De plus en plus d’infirmières reçoivent des lettres anonymes leur demandant de partir, de quitter leur domicile le temps de la crise car on a peur qu’elles transmettent le virus à tout leur voisinage. 1:30
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Matthieu Block édité par Olfa Ayed , modifié à
Tous les soirs, à 20 heures, on les applaudit. Pourtant, des soignants reçoivent aussi des lettres anonymes leur demandant de... déménager le temps de la crise sanitaire. Le voisinage a peur d'être contaminé par ceux qui sont en charge des malades du COVID-19. Lucille, infirmière en région parisienne, témoigne au micro d'Europe 1.

Médecins, infirmiers, aides-soignants, tous sont applaudis, tous les soirs à 20 heures. Et pourtant, derrière cet hommage se cache une triste réalité. De plus en plus de soignants reçoivent en effet des lettres anonymes de leurs voisins leur demandant de ne pas toucher les poignées de portes, au mieux. Et, au pire, de déménager le temps de la crise sanitaire, par peur d'être contaminé par le nouveau coronavirus. Lucille, infirmière en région parisienne témoigne vendredi au micro d'Europe 1.

"Merci de faire le nécessaire pour partir rapidement"

"Il est hors de question qu’on me menace et qu’on me dise de partir de chez moi", déclare d'emblée Lucille alors qu'elle vient de recevoir une lettre anonyme. Elle a bien du mal à en croire ses yeux : "Nous savons que vous êtes infirmière et nous vous remercions d’exercer ce beau métier. Néanmoins, nous vous demandons s’il serait possible que vous et votre mari alliez résider ailleurs pendant la durée de la contamination pour éviter de contaminer d’autres personnes et de faire vos courses en-dehors de la ville. Vous serez de nouveau les bienvenus dans la ville quand tout sera terminé. Merci de prendre en compte notre demande et de faire le nécessaire pour partir rapidement", est-il écrit sur ce courrier.

"On n'a pas besoin d'être mis à l'écart"

 "C’est pitoyable. J’ai été extrêmement en colère, la tristesse aussi parce qu'on met beaucoup notre vie de côté pour répondre aux besoins de la population pendant cette crise. On n’a pas besoin d'être mis à l’écart comme des pestiférés parce qu’on est en présence de patients du COVID-19. On s’en affranchit parce qu’il faut continuer, il ne faut pas prendre en compte ce que les gens disent. Je vous garantis que ce n’est pas facile", témoigne Lucille.

La jeune femme a confié cette lettre à la police, demandant de trouver d’éventuelles empreintes. En attendant, elle continuera à vivre normalement  et à promener son chien autour de sa maison, quitte à croiser, sans le savoir, l’auteur de cette lettre.