Contrairement à certains parents inquiets pour des raisons sanitaires, Mathias de Breyne évoque des raisons symboliques et psychologiques. (illustration) 1:38
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Séverine Mermilliod
Alors que les écoliers et collégiens vont retourner obligatoirement en classe lundi, Mathias de Breyne, auteur et père d'un enfant de sept ans, refuse de l'y renvoyer. Pour lui, le gouvernement a fait preuve d'autoritarisme et il regrette que les parents soient considérés comme "des enfants."
INTERVIEW

Avec l'allègement du protocole sanitaire annoncé cette semaine par Jean-Michel Blanquer, tous les enfants de primaire et collège sont attendus en classe lundi. Mais Mathias de Breyne, papa et auteur de Les nouveaux papas, engagez-vous pleinement dans votre paternité, refuse de renvoyer son fils de 7 ans sur les bancs de l'école. Contrairement à certains parents inquiets pour des raisons sanitaires, lui évoque des raisons "principalement symboliques et psychologiques" et estime sur Europe 1 dimanche que le gouvernement a été "autoritaire" en infantilisant les parents.

Infantilisation et source d'angoisse

"Ce ne sont pas les règles sanitaires qui me dérangent le plus", constate Mathias de Breyne. "Le gouvernement a voulu faire preuve d’autorité, et pour moi le retour aurait dû être sur la base du volontariat. J’estime qu’on prend les parents pour des enfants", s'indigne-t-il.

Symboliquement, cela lui pose aussi problème : "On a dit à mon fils que la rentrée aurait lieu en septembre", rappelle le papa. "Les adultes passent leurs journées à demander aux enfants de respecter ce qu’on leur dit de faire, et là on ne respecte pas ce qu’on leur a dit".

Ensuite, il estime que ce nouveau changement est une "source d’angoisse pour les enfants qui ont déjà dû s’adapter" au confinement, alors même que l'une des raisons invoquées pour le retour en classe, à savoir le manque de lien social, est selon lui une fausse idée. "Le lien social existe toujours", dit-il, avec les autres enfants dans le village où ils habitent.

"C'est absurde"

"Ce qui est compliqué pour les parents, c’est qu’on est passé, à 15 jours de la fin de l’année scolaire, à un changement de consignes", confirme Céline Sierran directrice d'une école élémentaire à Nantes. Selon elle, "si la reprise avait été obligatoire dès le 11 mai, les choses auraient été différentes". Elle considère toutefois à l'inverse du papa qu'il est "important que tous les enfants reviennent à l’école", bien qu'elle comprenne le désarroi les familles, "pour contrer les inégalités, et surtout pour qu'ils "puissent dire au revoir à leur enseignant, à leurs camarades, pour clore cette année très difficile pour tout le monde".

Mathias de Breyne estime malgré tout que la demande du gouvernement n'est pas logique, pour deux semaines seulement d'école, "sachant qu’en réalité il reste 4 jours". Selon lui, "c’est là aussi que c’est absurde : souvent les parents ne mettent pas les enfants à l’école la dernière semaine de cours, et souvent on ne travaille pas - on le voit chaque année." Le père se dit finalement "pour une réinvention totale de l’école française", sur les modèles scandinaves.