Anne Hidalgo compte bien obtenir l'ouverture de certains parcs et jardins parisiens. (Photo d'illustration) 3:00
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Elise Denjean, édité par Ugo Pascolo
Masque recommandé voire obligatoire, interdiction des activités "statiques"... Anne Hidalgo a présenté mardi un protocole sanitaire pour obtenir auprès du gouvernement la réouverture de certains parcs et jardins de la capitale. Si Olivier Véran s'y est fermement opposé, l'édile compte bien obtenir gain de cause. 

Anne Hidalgo n'en démord pas. Alors que Paris est une zone rouge sur la carte de déconfinement du gouvernement, la maire souhaite tout de même rouvrir quelque 170 parcs et jardins, sur les 400 que compte la capitale. Si le ministre de la Santé Olivier Véran s'est immédiatement opposé à cette mesure, l'édile compte bien obtenir gain de cause et a proposé un protocole sanitaire pour tenter de faire plier les autorités. "On va essayer de trouver un chemin pour convaincre le gouvernement qu'il s'agit d'une bonne idée sur le plan sanitaire", confirme ce mercredi au micro d'Europe 1 Emmanuel Grégoire, adjoint à la mairie de Paris.

"Des conditions strictes de fonctionnement"

"On a les mêmes objectifs que le gouvernement, c'est-à-dire accompagner la stratégie de déconfinement sans prendre aucun risque sanitaire", insiste-t-il. "Nous pensons que l'ouverture des parcs et jardins permettrait de desserrer la pression sur la fréquentation de l'espace public, mais à des conditions strictes de fonctionnement qu'on est prêt à assumer et à contrôler." Un protocole sanitaire qui comprend "le port du masque recommandé" voire "obligatoire", et une interdiction des "activités statiques", comme la "bronzette au soleil" et les "pique-niques". Ultime mesure, la mairie de Paris prévoit dans son protocole de mobiliser des agents municipaux pour faire respecter ces règles, et procéder à des dispersions pédagogiques si nécessaire. 

Une idée qui séduit les Parisiens, mais des interrogations demeurent

En attendant la fin du bras de fer qui s'est engagé entre la Capitale et le gouvernement sur ce sujet, les Parisiens accueillent l'idée de pouvoir réinvestir, le temps d'une balade, certains espaces verts avec le sourire. "Il y en a marre de traîner comme ça autour des places pleins de monde", lâche ainsi une parisienne au micro d'Europe 1. "On se balade tous les jours autour des parcs, donc ce serait mieux et plus sécurisant d'être à l'intérieur", avance de son côté un autre habitant. 

Si l'idée est séduisante, dans la pratique, l'application des mesures sanitaires interroge. "À moins de faire un parcours comme dans un Ikea avec une distance de sécurité et en étant les uns derrière les autres, je ne vois pas trop comment on va respecter les consignes", pointe un Parisien.

Le "niet" d'Olivier Véran....

Éviter les attroupements et maintenir coûte que coûte la distanciation physique, sont d'ailleurs deux arguments utilisés mardi par le ministre de la Santé Olivier Véran pour motiver son refus à Anne Hidalgo. "Ça peut être extrêmement tentant par le soleil que nous avons aujourd'hui que les gens se regroupent trop, s'amassent trop, qu'ils ne respectent pas les groupes de dix et qu'ils ne puissent pas respecter les conditions des gestes barrières", a-t-il expliqué. 

... et le mauvais exemple des berges du canal Saint-Martin 

Et l'exemple donné par les Parisiens lundi sur le long du canal Saint-Martin n'a pas dû jouer en la faveur d'une réouverture d'une partie des parcs et jardins parisiens. Des dizaines de personnes y étaient rassemblées pour profiter de la première soirée de déconfinement, faisant fi des distanciations sociales. Les forces de l'ordre avaient dû intervenir pour les déloger, tandis que le préfet de police Didier Lallement a interdit la consommation d'alcool "sur l’ensemble du linéaire des voies sur berges dans la capitale" dès le lendemain.

De son côté, la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye a jugé mercredi, à l'issue du Conseil des ministres, "inopportune une réouverture, compte tenu de la vivacité de la circulation du virus à Paris et en région Île-de-France".