Fin du conclave sur les retraites : des passes d'armes sur le pavé et toujours pas de fumée blanche
Les négociations ont repris ce lundi durant le conclave sur les retraites entre les représentants du patronat et les partenaires sociaux. Des discussions musclées qui ont commencé sur le trottoir, devant le bâtiment abritant les discussions, où la CFDT a invectivé le président du Medef Patrick Martin.
Après un coup de com' du patronat devant les caméras à l'extérieur, les négociations ont repris entre les murs du conclave des retraites, alors que les partenaires sociaux sont censés boucler lundi, avec ou sans accord. Preuve de discussions dans le dur, une suspension de séance a été décrétée en fin d'après-midi.
"On est assez loin de la fumée blanche, s'il devait en avoir une. Nous, nous faisons toutes les propositions et pour eux, à chaque fois, c'est non", a résumé Pascale Coton, négociatrice de la CFTC. Un syndicat qui pointe le patronat, qui aura "une très grande responsabilité ou toute la responsabilité si, aujourd'hui, on n'arrivait pas à un accord".
Un coup médiatique du patronat
L'après-midi a commencé par un coup médiatique. Patrick Martin, président du Medef, et Amir Reza-Tofighi, président de la CPME (patronat des petites et moyennes entreprises), ont convoqué la presse une demi-heure avant la reprise du conclave à 15 heures.
Sur le trottoir, devant le bâtiment abritant ces discussions, ils se sont dits confiants dans un accord possible grâce à une "proposition commune" sur "les différents éléments qui sont attendus par les syndicats de salariés", notamment l'âge de la décote, les carrières des femmes, la pénibilité.
Le représentant de la CPME a revendiqué un "âge d'annulation de la décote à 66 ans et demi, indexé sur l'espérance de vie, pour ne pas avoir un régime qui se dégrade à long terme".
Le patronat "n'a pas joué le jeu" selon la CFE-CGC
Par la suite, Yvan Ricordeau, négociateur pour la CFDT, a invectivé le chef du Medef Patrick Martin, lui demandant si "la négociation s'opère sur le texte qu'on a discuté depuis quatre mois ?" Souhaitant couper court rapidement devant les caméras, le porte-parole du patronat a ironisé en parlant d'un "guet-apens".
Christelle Thieffinne, négociatrice de la CFE-CGC, juge que "la partie patronale n'a pas joué le jeu", et elle mesure désormais les chances de réussite de la négociation proches de "zéro". "Ils torpillent cette négociation", a jaugé la syndicaliste.
Ce processus a déjà laissé des partenaires sociaux sur le bord de la route : FO a tourné les talons dès la première séance et la CGT et l'U2P (patronat pour les artisans) ont jeté l'éponge mi-mars. La dernière réunion, le 17 juin, s'est achevée sur une prolongation arrachée sur le fil pour éviter l'échec. Une de plus dans une discussion entamée le 27 février et qui devait s'arrêter à l'origine le 28 mai.
Le Medef inflexible sur le départ à 64 ans
Le principal point d'achoppement tourne autour de la finalité d'une reconnaissance de l'usure professionnelle : les syndicats y voient une ouverture aux départs anticipés à la retraite, le patronat privilégie d'autres pistes, telle la reconversion.
Pour le reste, il est acquis que l'âge du départ à la retraite ne bougera pas: sans surprise le Medef s'est montré inflexible sur son maintien à 64 ans. Quoi qu'il arrive à l'issue de la réunion de la dernière chance, cette mesure phare, et impopulaire, de la réforme Borne de 2023 sera donc toujours en vigueur pour les salariés nés à partir du 1er janvier 1968. Un compromis, plus consensuel, pourrait en revanche se dessiner autour de la carrière des femmes et de la revalorisation des pensions en fonction du nombre d'enfants qu'elles ont eus.
La fin du conclave est aussi un moment de vérité pour François Bayrou, qui a lancé ce nouveau format de discussions après un compromis noué avec les socialistes pour éviter une censure du gouvernement. Et le Premier ministre s'était engagé à en présenter les conclusions devant le Parlement.
"À partir du moment où ce conclave n'aboutit pas sur l'abrogation de la réforme des retraites, nous déposerons une motion de censure", a promis Manuel Bompard, coordinateur de La France insoumise. Mais LFI aurait besoin du soutien d'autres groupes à gauche. Et le Parti socialiste est divisé sur la question.