La réouverture des théâtres pourraient prendre beaucoup de temps. 5:29
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Coline Vazquez
Conservez vos billets plutôt que de vous les faire rembourser. C'est le message passé par Xavier Viton, trésorier de l’Association des théâtres privé de régions sur Europe 1, qui s'inquiète d'une baisse de la fréquentation des théâtres même après la réouverture des salles. "On a besoin que les spectateurs nous témoignent leur affection", exhorte-t-il. 
INTERVIEW

Avec le confinement, c'est tout le monde de la culture qui souffre de voir les portes de ses établissements désespérément fermées. C'est le cas notamment des salles de théâtre et parmi elles, celles du théâtre privé. Alors que celui-ci ne reçoit normalement aucune aide publique, le ministre de la Culture, Franck Riester, a annoncé que 5 millions seraient lui serait versé pour tenter de le soutenir dans la crise économique que traverse la France. 

"Rassembler et unir"

Une initiative saluée par Xavier Viton, trésorier de l’Association des théâtres privé de régions, qui nuance toutefois la portée de ce geste. "Ça risque de ne pas faire beaucoup, de ne pas être suffisant pour que certains passent cette crise sans mourir", regrette-t-il au micro de la matinale d'Europe 1. Le trésorier craint, en effet, que la levée du confinement et la réouverture des théâtres ne prennent trop de temps.

"L'art du théâtre prend toute sa signification quand il parvient à rassembler et unir, comme le dit Jean Villard. En ce moment, on ne peut pas unir et il y a fort à parier qu'avant que les spectateurs puissent revenir dans nos salles et puissent se mettre coude à coude, genoux contre genoux et exploser de rire avec des comédiens qui leurs postillonnent dessus au premier rang, ça risque d'être un peu long et c'est de cela dont on a peur". 

Un mois de mars habituellement précieux

Autre appréhension : que les Français boudent les salles de théâtre par peur de la contamination. "Je pense qu'il y aura une gourmandise pour se divertir, mais le seul problème c'est cette peur qu'on aura tous en nous", s'inquiète-t-il. D'autant que, "nous sommes tous pareils. Si on vous dit pendant plusieurs mois : 'mettez des masques, ne vous touchez pas et ayez une distance sociale...', avant de convaincre les spectateurs qu'ils vont pouvoir se remettre coude à coude, sur des fauteuils de théâtre...", soupire-t-il, regrettant que le coronavirus ait mis fin à une période "extraordinaire" pour le théâtre, le mois de mars étant habituellement marqué par une forte fréquentation. 

"On a besoin d'amour"

Au sujet des places achetées pour des spectacles qui n'auront pas lieu, Xavier Viton se veut rassurant et invite les spectateurs à conserver leurs billets. "Nous ce que l'on incite à faire, mais nous ne l'obligeons pas et nous comprenons les spectateurs qui ont besoin de retrouver de la trésorerie, mais si ils le peuvent, c'est de garder soigneusement leurs billets et de le représenter à la rentrée", indique-t-il précisant que même si le spectacle en question ne sera plus à l'affiche, les théâtre leur permettront d'assister à un autre en échange. De même, les abonnements en cours seront prolongés. 

"L'aide que l'on peut recevoir est combinée de trois façons : la première évidemment est financière, fiscale : on a besoin que l'Etat nous fasse une aide directe, annule une grande partie des charges et tranche quant à la question des loyers. Ensuite, on a besoin que les spectateurs nous témoignent leur affection en nous envoyant des petits mots et, s'ils le peuvent, en ne se faisant pas rembourser. Et troisième façon, on a besoin d'amour", conclut Xavier Viton, amusé.