L'épidémiologiste Catherine Hill a dénoncé la stratégie concernant les personnes âgées face au Covid-19 jeudi sur Europe 1. 0:45
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Jonathan Grelier , modifié à
Invitée jeudi de la matinale d'Europe 1, l'épidémiologiste et biostatisticienne Catherine Hill s'est indignée de la politique menée par les autorités à l'égard des personnes âgées pendant cette crise sanitaire. "On nous a dit 'on va protéger les personnes âgées', mais ça a été un fiasco colossal", estime-t-elle.
INTERVIEW

Environ 30% des décès liés au Covid-19 ont été enregistrés dans les Ehpad (établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes) et autres établissement médico-sociaux depuis le début l'épidémie en France. Jeudi sur Europe 1, l'épidémiologiste et biostatisticienne Catherine Hill s'est indignée de la politique menée à l'égard des personnes âgées pendant cette crise. "On nous a dit 'on va protéger les personnes âgées', mais ça a été un fiasco colossal", déclare-t-elle. Protéger les personnes fragiles, "on ne l'a pas fait", estime-t-elle encore.

"Vivre avec le virus, ça veut dire aussi mourir avec le virus !"

"Je pense que c’est une analyse de la situation" qui a été faite, poursuit-elle. "Il a été décidé que de toute façon il fallait vivre avec le virus. Mais vivre avec le virus, ça veut dire aussi mourir avec le virus !" Mercredi, la France comptait 59.361 morts du Covid-19 depuis le début de l'épidémie, dont 18.419 dans les Ehpad et autres établissements médico-sociaux, selon les chiffres de Santé publique France. "C’est assez monstrueux", commente Catherine Hill. Pour l'épidémiologiste, c'est bien la preuve que "vivre avec le virus, ce n’est pas vraiment une bonne stratégie".

"Il y avait plein d’outils à disposition mais ils n’ont pas vraiment été utilisés"

Pour elle, toutes les mesures n'ont pas été prises pour limiter la circulation du virus dans les établissements accueillant des personnes âgées. "On n'a pas testé le personnel qui arrivait, on n'a pas testé suffisamment les patients, on aurait pu surveiller aussi les eaux usées à la sortie des Ehpad pour vérifier qu’il n’y avait pas de virus", égrène-t-elle. "Il y avait plein d’outils à disposition mais ils n’ont pas vraiment été utilisés."

Et la crainte de l'épidémiologiste pourrait bien se poursuivre. "Il y a encore des épidémies dans les Ehpad aujourd’hui, alors avec les fêtes de Noël, les sorties et les entrées, ça va continuer", affirme-t-elle. Pour Catherine Hill, le seul motif d'espoir réside dans le début des vaccinations prévu fin décembre dans les Ehpad, une "extraordinairement bonne solution", conclut-elle.