baccalauréat 4:11
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Pauline Rouquette , modifié à
Suite aux mesures mises en place pour faire face au coronavirus, le ministre de l'Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a annoncé vendredi une évaluation à 100% via le contrôle continu pour le baccalauréat 2020. Une décision inédite parfois déroutante pour les lycéens, mais la meilleure option, selon le vice-président de la FCPE.

La décision est tombée, il n'y aura pas d'épreuves de bac et de brevet cette année. Compte tenu des mesures de confinement mises en place pour lutter contre la pandémie de coronavirus, le ministre de l'Éducation, Jean-Michel Blanquer a annoncé vendredi que l'évaluation se fera à 100% via le contrôle continu. Seules compteront les notes des trois trimestres de cette année, à l'exception de celles obtenues pendant la période de confinement. Une situation "inédite et historique", selon Claude Lelièvre, historien de l'Education contacté par Europe 1. "Ça n’a jamais eu lieu. Même en juin 1944, même en juin 1968".

Des lycéens rassurés, d'autres "dans le flou"

Avec la prise en compte du contrôle continu comme seule condition pour obtenir ou non le précieux sésame, la plupart des lycéens sont d'ores et déjà fixés sur leurs chances de réussite. "Je suis soulagée parce que ça prouve le niveau général", réagit une élève après les annonces de Jean-Michel Blanquer. "Je sais que j’aurai mon bac parce que j’ai 17 de moyenne, donc je sais déjà quelle mention", poursuit-elle.

Pour d'autres, le bac en contrôle continu leur ôte l'ultime espoir qu'ils avaient de se rattraper après une année difficile. "Ça me fait très peur parce que mes notes n’ont pas été géniales à cause de soucis de santé et familiaux", explique une autre lycéenne au micro d'Europe 1. "Ça m’inquiète", confie-t-elle. "Je suis dans le flou, et totalement déçue."

Pour laisser sa chance à chacun, Jean-Michel Blanquer a précisé qu'un jury sera chargé d'examiner le livret scolaire de chaque candidat en tenant compte de l’assiduité jusqu'à la fin de l’année, condition sine qua non pour obtenir son bac. Des épreuves de rattrapage, quant à elles, seront maintenues pour les élèves dont la moyenne générale oscille entre 8 et 10.

"Des points d'ombre", notamment sur les E3C

"C'est la solution que nous préconisions depuis le début", s'est quant à lui réjoui Rodrigo Arenas, vice-président de la Fédération des conseils de parents d'élèves (FCPE). Néanmoins, il reste selon lui "des points d'ombre ou de désaccord", notamment sur la prise en compte, ou non, des E3C ("épreuves communes de contrôle continu" intégrées via la réforme du baccalauréat et du lycée).

"Ce n’est pas raisonnable de faire de cet examen quelque chose qui soit intégrable comme si tout s’était bien passé". En effet, alors que les trois sessions de partiels sont censées compter pour 30% du nouveau bac, la première série des épreuves en janvier, avaient été perturbées voire bloquées par des opposants à la réforme.

"Rebâtir l'école dans son ensemble"

Pour Rodrigo Arenas, les réactions mitigées des lycéens face à leur bac 100% contrôle continu "montre que l'école n'est pas faite pour les élèves ayant rencontré des fragilités permanentes ou conjoncturelles". "Ce sera l'occasion d'inverser la grammaire de l'école et de se mettre à la place des plus fragiles", espère-t-il.

"Plutôt que de mettre la pression en disant aux élèves que la vie doit reprendre, il faudra au contraire mettre en place un lien de reconstruction entre les élèves et les enseignants qui ont, eux aussi, besoin de faire le point et de se remettre dans des conditions normales", ajoute le parent d'élèves.

"Il faudra rebâtir l'école dans son ensemble", achève le vice-président de la FCPE, estimant que la pression reposera désormais sur l'enseignement supérieur "qui va devoir prendre en charge des élèves qui arriveront avec des lacunes académiques."