théâtre. 9:03
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Manon Fossat
Le monde de la culture en sait enfin un peu plus sur son avenir. Dès le 19 mai, cinémas, théâtres et musées pourront rouvrir leurs portes dans le cadre de la deuxième étape du déconfinement progressif entamé par la France. Mais entre jauge limitée et couvre-feu, de nombreuses interrogations demeurent et certains ne pourront toujours pas accueillir de spectateurs dans deux semaines.

Le rideau va enfin se lever après de longs mois dans le noir du fait de la crise sanitaire. Le calendrier de déconfinement de la culture a en enfin été précisé par Emmanuel Macron. Dès le 19 mai prochain, les musées, cinémas, théâtres et autres lieux de culture pourront donc de nouveau accueillir du public, avec une jauge limitée. A cette date, 800 spectateurs assis pourront être accueillis en intérieur, et 1.000 à l'extérieur. Et dès le 9 juin, troisième étape du déconfinement, les établissements du monde de la culture pourront accueillir jusqu'à 5.000 personnes, à condition de posséder un pass sanitaire.

Pour les professionnels du secteur, l'impatience se fait sentir. "L'attente est longue et l'envie du retour est très fort. Les gens ont des fourmis dans les jambes et sont impatients de rallumer la lumière, de rouvrir la porte, de ressentir ce stress, cette angoisse de jouer sur scène et de partager surtout ces émotions fortes avec le public", assure Laurent Bentata, directeur du théâtre Mogador à Paris, invité d'Europe Matin mardi. 

"La jauge à 35%, ce n'est pas viable"

"Ça a été très dur de comprendre pourquoi on pouvait se mouvoir dans les transports en commun les uns à côté des autres et pas dans nos théâtres, malgré tous les systèmes de ventilation que l'on a. Donc on a eu ce sentiment d'être un peu en décalage avec une réalité qui n'était vraiment pas celle que l'on aurait dû mettre en place. Et c'est dommage que l'on n'ait pas eu ces perspectives plus tôt", regrette malgré tout le directeur général de Stage Entertainment.

Dans deux semaines, une partie des spectateurs pourront donc réinvestir les salles. Mais cette bonne nouvelle ne concerne malheureusement pas tout le monde. Car pour Laurent Bentata, impossible par exemple d'envisager une réouverture du théâtre Mogador. "Avec la jauge à 35% de la capacité, ça fait à peu près entre 500 et 800 personnes sur les 2.600 que l'on peut recevoir. Donc nous ne pourrons pas rouvrir, comme une majorité de théâtres privés. Ce n'est pas viable" économiquement, reconnaît-il. 

"Beaucoup d'incertitudes"

Autre point noir, le couvre-feu, qui sera alors instauré à 21 heures, et qui rend les représentations très compliquées à mettre en place. "C'est une mission impossible, alors on a demandé l'horodatage. C'est-à-dire la possibilité d'avoir une certaine tolérance pour les spectateurs qui viennent chez nous avec leurs billets de spectacle, pour qu'ils puissent rentrer chez eux ensuite. On attend des réponses et on a encore beaucoup trop d'incertitudes malgré cette joie qui est la nôtre", tempère encore Laurent Bentata.

Quant au pass sanitaire qui devrait être en vigueur à partir du 9 juin avec l'augmentation de la jauge, le directeur du théâtre Mogador s'y dit favorable sur le principe. "Si c'est la condition sine qua non pour revivre, alors d'accord. Mais il faudra que la vaccination se soit développée à un plus grand nombre, et que ça ne laisse personne sur le bord de la route".

QUID DE LA COMEDIE MUSICALE "LE ROI LION" ?

La prochaine comédie musicale que doit accueillir le théâtre Mogador est celle du Roi Lion, dont les représentations devraient débuter en septembre. Un casse-tête là aussi pour les organisateurs, alors que 190 personnes doivent pouvoir être accueillies début juillet pour les répétitions. "Ça va arriver très vite et il faudrait optimiser les vaccinations afin de donner la priorité aux artistes. Cette population n'a pas de masque quand elle répète et qu'elle joue, donc il faut qu'on lui donne la possibilité d'être vaccinée au plus tôt", a appelé Laurent Bentata. 

Autre inconnue autour de ce spectacle pour le directeur du théâtre, la venue de huit Sud-Africains qui font partie de la troupe et sont attendus dans quelques mois. "Est-ce qu'ils pourront voyager d'ici là ?, s'interroge-t-il. On y travaille mais on a peu de réponses".