Les mesures de restriction contre le Covid-19 génèrent des difficultés chez les enfants et les adolescents. 4:46
  • Copié
Jonathan Grelier , modifié à
Les mesures de restriction destinées à lutter contre l'épidémie de Covid-19 ont de nombreuses conséquences sur l'épanouissement des enfants et des adolescents. Invitée samedi sur Europe 1, la pédopsychiatre Marie-Rose Moro a décrypté les peurs de ces tranches d'âge liées au Covid et livré ses conseils pour y faire face.
INTERVIEW

L'accumulation des mesures de restriction contre l'épidémie de Covid-19, avec encore l'entrée en vigueur d'un couvre-feu avancé à 18 h samedi dans 15 départements, complique l'épanouissement des enfants et des adolescents. Invitée d'Europe 1 samedi, Marie-Rose Moro, pédopsychiatre et directrice de la Maison des adolescents de l'AP-HP (Assistance publique - Hôpitaux de Paris) Maison de Solenn, a confirmé cette difficulté : "Aujourd'hui, on observe une augmentation des demandes de soins, des demandes psychologiques et des demandes aux urgences pédopsychiatriques." La spécialiste constate deux peurs caractéristiques, l'une chez les enfants et l'autre chez les adolescents, et livre ses conseils pour y faire face en tant que parent.

Chez les enfants, des phobies par rapport au monde extérieur

Chez les enfants, en-dessous de 10 ans environ, "il y a beaucoup d’angoisses, du monde extérieur, du dehors", observe-t-elle. "On leur a tellement dit qu’il fallait faire attention, que dehors il y avait un virus dangereux, qu’il fallait s’éloigner les uns des autres sur le mode de la peur", explique la spécialiste, que "les enfants intègrent ça et vont intérioriser ces peurs". D'où l'apparition de phobies bien spécifiques : peur d’aller à l’école, d'une contamination par ses camarades ou encore de la mort d'un proche parmi ses grands-parents par exemple.

Pour limiter ces phobies, Marie-Rose Moro conseille aux parents "de faire de la prévention, de la discussion, des échanges, mais pas d’utiliser la peur". Pour elle, il ne faut donc pas dire "si tu ne fais pas ça, il va se passer une catastrophe", "parce que c’est quelque chose qui fait mal aux enfants". "Il vaut mieux dire (...) ce que l’on peut faire et comment on peut le faire", précise-t-elle.

L'avenir, une crainte des ados

En ce qui concerne les adolescents, Marie-Rose Moro constate "des formes de résistance importantes", notamment dans l'invention de façons de faire qui leur permettent de "rester en lien avec les autres". Pour eux, le plus préoccupant reste donc "le fait d’avoir une représentation catastrophique, amère, tragique, de demain", c'est-à-dire de leur avenir à plus ou moins long terme. "Cela met les jeunes dans des positions déstructurantes, dans des positions où, au fond, plus rien ne vaut la peine", s'inquiète la pédopsychiatre. "On voit apparaître des attitudes négatives et contre eux-même", conclut-elle. "Par exemple les auto-mutilations ont beaucoup augmenté." Parler de choses positives, comme le début de la vaccination, peut alors être un moyen de les soutenir.