Arnaud Fontanet était l'invité de la matinale de Bernard Poirette sur Europe 1, dimanche 26 avril. 1:46
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Coline Vazquez , modifié à
Invité de la matinale d'Europe 1, le professeur à l’Institut Pasteur et membre du Conseil scientifique Arnaud Fontanet a assuré "comprendre que le gouvernement ait des arbitrages à faire qui soient différents de nos positions", à propos de la décision de rouvrir les écoles malgré l'avis défavorable du Conseil. 
INTERVIEW

Malgré l'avis défavorable du Conseil scientifique, qui recommandait de laisser les établissements scolaires fermés jusqu'au mois de septembre, le gouvernement a décidé de renvoyer les élèves sur les bancs de l'école dès le 11 mai, date de levée du confinement. Une reprise qui n'est toutefois pas obligatoire et qui se fera de manière progressive afin de rester les distances et règles de sécurité. 

C'est la première fois que le gouvernement allait à l'encontre d'un avis du Conseil scientifique. Une divergence qui ne constitue pas un problème pour Arnaud Fontanet, professeur d'épidémiologie à l’Institut Pasteur et membre du Conseil scientifique, qui assure qu'il "comprend que le gouvernement a des arbitrages à faire qui soient différents" des "positions" du Conseil scientifique. 

"L'impact et la gravité des conséquences que le confinement peut avoir au-delà du champ sanitaire"

"Il faut vraiment comprendre que la crise qu'on est en train de traverser a des implications au-delà du sanitaire. Le sanitaire est évidemment important et pour moi ça reste une priorité, puisque c'est mon métier de faire des recommandations sanitaires. Mais on réalise aussi l'impact et la gravité des conséquences que le confinement peut avoir au-delà du champ sanitaire", explique-t-il au micro de Bernard Poirette dans la matinale d'Europe 1.

"On l'a toujours dit : quand vous gardez une population confinée le plus longtemps, c'est effectivement la meilleure façon de bloquer la circulation du virus. Mais les conséquences que l'on peut avoir, notamment sur les maladies autres que le Covid-19 sont importantes. Les personnes qui sont restées chez elles et n'ont pas été traitées pour des maladies chroniques, qui n'ont pas pu aller consulter aux urgences quand elles auraient dû vont souffrir d'un point de vue de leur santé, des conséquences du confinement", ajoute-t-il, citant également les conséquences néfastes pour les "personnes vulnérables", "qui ont un handicap" ou "qui se trouvent isolées", ainsi que celles ayant "des problèmes psychiatriques". "Et puis il y a des conséquences économiques aussi, qui sont très importantes", indique-t-il. 

"Il faut que chacun reste dans son rôle"

Selon Arnaud Fontanet, "il faut que chacun reste dans son rôle", celui du Conseil scientifique étant de faire "des recommandations d'un point de vue sanitaire". "Le gouvernement fait des arbitrages qui prennent en compte toutes les autres dimensions, et pour moi ce n'est pas choquant qu'on puisse être sur certains points en porte-à-faux", commente-t-il. "Je comprends tout à fait que le gouvernement ait des arbitrages à faire qui soient différents de nos positions qui sont, elles, strictement limitées au champ sanitaire et c'est très important que ces rôles restent séparés", insiste-t-il encore.