Le domaine de la santé publique est une compétence des Etats au sein de l'UE. 3:00
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Isabelle Ory, édité par Jonathan Grelier , modifié à
Confrontée à des dissensions entre ses Etats membres notamment sur le sujet de l'après-crise, l'Union européenne multiplie les propositions dans les domaines économique et financier. Sur le front sanitaire, la compétence relève des pays, d'où une dissonance dans la gestion de l'épidémie de Covid-19.

Face à l'épidémie de Covid-19, l'Union européenne avance, mais dans le désordre. Jeudi, la Commission européenne a annoncé la mise en place d'un nouvel instrument temporaire doté de 100 milliards d’euros pour garantir la pérennité des systèmes de chômage partiel des Etats membres. Des prêts intéressants seront ainsi accordés aux pays qui en ont besoin. Ils seront financés par un emprunt sur les marchés financiers. Mais cette avancée ne permet pas d'occulter une certaine désunion entre les pays européens depuis le début de la crise sanitaire.

La santé publique, compétence des Etats

Pour un politologue, au début, "ça n’a pas été beau à voir". Plutôt du chacun pour soi même. La France et l'Allemagne empêchaient les exportations de matériel médical vers leurs voisins. L’Europe centrale et orientale fermait ses frontières avant tout le monde. "Il n’y avait plus personne sur le pont du paquebot européen, on était tous dans le canot de sauvetage au même moment", décrypte un diplomate pour Europe 1.

La compétence de santé publique relevant très largement des Etats membres et non de l'Union européenne, cette zizanie s'explique toutefois. Les Européens n’avaient pas de cadre auquel se raccrocher. Très vite, ils ont cependant avancé sur le plan économique et financier, faisant exploser les règles budgétaires dont celle des 3% de déficit public. Bruxelles a également poussé pour maintenir des points de passages pour les marchandises ou les frontaliers.

La bataille de l'après-crise déjà lancée

Dans le même temps, des déclarations très dures de l’Espagne et de l’ltalie envers les Pays bas ont été faites, illustrant des désaccords persistant. Car la bataille de l’après-crise est déjà lancée. L’Italie et l’Espagne souffrent durement de l'épidémie et réclament de la solidarité. Ils dépensent beaucoup et n’ont donc pas envie de subir une cure d’austérité, un programme de réforme sur le modèle grec, qui serait imposé par le nord. D'où leur émoi quand le ministre des finances des Pays-Bas a demandé une enquête sur leurs finances. L'épisode a donné lieu à des cris inédits et autres discours dramatisants sur l’Europe qui pouvait mourir.

Le sujet de la solidarité financière reprend des couleurs

Résultat : le ministre s’est excusé pour son manque d’empathie. Surtout, sur le fond, le sujet de la solidarité financière entre les pays de l'UE, avec un endettement en commun pour faire face à l’avenir, a repris des couleurs. Les ministres des finances parleront de tout cela la semaine prochaine.