Les opposants à la réforme des retraites sont à nouveau attendus dans les rues ce mercredi, comme ici à Marseille. 3:19
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avec AFP , modifié à
Pour la huitième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, la CGT revendique 1,7 million de personnes dans la rue partout en France, tandis que le ministère de l'Intérieur estime que 480.000 ont battu le pavé. En début d'après-midi, la commission mixte paritaire a par ailleurs validé le report de l'âge légal de départ à 64 ans.

À 24 heures du vote final du Parlement sur la réforme des retraites, la commission mixte paritaire a validé le report de l'âge légal à 64 ans, principale mesure de ce texte de loi. Les opposants au projet eux battent à nouveau le pavé ce mercredi partout en France. Selon les informations d'Europe 1, les policiers et gendarmes attendaient entre 650.000 et 850.000 manifestants dans tout le pays pour cette huitième journée de contestation. Selon la CGT, 1,7 million de personnes ont répondu à l'appel à manifester partout en France, alors que le ministère de l'Intérieur en a décompté 480.000.

Les principales informations

  • 1,7 million de manifestants en France selon la CGT, 480.000 selon le ministère de l'Intérieur
  • 37.000 manifestants à Paris selon la préfecture de police, 450.000 selon la CGT
  • La commission paritaire mixte a validé le report de l'âge légal à 64 ans 
  • 27,4% de grévistes chez EDF sur la journée de mercredi, contre 47,65% le 7 mars
  • 15% de grévistes à midi à la SNCF

L'intersyndicale appelle les parlementaires à voter contre le projet de loi

L'intersyndicale "appelle solennellement les parlementaires à voter contre le projet de loi" réformant les retraites, a-t-elle fait savoir mercredi, au soir d'une huitième journée d'action contre la réforme et à la veille de l'épilogue programmé au Parlement. "Ce refus serait (...) conforme à la volonté générale qui s'est exprimée largement dans le débat public", a-t-elle affirmé.

Les numéros un des huit principaux syndicats français tiendront une conférence de presse devant l'Assemblée nationale jeudi à 12h30 pour tenter de peser une ultime fois sur le vote, ont-ils confirmé dans un communiqué, lu au siège du Snuipp-FSU par Benoît Teste, le secrétaire général de la FSU.

27,4% de grévistes chez EDF sur la journée de mercredi

Un peu plus d'un quart des salariés d'EDF (27,4%) ont cessé le travail mercredi, lors de la huitième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, selon la direction du groupe. Cette participation est en très forte baisse par rapport à la précédente journée de mobilisation en semaine, le 7 mars, lors de laquelle la direction avait fait état de 47,65% de grévistes sur la journée par rapport aux effectifs totaux de l'entreprise.

480.000 manifestants partout en France, selon le ministère de l'Intérieur.

Un total de 480.000 personnes ont défilé mercredi en France, dont 37.000 à Paris, contre la réforme des retraites à l'appel des syndicats, selon un comptage du ministère de l'Intérieur. Pour cette 8e journée de mobilisation, la CGT a dénombré 1,78 million de manifestants. Samedi dernier, 368.000 personnes avaient défilé en France, selon le ministère de l'Intérieur, dont 48.000 à Paris.

1,7 million de manifestants en France selon la CGT

Quelque 1,7 million de manifestants ont défilé en France mercredi contre la réforme des retraites, selon la CGT, pour la huitième journée d'action à l'appel des syndicats, organisée le jour de la commission mixte paritaire au cours de laquelle députés et sénateurs se sont accordés sur un texte commun. C'est davantage que lors de la septième journée, samedi, qui avait vu plus d'un million de personnes défiler, selon la CGT, mais moins que le 7 mars, quand plus de trois millions de personnes s'étaient mobilisées.

37.000 manifestants à Paris selon la préfecture de police, 450.000 selon la CGT

Un total de 37.000 personnes ont manifesté mercredi dans les rues de Paris à l'occasion de la huitième journée de mobilisation contre la réforme des retraites organisée par les syndicats, selon un comptage de la préfecture de police. Samedi dernier, lors de la précédente journée, ils avaient été 48.000 manifestants à battre le pavé parisien, selon la même source. Mais selon la CGT, ils étaient 450.000 à battre le pavé ce mercredi.

Le cortège parisien a défilé entre l'esplanade des Invalides et la place d'Italie, et dans les rangs de la manifestation, malgré des chiffres en baisse, Europe 1 a rencontré des personnes qui entendent poursuivre le mouvement. "Face à la sourde oreille du gouvernement, on reste déterminés, plus que jamais", dit un premier contestataire. "On sera toujours là pour le retrait de réforme", prévient-il.

Toutefois, sur certains visages, la résignation se fait sentir. "C'est la troisième manifestation à laquelle je suis présente, j'ai l'impression que les gens sont toujours autant déterminés. Après, forcément, il y a une fatigue", affirme une manifestante interrogée par Europe 1. Il est donc difficile, à Paris, de prédire la forme que prendra la mobilisation dans les prochains jours. "Je pense qu'il faut continuer à bloquer, il ne faut surtout pas s'arrêter", argue un manifestant, qui salue la mobilisation des éboueurs. "Ce qu'ils font, c'est exceptionnel, indispensable ! Il faut donner aux caisses de grève des éboueurs." De nombreux grvéistes confient effectivement vouloir soutenir certains secteurs stratégiques pour faire ensuite plier le gouvernement.

Une mobilisation en baisse, reconnaît Laurent Berger

Le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger a concédé une baisse de la mobilisation, en ce huitième jour de mobilisation contre le projet de loi. "C'est compliqué parfois de se mobiliser toutes les semaines. Les travailleurs derrière nous perdent leur salaire quand ils viennent manifester. Je pense que ça pèse", analyse-t-il, soulignant toutefois qu'il n'y avait "pas de résignation". "On n'est pas dans la défaite", ajoute-t-il. "Le match n'est pas fini, mais il y a le sentiment que c'est au Parlement que ça se joue maintenant", affirme Laurent Berger.

"Il faut que les parlementaires fassent leur boulot", avance le chef de file de la CFDT, s'appuyant sur le fait que le texte n'ait pas encore été voté. "On dit (aux parlementaires) de ne pas voter cette réforme qui se fait contre le monde du travail et contre l'avis du monde du travail", conclut le syndicaliste.

Le domicile de Bruno Retailleau touché par une coupure de courant

Le domicile vendéen du patron des sénateurs LR Bruno Retailleau a été touché mercredi matin par une coupure volontaire de courant, revendiquée par la CGT, dans le cadre de la contestation du projet de réforme des retraites, a-t-on appris de sources concordantes. "Aujourd'hui notre syndicat a été informé de la mise en sobriété du domicile de Bruno Retailleau", a indiqué dans un communiqué la CGT Energie de Vendée, qui "revendique" cette coupure, laquelle a duré "entre 4 et 5 heures".

"Une coupure de courant ciblée a touché mon domicile et plusieurs autres maisons situées à proximité", a indiqué dans un communiqué de presse diffusé sur Twitter M. Retailleau, à la veille du vote final du texte au Sénat, puis à l'Assemblée, sauf recours au 49.3. Il a évoqué des "actes de malveillance (...) inacceptables" et annoncé avoir déposé plainte. Le gestionnaire du réseau de distribution Enedis, qui porte systématiquement plainte contre ce type d'action, a indiqué à l'AFP que le courant avait été rétabli.

La CMP s'accorde sur une version commune du texte

Députés et sénateurs sont parvenus à un accord mercredi en commission mixte paritaire (CMP), sur une version commune du projet de réforme des retraites, qui devra encore obtenir un vote favorable du Sénat et de l'Assemblée jeudi pour être adoptée, sauf si le gouvernement décide de recourir au 49.3.

Cet accord, obtenu par 10 voix contre 4, était attendu : la commission mixte paritaire réunissant 7 députés et 7 sénateurs étant composée majoritairement de parlementaires favorable au recul de l'âge légal de 62 à 64 ans. Si le projet de loi devrait être voté jeudi matin par le Sénat, qui l'a déjà approuvé en première lecture, son adoption par l'Assemblée reste incertaine.

SNCF : 15% de grévistes à midi, selon une source syndicale

Le taux provisoire de grévistes a approché les 15% mercredi à la mi-journée à la SNCF selon une source syndicale, un chiffre en nette baisse par rapport au 7 mars (39%), lors de la neuvième journée de grève reconductible. Le nombre de grévistes est à peu près équivalent à celui du 16 février, pendant les vacances d'hiver, quand la mobilisation avait atteint un point bas au sein du personnel du groupe public.

Dans le détail, on comptait mercredi 43% de grévistes chez les conducteurs, 23% chez les contrôleurs et 16% chez les aiguilleurs, bien en-deçà des chiffres du 7 mars, toujours selon cette source syndicale. Le trafic restait ainsi perturbé avec 40% de TGV en moins et 60% des TER supprimés.

Fonction publique d'État : le taux de grévistes chute à moins de 3% à la mi-journée

Le taux de grévistes mobilisés mercredi contre la réforme des retraites a chuté à moins de 3% dans la fonction publique d'Etat à la mi-journée, contre près de 25% lors de la grande journée de mobilisation du 7 mars, selon le ministère de la Fonction publique. Dans la fonction publique territoriale (2 millions d'agents, contre 2,5 millions d'agents à l'Etat), le taux de grévistes recule aussi, passant de 11% le 7 mars à 2,2% mercredi. Dans le versant hospitalier (1,2 million d'agents), seuls 4,5% des agents sont en grève mercredi à la mi-journée contre 9,4% le 7 mars.

La CMP valide le report de l'âge légal à 64 ans

La commission mixte paritaire (CMP) réunie ce mercredi à l'Assemblée pour trouver un consensus sur l'ensemble de la réforme des retraites a validé, en début d'après-midi, le report de l'âge légal de départ à 64 ans, selon des sources parlementaires. Cette mesure fait l'objet de contestations dans les manifestations contre le projet de loi.

 

Jean-Luc Mélenchon accuse le gouvernement "d'essayer de rouler tout le monde" à l'Assemblée

Jean-Luc Mélenchon a accusé mercredi le gouvernement "d'essayer de rouler tout le monde" et notamment la droite à l'Assemblée nationale, alors que se déroule une commission mixte paritaire du Parlement sur la réforme des retraites avant le vote jeudi. "Ils essaient de rouler tout le monde en faisant des promesses", "ils sont en train d'entortiller Les Républicains qui sont comme un bagage accompagné", a raillé le chef de file de La France insoumise depuis la manifestation parisienne, organisée dans le cadre de la huitième journée de mobilisation par l'intersyndicale contre le report de l'âge de départ à la retraite à 64 ans.

22,45% de grévistes chez EDF à la mi-journée

Moins d'un quart des salariés d'EDF (22,45%) avaient cessé le travail mercredi à la mi-journée pour la huitième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, selon la direction. Cette participation est en très forte baisse par rapport à la précédente journée de mobilisation en semaine, le 7 mars, lors de laquelle la direction avait fait état de 41,5% de grévistes à la mi-journée par rapport aux effectifs totaux de l'entreprise.

"Ne votez pas cette loi", dit Laurent Berger aux parlementaires

Le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger a adressé mercredi un message aux parlementaires sur la réforme des retraites pour leur dire: "ne votez pas cette loi", à la veille d'un probable vote final. "Je dis aux parlementaires ne votez pas cette loi, elle est déconnectée de la réalité concrète du travail", a déclaré le responsable syndical avant le début de la manifestation parisienne pour la huitième journée de mobilisation. Il a également mis en garde le gouvernement contre un recours au 49.3 pour faire adopter le texte sans vote qui provoquerait "une immense colère", son homologue de la CGT Philippe Martinez estimant que ce serait "le pire du pire".

À Marseille, les manifestants ont l'impression de jouer leur "va-tout"

Dans la cité phocéenne, le cortège s'est élancé vers 11 heures avec un seul objectif : faire reculer le gouvernement sur le sujet de la réforme des retraites. Sur le Vieux-Port de Marseille, le cortège se fait plus bruyant qu'à l'accoutumé, les manifestants ayant l'impression de jouer leur "va-tout" : "C'est déjà là huitième fois que nous sommes là. C'est notre dernier espoir", explique Christian Caminita de la CFTC Bâtiment. "Le but maintenant, c'est que chez les LR, ils ne sont pas tous du même avis. Et donc, il faut mettre la pression sur ceux qui hésitent encore", poursuit-il.

Dans les rangs de la manifestation, pas de résignés, mais une crainte certaine de voir le texte voté, reconnaissent certains au micro d'Europe 1. "S'il passe le texte de loi, je brûle ma carte électorale", lance un gréviste. Et d'ajouter : "Ça ne sert à rien de voter pour des gens qui votent contre nous. Ça ne m'amuse pas de perdre de l'argent (pour venir manifester). Le mois dernier, j'ai perdu 800 euros. Et si le texte passe, j'aurai perdu tout cet argent pour rien", conclut-il. 

Mais pas question d'abandonner : des appels au rassemblement circulent déjà sur les réseaux sociaux en cas de vote du projet de loi par le Parlement. 

Les éboueurs maintiennent leur mouvement

Les éboueurs et agents de propreté de la Ville de Paris ont voté mardi la poursuite de la grève "au moins jusqu'au 20 mars", alors que quelque 7.000 tonnes de déchets s'amoncellent déjà dans les rues de la capitale. Le ministre de l'Intérieur a demandé à la mairie de réquisitionner des éboueurs.

Les secteurs les plus touchés sont les dix arrondissements dont la collecte est assurée par les agents de la mairie. Mais, même dans ceux gérés par des prestataires privés, la collecte est perturbée en raison de l'indisponibilité des trois usines d'incinération : celles d'Ivry-sur-Seine et d'Issy-les-Moulineaux sont bloquées par la grève et celle de Saint-Ouen est en maintenance.

La collecte a également été perturbée mardi à Rennes, Rouen, Saint-Brieuc dans les Côtes-d'Armor, Nantes, ainsi qu'en Seine-Maritime.

Les raffineries marquent le pas

Plusieurs raffineries françaises sont toujours en grève mercredi matin : "dans celles de Donges, La Mède et Fos, le mouvement est reconduit avec arrêt des expéditions", a indiqué à l'AFP Éric Sellini, coordonnateur CGT pour le secteur. "Sur celle de Normandie, les salariés sont toujours en grève mais il y a des expéditions" et à la raffinerie de Petroineos à Lavera, "les salariés ne sont pas grévistes ce matin et les expéditions vont reprendre", a-t-il précisé.

"Le fait que les dépôts d'importation de pétrole brut soient aussi en grève, maillons essentiels puisque c'est par là que passe tout le pétrole brut, cela commence à créer des perturbations sur les raffineries qui fonctionnent encore", a affirmé Éric Sellini, précisant que le dépôt d'importation de brut du Havre "est en grève 8H sur 12, et celui de Fos-sur-Mer depuis hier".

Eric Sellini a ainsi indiqué que la raffinerie de Gravenchon-Port-Jérôme (Esso) "a été arrêtée car le dépôt pétrolier du Havre ne leur envoie plus de brut, donc ils ont été obligés d'arrêter la moitié des installations car ils n'ont plus de pétrole brut à traiter". Le responsable CGT n'a communiqué qu'un seul taux de grévistes, de 100% au dépôt de Flandres. TotalEnergies a compté 42% d'opérateurs du premier quart en grève mercredi, contre 36% la veille. Depuis plusieurs jours, les syndicats du pétrole proposent aux grévistes des raffineries de durcir le mouvement en arrêtant la production, mais ces derniers renâclent à entamer ces opérations techniquement délicates et longues.

Trafic perturbé à la SNCF

A la SNCF, le trafic reste perturbé et la circulation sera mercredi similaire à celle de lundi et mardi, avec notamment 3 TGV Inoui et Ouigo sur 5, 1 Intercités sur 3, aucun train de nuit et 2 TER sur 5 en moyenne nationale et des difficultés en Ile-de-France. Le 7 mars, 80% des TGV avaient été annulés. La RATP prévoit un trafic légèrement perturbé dans le métro parisien et très perturbé dans le RER, globalement bien meilleur que lors des premiers jours de grèves.

Dans les airs, la Direction générale de l'Aviation civile (DGAC) a demandé aux compagnies aériennes d'annuler mercredi 20% de leurs vols à Paris-Orly en raison d'une grève des contrôleurs aériens. Les annulations s'annoncent ainsi moins nombreuses que la semaine dernière, quand elles avaient touché, outre les plateformes parisiennes d'Orly et Roissy, des aéroports en région, et concerné jusqu'à 30% des mouvements d'appareils.

Le port de Marseille à l'arrêt

Alors qu'une opération "port mort" est prévue ce jeudi, les conséquences du mouvement social chez les agents portuaires sont déjà visibles à Marseille où la grève bat son plein depuis trois jours. Résultat, un ferry de la Corsica Linea au départ de la cité phocéenne et à destination d’Alger n’a pas pu amarrer ce mardi matin, laissant de nombreux passagers dans le désarroi.