"Gilets jaunes" : pour faire retomber la pression, l'exécutif entame le dialogue avec l'opposition

Emmanuel Macron a demandé au Premier ministre Édouard Philippe de recevoir prochainement les chefs de partis.
Emmanuel Macron a demandé au Premier ministre Édouard Philippe de recevoir prochainement les chefs de partis. © AFP
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Aurélie Herbemont, édité par Ophélie Gobinet , modifié à
À partir de lundi, le Premier ministre va recevoir tous les chefs de partis politiques représentés au Parlement, pour espérer faire retomber la pression de la crise des "gilets jaunes". 

Pour Emmanuel Macron, c'était le jour d'après. Dimanche, le chef de l'État a tenu une réunion de crise à l'Élysée, après les violences commises samedi lors de la manifestation des "gilets jaunes". Il a demandé au Premier ministre Édouard Philippe de recevoir prochainement les chefs de partis, y compris ceux de l'opposition, à partir de lundi.

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Ces responsables politiques seront conviés à Matignon et parmi eux, Laurent Wauquiez (LR), qui réclame au nom de la droite un référendum, Marine Le Pen (RN), qui préconise une dissolution de l'Assemblée, l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon qui fait la même demande, ou encore le socialiste Olivier Faure qui milite pour des États généraux

Parmi les autres chefs de partis, David Cormand (EELV) est attendu à Matignon à 11h30, Stanislas Guerini (LREM) à 12h, Jean-Christophe Lagarde (UDI) à 13h30, Benoît Hamon (Génération-s) à 15h30, Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) à 16h. Suivront dans l'après-midi, Franck Riester (Agir) à 16h30, Marielle de Sarnez (vice-présidente du MoDem) à 17h15, Florian Philippot (Les Patriotes) à 18h00 et Fabien Roussel (PCF) à 19h30. Aucun horaire n'était disponible dans l'immédiat concernant Jean-Luc Mélenchon (LFI).

"L'enjeu n'est pas d'avoir une image, mais de donner une réponse". Si certains, comme le nouveau dirigeant du Parti communiste ou le patron du PS Olivier Faure saluent cette initiative, d'autres sont plus mesurés comme Damien Abad, vice-président des Républicains. "Je trouve que c'est une initiative bien tardive et surtout, ce que nous attendons en premier lieu, c'est un geste pour montrer que le gouvernement, le Premier ministre et le président de la République, ont compris les Français", estime-t-il au micro d'Europe 1.

"Et ce geste, c'est la suppression immédiate de la hausse des taxes, et non une réponse par les partis politiques. L'enjeu aujourd'hui n'est pas simplement d'avoir une image, une poignée de main avec l'ensemble des chefs de partis d'opposition, c'est surtout d'avoir un message et une réponse politique forte", renchérit cet homme de droite.

Un collectif de "gilets jaunes" prêt à discuter. Pour l'heure, c'est cette forme de dialogue avec les partis que l'exécutif, qui espère faire retomber la pression, a choisi comme première réponse. Édouard Philippe a par ailleurs aussi été missionné par le chef de l'État pour à nouveau essayer de nouer le dialogue avec des "gilets jaunes". Il invitera le collectif des "Gilets jaunes libres", qui s'est dit disponible pour discuter dans une tribune publiée par le Journal du dimanche. La maire PS de Paris, Anne Hidalgo, doit également être reçue. Elle arrivera la première lundi matin à 8h30.

À défaut de s'exprimer en public, le président a envoyé plusieurs membres du gouvernement occuper le terrain. L'occasion notamment pour le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux de répéter qu'il n'y aura pas de changement de cap, "parce que le cap est le bon".

"Choqué des dégradations". Avant de retrouver l'Élysée, le président s'était d'abord rendu à l'Arc de Triomphe, théâtre de violences et de dégradations. Il s'est rendu au pied de la tombe du soldat inconnu, avant d'entrer à l'intérieur du monument, tagué et en partie saccagé. Il a ensuite rendu hommage aux forces de l'ordre et rencontré des commerçants sur l'avenue Kléber, vandalisée la veille. Parfois applaudi, il a aussi essuyé des huées de "gilets jaunes". Le président "a été choqué des dégradations", a indiqué l'Elysée.