Le comédien et metteur en scène Robert Hossein, né Abraham Hosseinoff, est mort jeudi 31 décembre, à l’âge de 93 ans. Selon son épouse, l'actrice Candice Patou, il est décédé à l’hôpital des suites d’un "problème respiratoire". En 2007, il confiait ses pensées sur sa vie au micro d’Isabelle Morizet sur Europe 1.
"Vivons !"
Être éternel ? Il n’en n’avait "rien à foutre". Robert Hossein n’avait qu’un conseil à donner en 2007 : "Vivons !". Au micro d’Isabelle Morizet, il expliquait que sa femme "l’avait bien remis à [sa] place". Elle lui a dit, d’après lui : "Tu te crèves le cul à faire des tas de trucs, tu penses qu’il restera quelque chose ? Que dalle ! Peut-être que, si je mets sur ta tombe le buste de Joffrey de Peyrac avec la cicatrice, une gamine passera déposer une rose, mais c'est tout".
Et pourtant, après son interprétation de Joffrey de Peyrac dans Angélique, marquise des anges, dans les années 1960, les succès s’enchaînent. Il développe le "théâtre comme vous n’en verrez qu’au cinéma", avec des superproductions qui attirent des centaines de milliers de spectateurs. Une manière pour ce défenseur de l’Art dramatique de le démocratiser. Il met ainsi en scène Un homme nommé Jésus, Le Cuirassé Potemkine ou encore Danton et Robespierre. En parallèle, il enchaîne les rôles au cinéma.
"On n’est jamais sûrs de rien"
De sa grande carrière, il ne regrettait rien. "Je referais les mêmes choix sur l’amitié, par rapport à la fidélité", affirmait-t-il, d’un air convaincu, il y a 13 ans. En amitié, il n’était pas dupe : il savait que, dans le show-biz, les relations sont parfois intéressées. En 1974, Robert Hossein est victime d’un accident de voiture. S’il échappe à la mort, ce n’est pas le cas de sa compagne de l’époque, Michèle Watrin. "Quand j’ai eu mon accident, des gens que je ne connaissais pas sont venus me voir. Ils m’ont bouleversé", raconte-t-il," mais il y a aussi beaucoup de gens connus, des amis, qui sont venus avec beaucoup de retard ou qui ont même oublié de venir".
Il se relève de cette épreuve notamment avec l’aide du public. "Il y a des millions d’amis que l’on ne connait pas, qui s’appellent les spectateurs. À ce moment-là, on se dit que l’on n’est pas orphelin, que l’on n’est pas seul", disait-il sur Europe 1. "On n’est jamais sûrs de rien. On respecte même les fragilités, les contradictions, les remises en question. Mais quand on arrive à mon âge, les gars, il faut avoir fait un choix, il ne faut pas croire qu’on est éternel", lançait-il à Isabelle Morizet. Robert Hossein, lui, avait probablement réussi à tisser son bonheur en vivant pour le théâtre.