Alain Finkielkraut : "Je suis le même avec l’habit d’académicien que celui que j’étais avant"

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Europe 1
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Le philosophe, reçu jeudi à l’Académie française, était l’invité de David Abiker, samedi, dans "C’est arrivé cette semaine". 

"La République, une et indivisible, c'est notre royaume de France". Cette phrase de Charles Péguy, Alain Finkielkraut l'a choisie pour orner son épée d'Immortel. Invité de David Abiker, samedi matin, dans C’est arrivé cette semaineAlain Finkielkraut a évoqué son arrivée sous la Coupole et son combat intellectuel. Dans son discours d’intronisation à l’Académie française, le philosophe, auteur notamment de La défaite de la pensée, a dressé, comme il est coutume de le faire, l’éloge de son prédécesseur, l’écrivain Félicien Marceau, au siège n°21. 

Son entrée sous la Coupole peut-elle le changer ? "Je suis le même avec l’habit d’académicien que celui que j’étais avant de le porter", a déclaré celui qui a fait son entrée jeudi à l’Académie française, devant les Immortels au complet et le Premier ministre, Manuel Valls. "Je continuerai à réfléchir, à tenter d’élucider mon époque", a affirmé l’intellectuel français, fidèle à sa pensée, et rejetant l’idée que l’Académie française puisse le "contraindre à [l’]assagir".

Celui à qui l’on reproche en substance le discours du "c’était mieux avant", s'est défendu : "J’essaie de penser le présent et, plus précisément encore, de rendre le présent présent à lui-même". Pour le philosophe, notre époque vit aujourd’hui "sous la loi de l’analogie" permanente avec les années 1930. Aujourd'hui, "les musulmans sont les nouveaux juifs. Les juifs étaient les boucs-émissaires dans les années 30, les nouveaux boucs-émissaires sont les musulmans".

La comparaison avec les années 30 "totalement fausse". Une analogie "totalement fausse", a estimé Alain Finkielkraut qui conduit à faire l'impasse sur "un antisémitisme islamiste que l'on voit tous les jours". "J’essaie de dénoncer cette analogie et c’est cela qui me vaut d’être qualifié de réactionnaire", a-t-il poursuivi, faisant notamment référence à la sortie du député PS Pascal Cherki à son sujet. Vendredi, l'élu socialiste a déclaré : Si "Finkielkraut n'était pas juif, il serait l'un des porte-paroles du FN". 

Sur le langage des politiques. Interrogé par ailleurs sur le maniement de la langue française par les politiques, le philosophe s’est exprimé au sujet de Christiane Taubira, qui a démissionné mercredi de son poste de garde des Sceaux. "J’ai apprécié son éloquence au moment de son discours sur le mariage pour tous, et certains de ses adversaires aussi".

Mais "je sais qu’elle a usé quatre directeurs de cabinet, ce qui veut dire qu’elle était très brouillonne", a-t-il tempéré, avant d'ajouter : "On ne peut pas juger simplement un ministre à sa rhétorique". Pour preuve, le cas de Jean-Marie Le Pen qui "emploie avec une grande virtuosité l'imparfait du subjonctif et le latin", a indiqué Alain Finkielkraut. "Tout le monde est sensible à la qualité de sa langue, mais est-ce pour autant qu’il faut baisser la garde ?" 

>> Retrouvez tous les samedis matin, de 9 à 10 heures, l’émission de David Abiker, "C’est arrivé cette semaine".