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Carole Ferry, édité par
Progressivement, les sommes allouées au titre du plan de relance de 100 milliards d'euros commencent à être distribuées, notamment aux transports et aux collectivités, mais aussi aux entreprises. Pour autant, cette mise en place est encore partielle, avec "seulement" 40 milliards d'euros déboursés par le gouvernement pour l'année 2021.
DÉCRYPTAGE

Combien la crise du Covid-19 va-t-elle coûter au total ? Vendredi, l'Insee a annoncé que la France avait subi une récession massive en 2020, avec une chute de 8,3% de son PIB. Pour amortir ce choc économique, le gouvernement a annoncé des milliards d'euros de dépense, qui correspondent au plan de relance détaillé en septembre. Emmanuel Macron veut que l'effet se ressente très rapidement sur le terrain dans les mois qui viennent. "Il arrive sur le terrain depuis quelques jours. Il doit arriver vite, fort et de manière tangible. Il n'existe pour nos concitoyens, nos forces économiques et les travailleurs de notre pays, que quand il devient une réalité", a récemment insisté le chef de l'État.

Neuf milliards déjà dépensés

Pour savoir où en est ce plan de relance, il faut d'abord dissocier les 100 milliards consacrés au plan de relance de tout l’argent qui a été injecté pour soutenir l'économie depuis le début de l’épidémie. Ce sont vraiment deux enveloppes différentes : il y a d'un côté les 41,8 milliards d’euros versés pour soutenir les entreprises, avec le chômage partiel, les aides aux secteurs les plus en difficultés, ainsi que 18 milliards d'euros de coût pour l'Assurance maladie. Il y a de l'autre côté l’argent destiné à redresser notre économie, ce qui correspond au plan de relance de 100 milliards d'euros. 

Dans le cadre de ce plan de relance, 9 milliards d'euros ont déjà été dépensés. Plus de la moitié de ce montant concerne les transports, avec 4 milliards d'euros rien que pour la SNCF, notamment pour développer le fret et le réseau. Plus d'un milliard d'euros a été consacré aux transports en commun d'Île-de-France, qui ont perdu la moitié de leurs passagers.

"Sans le plan de relance…"

Le reste des 9 milliards à été versé à la fois aux collectivités locales et à un certain nombre d’entreprises, notamment pour les inciter à embaucher des jeunes. Le but est d'éviter de sacrifier toute une génération et de se retrouver sans compétences quand la reprise sera là.

" Une partie de l'argent va servir à moderniser et augmenter notre capacité de production "

En ce moment, plus de 500 millions d'euros sont également distribués pour aider les entreprises à se moderniser ou à relocaliser leurs activités. C'est le cas, par exemple, de la société de Damien Rossignon, spécialisée dans les systèmes électroniques. "On va toucher 320.000 euros", explique le responsable. "Cela correspond à peu près à un tiers de nos investissements. On a embauché deux nouveaux développeurs, qui nous ont rejoints entre la fin de l'année et le début de l'année pour peaufiner nos outils, notre digitalisation et notre interface Web", explique ce patron. "Une partie de l'argent va servir à moderniser et augmenter notre capacité de production. On va acheter des machines, avec une première qui arrive, puis une deuxième livrée début février. Sans le plan de relance, on n'aurait certainement pas fait ces investissements maintenant."

Des dossiers minutieusement étudiés

Y a-t-il un retard sur les 91 milliards d'euros restants ? Au contraire, le plan a même été déclenché un peu plus tôt que prévu. Au départ, il devait être mis en œuvre cette année avec 40 milliards d'euros à dépenser. Le reste devait l'être l'année prochaine, en 2022. Il faut également comprendre que l’argent n'est pas distribué comme ça, à l’aveugle, à tous ceux qui en font la demande. Chaque dossier est minutieusement examiné. Si l’on prend, par exemple, la rénovation thermique des bâtiments publics, sur les dizaines de milliers de dossiers, il a fallu en choisir 4.000. Une fois l’examen terminé, il faut que les travaux commencent. C'est à ce moment-là seulement que l'argent est débloqué.

Dans tous les cas, il s'agit de sommes énormes, quatre fois plus que ce qui a été dépensé pour la crise de 2008. Près de 40 milliards d'euros ont été prêtés par l'Europe, mais l'argent est un peu long à débloquer. Les premiers versements n'arriveront pas avant le printemps. Le reste sera financé par de la dette. L'idée est que ce plan de relance réamorce la croissance, qui permettra de rembourser la dette. Pour cela, il faut bien sûr que ce plan soit efficace.