Chaque jour, Jean-Yves Le Gall, président du Centre national d'études spatiales (CNES), nous emmène à la découverte de l'espace. Aujourd'hui il nous raconte comment le premier lancement d'Apollo 13 a frôlé l'échec.
Les missions du programme Apollo devaient amener des hommes dans des sites géologiques d’intérêt de la face terrestre de la Lune. Apollo 13, lancée le 11 avril 1970 depuis Cap Canaveral, avait pour objectif d’amener les astronautes James A. Lovell, Fred W. Haise et John L. Swigert dans la région du cratère Fra Mauro.
Malheureusement, cette mission ne s’est pas déroulée comme prévu et elle a donné lieu au film de Ron Howard, sorti en 1995, avec Tom Hanks dans le rôle du commandant James A. Lovell. Ce film a notamment popularisé des citations comme "Houston, we've had a problem - Houston, on a un problème" juste après l’accident ou "Failure is not an option - l’échec n’est pas envisageable" prononcée par le directeur de vol Gene Kranz n’admettant pas que l’on puisse ne pas trouver une solution pour ramener les astronautes sur Terre.
Deux jours avant la mission, l’équipage avait dû être modifié. Thomas K. Mattingly suspecté d’avoir été exposé au virus de la rougeole et non immunisé a dû céder sa place à sa doublure John L. Swigert. Il ne développera d’ailleurs pas la maladie.
55 heures et 55 minutes après le décollage (2 jours et 8 heures), à quelques 200.000 miles (320.000 kms) de la Terre, après un début de vol plutôt « nominal », une explosion se produit dans un réservoir d’oxygène du module de commande, créant une fuite dans un second réservoir d’oxygène et fait perdre des ressources énergétiques et d’eau cruciales. Après investigation, sur ordre du sol, l’équipage doit se réfugier dans le module lunaire. La mission sur la lune n’est plus possible.
Une stratégie de navigation de secours avec une trajectoire autour de la Lune est élaborée et passée à l’équipage. Le module lunaire n’est pas prévu pour trois personnes, il faut en urgence régler et simuler au sol la consommation énergétique, l’augmentation du taux de dioxyde de carbone, les perturbations de trajectoire, la consommation d’eau et faire se reposer l’équipage malgré le froid.
Puis, une solution pour récupérer de l’énergie dans le module de commande doit être trouvée car les astronautes doivent y retourner pour être protégés par le bouclier thermique lors de la rentrée atmosphérique. La condensation est partout et les excursions en basse température du bouclier et des parachutes font craindre de mauvais fonctionnements. La période de black-out est plus longue que prévu.
Pourtant, 5 jours, 22 heures, 54 minutes et 41 secondes après leur départ les astronautes sont sains et saufs. La mission peut être qualifiée d’"échec réussi - successful failure".