It Takes Two 1:25
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Sorti le 26 mars sur PC, Playstation et Xbox, le jeu vidéo "It Takes Two" est une des plus belles merveilles des dernières années. Belle, ingénieuse et touchante, cette aventure de parents divorcés coincés dans des corps de poupées est réussie de bout en bout et n'a rien à envier au génie narratif d'un dessin animé Pixar.

En ces temps où la triste réalité du Covid-19 semble ne pas vouloir lâcher son emprise sur nos vies, le besoin de s'évader est plus fort que jamais, que l'on soit confiné ou bien "seulement" sous couvre-feu. Pour des millions de Français, cela passe notamment par les jeux vidéo. Dans ce contexte, It Takes Two ne pouvait pas mieux tomber. Développée par le studio Hazelight et éditée par Electronic Arts, cette petite merveille, disponible sur PC, Xbox et Playstation, brille par son ingéniosité, sa malice, son humour et sa bienveillance. Un jeu qui fait chaud au coeur, donne le sourire et se hisse (déjà) en haut de notre liste des meilleurs titres de 2021.

Divorce, larmes magiques et poupées vivantes

Pour détailler notre enthousiasme, commençons par l'histoire d'It Takes Two, celle de Rose, une petite fille dont les parents, May et Cody, sont sur le point de divorcer. Un crève-coeur pour l'enfant qui ne comprend pas comment son père et sa mère peuvent ne plus s'aimer. En apprenant la nouvelle, elle court se réfugier dans le cabanon au fond du jardin avec ses jouets. En priant pour que ses parents se réconcilient, elle verse une larme sur ses deux poupées favorites. Poupées qui, au réveil, prennent soudainement vie : May et Cody sont prisonniers de ces corps de laine et d'argile !

Les deux parents s'imaginent victime d'un sort. Guidés par un livre parlant, au drôle d'accent espagnol, écrit par le Dr Hakim, un thérapeuthe de couple, ils comprennent que c'est la tristesse de Rose qui les a transformés en poupées. Charge à eux, qui pouvaient à peine se parler la veille, de coopérer pour retrouver leurs corps et, comme l'espère leur extravagant guide spécialiste de l'amour, rallumer la flamme. C'est le début d'une aventure inoubliable.

Un jeu en coopération très habile

It Takes Two a la particularité d'être jouable uniquement à deux, en local sur une même console ou en ligne avec un ami (dans ce cas, un seul jeu suffit grâce au Pass Ami, qui permet d'inviter un partenaire dans sa partie). Au début, chaque choisit lequel des deux parents il incarne. Un choix qui importe. Les héros n'ont certes pas de capacités spécifiques, mais ils bénéficieront de compétences et d'accessoires différents à chaque niveau.

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C'est donc avec deux cerveaux et quatre mains que l'on plonge dans It Takes Two. En écran scindé, il s'agit de progresser dans des niveaux qui sont inspirés de la vie quotidienne. De la cave au grenier en passant par la chambre de Rose et le jardin, les décors familiers du quotidien deviennent des terrain de jeu propices à l'exploration. Pour progresser, il faut résoudre des énigmes, actionner des plateformes, utiliser des outils de fortune, le tout en collaborant en permanence. L'avancée des deux joueurs est intimement liée et il est indispensable de se donner des coups de main régulièrement.

Le manège de la vie, pourvoyeurs de grandes émotions

Là où It Takes Two transcende le genre bien cadré du jeu de plateformes/puzzles, c'est en liant en permanence la forme et le fond. Chaque énigme, chaque piège, chaque ennemi, chaque objet croisé en chemin par les parents miniaturisés renvoie à un épisode de leur vie commune ou bien à leur relation avec leur fille Rose. C'est comme ça que Cody et May se retrouvent à affronter un vieil aspirateur énervé d'avoir été remisé au placard faute d'avoir été réparée par l'ingénieure de mère. Une séquence dans le vieil arbre du jardin rappelle à Cody qu'il devait se débarrasser d'un nid de guêpes : trop tard, il va désormais falloir les affronter.

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Avec May la mère forte-tête et Cody le papa cool, deux héros qui se tirent la bourre, les scénaristes de Hazelight ont réussi un miracle : esquisser un couple à la fois unique et universel, symbolique et réaliste. Au fur et à mesure de la progression, des disputes et des éclats de rire inattendus, la relation passée et présente du couple se tisse avec une finesse qui n'a rien à envier aux derniers films Pixar. Enfantine en apparence mais terriblement mature en son for intérieur, l'histoire d'It Takes Two fait passer les joueurs par toutes les émotions, tour à tour mélancolique, pince-sans-rire et touchante. 

Un jeu aussi beau qu'un souvenir

Chaque niveau correspond à un endroit précis de la maison. Là où un réalisme poussé aurait impressionné en donnant un effet "waouh", les développeurs ont préféré apporté un soupçon de féérie en modelant chaque lieu pour en faire un monde fantastique, avec du relief, des couloirs, des plateaux et des zones d'exploration. Un tronc se transforme ainsi en base militaire pour écureuils surarmés. Le jouet kaléidoscope bien connu des enfants devient un passage abstrait où l'on perd ses repères. Il y a, sans exagérer, une surprise à chaque tournant et on a sans cesse hâte de découvrir la suivante.

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Avec cette exploration au ras du sol, les références à des classiques du cinéma comme Chéri, j'ai rétréci les gosses et Toy Story sont évidentes. Et It Takes Two n'a rien à envier à la créativité folle du premier ni à la justesse émotionnelle du second. L'univers riche, coloré et fourmillant du jeu est également servi par des graphismes de haut vol. Là encore, Hazelight n'a pas visé la précision millimétrée. Le studio a préféré donné à chaque objet et chaque personnage la forme et les couleurs qu'un enfant leur donnerait s'il devait les dessiner. Et cela donne un jeu aussi beau qu'un souvenir. 

Le pari réussi de la simplicité 

La dernière couche qui complète l'alchimie presque parfaite d'It Takes Two est sa jouabilité très accessible. Alors que la plupart des jeux de plateformes/puzzles, comme l'excellent Little Nightmares 2, misent sur une difficulté exacerbée, le jeu de Hazelight fait le pari de la facilité. Les premiers niveaux sont aussi instinctifs que simples, une surprise qui permet d'entrer immédiatement dans le jeu sans frustration. Les joueurs aguerris regretteront peut-être le manque de challenge. Mais certaines séquences demandent tout de même doigté et synchronisation.

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Reste que la facilité était la bonne carte à jouer puisqu'elle permet de profiter pleinement de tout ce qu'a à offrir le titre. Chaque niveau apporte des mécaniques de jeu différentes et nous transporte dans un univers fantastique. Aussi beau qu'ingénieux, It Takes Two offre une aventure exaltante et émouvante qui donne la pêche. Riche, brillant, malin : ce jeu vidéo feel-good a tous les arguments pour nous transporter loin des tracas du quotidien.