Perrineau 8:47
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Pauline Rouquette , modifié à
Le scénario de l'abstention record enregistrée au premier tour des élections municipales se reproduira-t-il à l'occasion du second tour ? Invité d'Europe 1 samedi, le politologue Pascal Perrineau en est convaincu, notamment à cause de la peur du coronavirus. 
INTERVIEW

Les électeurs français seront de nouveau appelés aux urnes dans une semaine. Après un premier tour des élections municipales marqué par une abstention record (55%) en raison du coronavirus, doit-on s'attendre à une réplique de ce phénomène au second tour ? Invité du journal de la mi-journée, samedi sur Europe 1, le politologue Pascal Perrineau, spécialiste de la sociologie électorale, estime probable de voir se répéter ce scénario, le 28 juin prochain.

"Le premier motif avancé est la peur du virus"

"La poussée de 20 points par rapport aux dernières municipales va encore être une réalité", assure le politologue, également enseignant à Sciences Po. "Certes, le Covid-19 est moins présent qu'à la mi-mars, mais on parle d'un virus qui continue à tourner, de clusters dans différentes régions", poursuit-il. "Parmi les gens qui disent qu'ils s'abstiendront, le premier motif avancé est la peur du virus".

Il faudra pourtant être attentif, avertit Pascal Perrineau, insistant sur l'enjeu majeur de ce scrutin. "Le second tour débouche sur un pouvoir municipal pour six ans", rappelle-t-il, évoquant des villes clés comme Toulouse, Marseille ou encore Le Havre, où il pourrait y avoir "un petit sursaut de participation", l'enjeu devenant "lourd, et très important". Au Havre par exemple, le Premier ministre Édouard Philippe est arrivé en tête au premier tour avec 43,6% des suffrages, suivi du maire sortant et député communiste, Jean-Paul Lecoq (35,55%).

"Campagne menée en catimini"

Outre la question de la peur provoquée par le coronavirus, Pascal Perrineau évoque une "campagne étrange, menée en catimini". Outre les campagnes sur le web, dans la presse quotidienne régionale, et au cours de quelques débats organisés par France 3 régions, développe-t-il, les candidats n'ont pas pu aller à la rencontre de leurs électeurs. D'ailleurs, lors de sa dernière allocution, le 14 juin dernier -veille de l'ouverture de la campagne officielle pour le second tour-, Emmanuel Macron avait rappelé la nécessité d'"éviter au maximum les rassemblements", "principale occasion de propagation du virus".

"Cette campagne qui, d'habitude, mobilise, est un facteur de plus qui va pousser à l'abstention", achève Pascal Perrineau. Un phénomène que le politologue regrette, le maire étant "la seule personnalité politique qui bénéficie de plus de 60% de confiance".