Poutine et Macron font assaut de bonne volonté, sauf sur la Syrie et les droits de l'Homme

Les deux présidents ont multiplié les signes de bonne volonté, lundi.
Les deux présidents ont multiplié les signes de bonne volonté, lundi. © STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
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avec AFP , modifié à
Le président français Emmanuel Macron a reçu son homologue russe Vladimir Poutine dans sa résidence d'été lundi, pour un entretien bilatéral avant le sommet du G7.

Les présidents russe et français Vladimir Poutine et Emmanuel Macron ont multiplié lundi les signes de bonne volonté pour détendre les relations entre la Russie et l'Europe, notamment sur l'Ukraine, sans esquiver leurs contentieux sur la Syrie ou les droits de l'Homme.

Un "optimisme prudent" sur le dossier ukrainien

Emmanuel Macron, qui recevait le maître du Kremlin dans sa résidence d'été à Brégançon, avant de présider un sommet du G7 à la fin de la semaine en l'absence de la Russie, qui est écartée de cette instance (le G8 lorsqu'elle était présente) depuis l'annexion de la Crimée en 2014, a appelé de ses vœux un sommet à quatre (France, Russie, Allemagne, Ukraine) "dans les prochaines semaines" sur ce conflit qui empoisonne les relations entre Moscou et l'Europe. "Les choix du président (ukrainien Volodymyr) Zelensky sont un vrai changement pour la situation" et "nous aurons à considérer l'opportunité, ce qui est mon souhait, d'un nouveau sommet en format Normandie (Russie, Ukraine, Allemagne, France, ndlr) dans les prochaines semaines", a-t-il déclaré au cours d'une conférence de presse commune.

Vladimir Poutine, qui avait battu froid au nouveau président ukrainien après son élection en avril dernier, a fait part d'un "optimisme prudent" sur ce dossier et de sa disponibilité à en discuter. "Je vais parler (avec Emmanuel Macron) de mes contacts avec le nouveau président ukrainien. Il y a des choses qui sont dignes de discussions et qui provoquent un optimisme prudent", a-t-il répondu.

Macron à Moscou en mai 2020

Le président français a plaidé pour un rapprochement entre l'Union européenne et la Russie, dont les relations sont compliquées, appelant à retrouver la "confiance" dans un ordre international en "recomposition". Malgré "les malentendus des dernières décennies, les débats sur la relation avec l'Occident", la Russie "est européenne" et "nous avons à réinventer une architecture de sécurité et de confiance entre l'Union européenne et la Russie", a-t-il insisté, évoquant une Europe "de Lisbonne à Vladivostok".

Geste symbolique, Emmanuel Macron a aussi annoncé qu'il se rendrait à Moscou en mai 2020 pour assister aux célébrations du 75ème anniversaire de la victoire sur l'Allemagne nazie. "Je suis reconnaissant" à Emmanuel Macron d'avoir accepté cette invitation, a répondu Vladimir Poutine. Les Russes accordant la plus haute importance à ces commémorations qui ont été boudées par les Occidentaux depuis l'annexion de la Crimée par la Russie.

Appel à un respect du cessez-le-feu à Idleb

Les deux dirigeants n'ont pas caché leurs divergences en revanche sur la Syrie, où la Russie appuie militairement le président Bachar al-Assad dans son entreprise de reconquête des territoires contrôlés par les rebelles modérés et les islamistes depuis le début de la guerre civile en 2011. Emmanuel Macron a exhorté le régime de Damas et son allié russe à respecter le cessez-le-feu dans la province d'Idleb (nord-ouest), cible de bombardements quasi quotidiens et où les forces gouvernementales avancent après trois mois de combats acharnés.

"Il est impérieux (...) que le cessez-le-feu décidé et acté à Sotchi (en Russie) soit vraiment respecté", a-t-il déclaré, essuyant une fin de non-recevoir du président russe. "Nous soutenons les efforts de l'armée syrienne en vue d'éliminer les menaces terroristes à Idleb", a répliqué Vladimir Poutine.

Interrogé sur la répression de manifestations en faveur de la démocratie ces dernières semaines en Russie, le maître du Kremlin a riposté en renvoyant aux violences qui ont émaillé le mouvement de protestation des "gilets jaunes" en France à la fin d'année dernière et au printemps. "Nous ne voulons pas d'une situation similaire" à celle qui a récemment prévalu à Paris, a-t-il lancé, dans une de ces piques dont il est coutumier dans l'adversité, assurant que les autorités russes agiraient pour que les manifestations d'opposants à Moscou restent dans le "cadre de la loi".