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Pauline Rouquette
En première ligne dans cette crise sanitaire liée au coronavirus, soignants, forces de l'ordre et caissiers manquent de masque pour se protéger. Pour pallier la pénurie, des petites mains, fédérées via un groupe Facebook se mobilisent pour coudre des masques et leur distribuer. Raphaëlle Mat, à l'origine de cette initiative, était l'invitée d'Europe 1, samedi.
INTERVIEW

"J'ai fédéré toute une petite armée de couturières résistantes", se félicite Raphaëlle Mat. Contactée par Europe 1, samedi, cette assistance maternelle et fondatrice des Couturières solidaires, a expliqué comment son idée de coudre des masques de protection à destination des plus exposés au coronavirus a tourné à l'élan de solidarité national.

Ce sont des masques alternatifs, dont la fabrication et le port sont désormais encouragés, notamment par le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon. Alternatifs car ni chirurgicaux, ni FFP2. Des masques faits en tissu selon un modèle bien particulier que les couturières cousent sans relâche pour pallier la pénurie dont sont principalement victimes les professionnels de santé.

"J'ai vu la montagne de demandes qui allait arriver"

Jusqu'ici, le modèle à suivre pour coudre ces masques était celui partagé par le CHU de Grenoble. "Maintenant on est sur la norme Afnor qui valide les masques artisanaux", explique Raphaëlle Mat, en référence à l'Association française de normalisation, organisation représentant notamment la France auprès de l'Organisation internationale de normalisation (ISO). "On a suivi le mouvement et on s'est adapté à cette nouvelle norme", ajoute-t-elle.

"On", c'est toute une équipe de couturières, professionnelles ou amatrices, fédérées à travers toute la France par Raphaëlle Mat via une page Facebook. "Ça m'est venu parce que j'ai vu la montagne de demandes qui allait arriver, et la petite colline de couturières que nous étions, nous", raconte-t-elle. "Je me suis dit qu'il fallait que cette colline grossisse".

"On a besoin de couturières... et de tissu"

Depuis trois semaines, ces couturières (et quelques couturiers) cousent 15 à 17 heures par jour dans l'ombre, explique l'assistante maternelle à l'origine de l'initiative. Les masques confectionnés sont distribués aux pompiers, aux forces de l'ordre, aux cabinets d'infirmiers, aux hôpitaux, aux médecins généralistes, aux caissiers des supermarchés, aux Ehpad, aux auxiliaires de vie... "Tout le monde en a besoin", insiste Raphaëlle Mat, évoquant un projet qui génère "beaucoup d'affection et d'amour entre les personne qui vont porter les masques et ceux qui les créent".

Bien que déjà nombreuses, de nouvelles couturières ne seraient pas de trop au regard des besoins colossaux en équipements de protection auxquels font face les acteurs en première ligne dans cette crise sanitaire. "On a besoin de couturières prêtes à utiliser leur machine à coudre comme arme de résistance massive", abonde Raphaëlle Mat, qui en appelle également aux préfets, aux maires et aux magasins de tissus pour débloquer des budgets. "On n'a plus de tissu", alerte-t-elle. "Ça fait trois semaines que l'on coud jour et nuit, on a besoin d'aide."