Coronavirus : avec le confinement, le télétravail est devenu une habitude qui pourrait durer

  • Copié
Ugo Pascolo et Elise Denjean , modifié à
Le premier confinement, en mars 2020, a été l'occasion pour de nombreux Français de faire la connaissance des joies et des affres du télétravail. Un an après, Europe 1 dresse avec Laurent Cappelletti, docteur en sciences de gestion, le bilan de cette pratique qui a chamboulé le monde du travail, et qui pourrait bien devenir une habitude.
DÉCRYPTAGE

C'est l'un des chamboulements de vie qui a accompagné le confinement : le télétravail. Autrefois pratiqué par seulement 3% des salariés en France, le télétravail est entré dans la vie de 40% des salariés depuis mars 2020. Une véritable révolution. Un an après la première mise sous cloche de la France en temps de paix, Europe 1 en dresse le bilan, alors que l'Institut Sapiens et le Cnam (conservatoire nationale des arts et métiers) publient une étude commune sur le sujet.  

Une planche de salut pour l'économie

La première chose à noter sur le télétravail, c'est qu'il a sauvé l'économie. "Si personne n'avait eu recours à cette pratique lors du premier confinement, il n'y aurait pas eu de production, tout simplement", rappelle au micro d'Europe 1 Laurent Cappelletti, docteur en sciences de gestion, professeur au Cnam et auteur de l'étude sur le télétravail. Mais le télétravail a également permis "sous certaines conditions" de voir "des gains de productivité très impressionnants" chez les salariés. Un bond qui s'explique notamment par "l'évitement de réunions inutiles et la diminution drastique du temps de déplacement perturbateur entre le domicile et le travail", rappelle le chercheur. 

Des gains de temps et de productivité ressentis par Mathias, ingénieur informatique en banque rencontré par Europe 1, qui n'a pu remettre les pieds au bureau que cet été. "Le fait d'être à la maison, de ne pas avoir à s'habiller en costume tous les matins, de temps de transport... c'était agréable", confirme-t-il. Mais le jeune homme a rapidement déchanté, car "au bout d'un moment, on sent vraiment le manque de contact social", juge-t-il. "Je me sens esseulé, je suis tout le temps seul chez moi. Je pense que j'abats beaucoup plus de travail que d'habitude, mais c'est aussi beaucoup plus de souffrance dans le sens où j'ai beaucoup moins de temps pour moi." Et d'ajouter : "J'ai l'impression de vivre pour mon travail et ça devient pesant."

Une satisfaction pour les salariés, à certaines conditions

Pour éviter cette lassitude, et permettre aussi que le télétravail "provoque aussi de la satisfaction" chez les salariés, Laurent Cappelletti estime que "l'idéal" est de mettre en place des retours en présentiel régulièrement. Une façon pour le salarié de garder le lien avec son entreprise, de "maintenir une cohésion et une énergie collective", mais aussi de permettre aux entreprises de faire des économies de loyer. D'ailleurs certaines ont d'ores et déjà commencé à réduire la surface de leurs bureaux dans ce but.  

Si le télétravail est bien géré par les entreprises, que les salariés sont bien formés à sa pratique, et qu'un management fondé sur la confiance se met en place, les nombreux avantages du travail à domicile font dire au docteur en sciences de gestion qu'il n'y aura pas de retour au 100% présentiel. "Quand c'est bien géré, la balance des avantages est très supérieure à la balance des coûts", résume Laurent Cappelletti. Mais le spécialiste met toutefois en garde : "quand c'est mal fait, ça provoque des dégâts. Les dirigeants ne sont pas contents de la productivité de leurs salariés, et ces derniers peuvent souffrir d'isolement et d'épuisement numérique."