultés, menacés, cambriolés... En première ligne dans la lutte contre la pandémie de coronavirus, les pharmaciens font, plus que jamais, face à l'anxiété et l'agressivité que peuvent montrer les clients dans un contexte de crise sanitaire et de confinement imposé. Dans les officines, "on constate une hausse des agressions de 50% par rapport à la même semaine l'année dernière", a déclaré Carine Wolf-Thal, mercredi au micro d'Europe 1. La présidente du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens a précisé que ces comportements vont de l'insulte à la menace, et jusqu'aux cambriolages nocturnes.

 

"C’est une situation triste et que l'on déplore parce que les pharmaciens sont là pour être aux côtés de la population et des professionnels de santé dans cette lutte contre le coronavirus", a-t-elle poursuivi, remerciant les pharmaciens de ne jamais renoncer et d'assurer coûte que coûte la continuité des soins et l'accès aux médicaments.

"Le confinement n'arrange rien"

La raison de cette agressivité ? Bien qu'aucun motif ne puisse excuser de tels comportements, ceux-ci sont alimentés par l'angoisse que suscite le confinement imposé à la population depuis plus de deux semaines, mais aussi à la pénurie de masques et la peur d'un épuisement des stocks de gel hydroalcoolique et de certains médicaments.

 

 

"Ce sont surtout les masques et les gels qui font défaut", précise Carine Wolf-Thal. "Dans cette période de stress, le confinement n'arrange rien et l'agressivité se déverse sur les pharmaciens". Des pharmaciens qui sont parmi les premières victimes de cette insuffisance de stocks, et qui doivent, de ce fait, redoubler de pédagogie. "On fait un effort pour rassurer, pour dire qu'à la maison, il faut davantage favoriser l'eau et le savon, et rappeler que les masques ne sont donnés qu'aux professionnels de santé, ou à des patients pour qui il y a suspicion de Covid-19", explique la présidente du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens.

Demande en chloroquine

Concernant les stocks de masques, les 60.000 officines que compte le pays attendent de l'État la livraison d'un stock dans les prochains jours, déclare Carine Wolf-Thal. "Mais ces masques seront réservés exclusivement aux professionnels de santé de ville, ils ne sont pas pour la population", avertit-elle.

Celle-ci a également tenu à mettre en garde sur les demandes en chloroquine. Le médicament, qui fait l'objet d'essais cliniques pour sa probable efficacité sur le coronavirus, a fait l'objet d'une forte demande jusqu'à son encadrement par le gouvernement. "Il faut laisser le temps de ces études avant d’en faire bénéficier le grand public", a-t-elle affirmé. "Surtout il faut réserver l’hydrochloroquine aux patients qui en ont réellement besoin", rappelle-t-elle, évoquant notamment les patients souffrant de lupus ou de polyarthrite, qui doivent pouvoir continuer à avoir accès à leur traitement.