Chaque jour, L'espace en tête, président du Centre national d'études spatiales (CNES), nous emmène à la découverte de l'espace. Aujourd'hui, zoom sur l’Afrique.
Quand on veut comparer des économies différentes, beaucoup d’entre vous ont dû entendre parler de l’indice "Big Mac". Il s’agit d’une mesure un peu élémentaire de parité de pouvoir d’achat, basée sur le prix du sandwich bien connu. Pour juger du niveau universitaire d’un pays, le spatial permet de considérer un indice probablement beaucoup plus pertinent, appelé "Small Sat" et qui mesure la capacité d’un pays à développer ses propres petits satellites. Cela demande en effet une volonté politique tournée vers l’innovation, un niveau de formation suffisant pour disposer d’ingénieurs et de chercheurs compétents, des experts scientifiques intéressés par l’utilisation des données spatiales et surtout, la reconnaissance de l’intérêt de l’espace.
Il y a dix ans, cet indice était cruel avec le spatial africain. Même en oubliant les quelques essais ratés de fusées africaines, il semblait en berne quand seuls quatre pays sur 54 disposaient de satellites opérationnels en télécommunications ou en observation de la Terre, l’Égypte, le Maroc, l’Algérie et le Nigéria.
Mais au cours des dernières années, cette situation a connu une évolution formidable avec un fourmillement de projets de petits satellites universitaires, conduits par des institutionnels qui s’organisent peu à peu en agences spatiales nationales. Au-delà des pays déjà cités qui ont également une activité en petits satellites, le Ghana et le Kenya viennent de lancer leur premier petit satellite et la Tunisie, le Sénégal, le Soudan et Maurice ont des projets en cours. Cette ambition se conjugue à une force d’utilisation des données spatiales notamment pour le suivi du climat en Afrique, qui donne lieu à l’organisation de conférences internationales en Afrique, ce qui est absolument nouveau.
Tous ces projets bénéficient bien sûr du soutien des grandes agences spatiales. Le CNES n’est pas en reste et encourage de nouvelles applications basées sur des données spatiales telles que, pour ne citer que des projets récents, la cartographie en Éthiopie, le suivi des ressources en eau en Ouganda, les statistiques agricoles au Sénégal et en Côte d’Ivoire, le tout se situant dans un effort de développement de la science...
Dernier point et non des moindres, nous proposons désormais à nos partenaires africains comme le Maroc, le Sénégal ou la Tunisie, nos outils pour développer de petits satellites, avec, comme espoir, que les pays africains ayant une capacité « Small Sat » se comptent en dizaines dans les années à venir. Pour reprendre le titre d’une conférence organisée par la Fédération Internationale d’Astronautique, il y a quelques semaines au Kenya, pour l’espace aussi est venu le temps de "The African Chapter" !