Cinéma : pourquoi les dessins animés Disney ressortent-ils en films ?

"Maléfique", "Cendrillon", "Le Livre de la jungle" et "La Belle et la Bête", récentes adaptations Disney.
"Maléfique", "Cendrillon", "Le Livre de la jungle" et "La Belle et la Bête", récentes adaptations Disney. © Allociné / Walt Disney Pictures
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Aurélie Dupuy , modifié à
DECRYPTAGE - Au rythme d'un an par an environ, les classiques de Disney ressortent en salles dans de nouvelles versions en prises de vue réelles. Europe 1 vous explique les raisons de ce phénomène.

Alice au pays des Merveilles, Maléfique, Cendrillon, Le livre de la jungle... Comme elle a pu le faire après avoir racheté la franchise Star Wars, la compagnie Disney multiplie les sorties, au gré d'un film par an environ, en puisant dans le vivier de ses anciens films d'animation. La Belle et la Bête, le dernier en date, sort sur les écrans le 22 mars. Un bon filon commercial ? Certes, mais ce n'est pas la seule raison. Les avancées technologiques et l'envie d'approfondir le sujet original sont également à prendre en compte.

Une opportunité commerciale. Ces nouvelles versions bénéficient de bases solides : "elle s'appuient sur le succès des versions précédentes, indique Pierre Lambert, auteur de livres consacrés aux dessins animés et en particulier aux grands films de Walt Disney. Lorsque l'on reprend un dessin animé qui a eu du succès, les gens vont avoir la curiosité d'aller voir le nouveau film même s'ils connaissent l'original par cœur". Le spécialiste évoque même un certain effet "d'attente" des fans, d'autant qu'avec le temps, les dessins animés gagnent le titre de classiques. C'est ce qui s'est passé pour Alice au pays des merveilles qui avait été un relatif échec commercial à sa sortie en 1951. Ce qui n'a pas empêché le film réalisé en 2010 par Tim Burton de conquérir 4,37 millions de spectateurs en France et de générer plus de 333 millions de dollars de recettes au box-office américain.

Des techniques novatrices. Au-delà de cet aspect commercial indéniable s'ajoute un facteur technique. Si ces films sortent en prise de vues réelle maintenant, c'est pour la simple raison qu'il est est désormais possible de le faire. "Le cinéma évolue vers plus d’effets spéciaux, de 3D, de numérique" pour des résultats que l'on ne pouvait pas obtenir il y "dix ou encore cinq ans", souligne Pierre Lambert. La version récente du Livre de la jungle en a été l'illustration, "avec des animaux très réalistes créés en images de synthèse". Le visuel des loups est ainsi spectaculaire, comme devrait l'être ceux des animaux d'un nouveau Roi Lion hyper réaliste, en cours de production. Cette combinaison de technologies permet d'entrer "davantage dans le film et de se sentir plus immergé" dans l'histoire que dans un dessin animé. Si la technique est enfin au point, l'envie n'est pas nouvelle. L'auteur qui travaille sur une exposition sur les 40 ans de la mort de René Goscinny explique que le célèbre scénariste d'Astérix rêvait d'adapter la BD Iznogoud avec de Funès mais que le projet n'avait pu aboutir, faute de ressources techniques. "Aujourd'hui, ils l'auraient fait à coup sûr."

Une nouvelle dimension. Si certains films restent très fidèles à leur original, d'autres permettent de faire découvrir une nouvelle dimension à l'oeuvre des studios. Cela a été le cas avec Le livre de la jungle de Jon Favreau (qui a rapporté plus de 965 millions de dollars à travers le monde). La version moderne apparaît "beaucoup plus proche du roman de Rudyard Kipling que du dessin animé de Walt Disney et c'est là que c'est intéressant", estime le spécialiste. Cette prise de vue "complètement différente" est poussée encore plus loin dans le film Maléfique, qui prend le conte de fées de La Belle au bois dormant à rebours pour expliquer la trajectoire de celle qui était considérée comme la méchante. Il est ici presque impossible de parler de "simple" remake.

Mais Disney n'abandonne pas l'animation. En jouant la carte des ressorties, Walt Disney fait coup double, en s'adressant au "même public", que le dessin animé, c'est-à-dire aussi bien aux enfants qu'à leurs parents qui avaient pu être les spectateurs des premières versions. Cet aspect tout public est à nuancer toutefois en fonction de la fidélité plus ou moins évidente aux dessins animés. Le livre de la jungle version 2016 était ainsi plus sombre, plus "adulte" que le film d'animation. Mais n'allez pas croire que Disney se focalise désormais sur les films en se reposant sur son passé. Les films "sont complémentaires parce que Disney n'arrête pas l'animation." Preuve en est l'immense succès de La Reine des neiges ou la récente sortie de Vaiana, la légende du bout du monde, qui a atteint des sommets au box-office.