"Cette crise du Covid-19 s’est déployée dans une société française qui était marquée par la défiance", rappelle Jérôme Fourquet (photo d'illustration). 1:55
  • Copié
Ariel Guez , modifié à
Au micro d'Europe 1, Jérôme Fourquet, directeur du département opinion de l'Ifop et auteur de "L’archipel français, naissance d’une nation multiple et divisée", revient sur les changements de doctrine du gouvernement quant à l'usage des masques de protection face au coronavirus, et analyse les conséquences que la crise pourrait avoir pour l'exécutif à long terme. 
INTERVIEW

"Cette attitude persistante pourrait être associée ou comparée à ce qu’il s’était passé au moment du nuage de Tchernobyl, où on avait expliqué aux Français qu’il s’était arrêté aux frontières du pays". Invité dimanche du Grand Rendez-Vous, Jérôme Fourquet, directeur du département opinion de l'Ifop et auteur de L’archipel français, naissance d’une nation multiple et divisée, analyse les changements de doctrine du gouvernement vis-à-vis des masques de protection et les conséquences que la crise du coronavirus pourrait provoquer. 

"Cette crise du Covid-19 s’est déployée dans une société française qui était marquée par la défiance", rappelle Jérôme Fourquet. "Donc un certain nombre de prises de position gouvernementales vont laisser des traces profondes", affirme le politologue, notamment sur la question de l'utilité des masques individuels de protection. En effet, plus de trois Français sur quatre pensent que le gouvernement leur a menti sur les masques, "en les dissuadant d'en porter parce qu'il n'y en avait pas suffisamment pour les soignants". 

"Le gouvernement a considérablement accru le fossé entre lui et la population"

"Au fur et à mesure que le gouvernement s’est enfermé sur sa position initiale des masques, il a considérablement accru le fossé entre lui et la population", a affirmé Jérôme Fourquet, alors que le président de la République s'adressera lundi aux Français. "On est sur un acte lourd (...) Avec un gouvernement qui se flatte le matin d’avoir commandé des centaines de millions de masques et qui l’après-midi explique que c’est utile pour les soignants mais pas forcément pour le grand public".

"On a même demandé aux préfets de casser administrativement les arrêtés municipaux que certaines villes avaient pris pour rendre obligatoire le port du masque", fait-il remarquer, alors que selon les enquêtes d'opinion que Jérôme Fourquet cite, "plus de 70 % des Français seraient favorables à une obligation du port du masque".