Rouvrir parcs et jardins ? "Le moment est trop critique", jugent les épidémiologistes

"Les parcs et jardins, c'est un environnement ludique où il est parfois difficile de garder la distance", affirme l'infectiologue Anne-Claude Crémieux.
"Les parcs et jardins, c'est un environnement ludique où il est parfois difficile de garder la distance", affirme l'infectiologue Anne-Claude Crémieux. © ERIC PIERMONT / AFP
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Eve Roger, édité par Pauline Rouquette , modifié à
Alors que plusieurs élus ont demandé la réouverture des parcs et jardins, les épidémiologistes mettent en garde : une telle décision pourrait mener à la création de nouveaux foyers infectieux.

Quatre jours après le début du déconfinement, certains élus, comme la maire de Paris, Anne Hidalgo, réclament la réouverture des parcs et jardins. Pour l'instant, le gouvernement freine des quatre fers, mais des dérogations ont tout de même été accordées, comme pour le parc de la Citadelle, à Lille, ouvert depuis lundi, et le parc Georges-Valbon (Seine-Saint-Denis), qui rouvre jeudi à titre de test.

Le ministre de la Santé, Olivier Véran, se montre réticent à l'idée de rouvrir ces lieux, redoutant des rassemblements importants et une potentielle transmission. Une position partagée par certains épidémiologistes qui appuient des deux pieds sur la pédale de frein.

"C'est comme ça que l'on crée des foyers infectieux"

"Le moment est trop critique", estime la virologue Christine Rouzioux. Selon elle, ouvrir les parcs et jardins, c'est donner l'occasion aux jeunes gens de se réunir, de se voir entre copains. "C'est trop tentant, ils n'y résisteront pas...", dit-elle, ajoutant que "c'est précisément comme ça que l'on crée des foyers infectieux". Un risque à éviter à tout prix, en particulier en Île de France où le virus circule beaucoup.

L'infectiologue Anne-Claude Crémieux est du même avis. "Les parcs et jardins, c'est un environnement ludique où il est parfois difficile de garder la distance". Mais pourquoi ne pas les rouvrir, dit-elle, en y rendant le port du masque obligatoire ? Ce masque qui rappelle à ceux qui l'auraient oublié que le Covid-19 est bel et bien encore là.

De son côté, l'infectiologue François Bricaire appelle à la patience. "Il vaut mieux attendre encore deux ou trois semaines", dit-il, rappelant non sans malice que le bois de Boulogne et le bois de Vincennes sont, eux, à nouveau accessibles depuis lundi.