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Jean-Rémi Baudot, édité par Pauline Rouquette , modifié à
Pour faire face à une éventuelle pénurie de médicaments, l'État a autorisé vendredi la prescription de certains produits vétérinaires, notamment des anesthésiants, équivalents à ceux utilisés pour les humains.

Des médicaments vétérinaires pour les humains. C'est la solution trouvée pour faire face à une éventuelle pénurie. L'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a annoncé vendredi que l'utilisation de deux produits vétérinaires à base de propofol était désormais autorisée pour la réanimation de malades humains, alors que l'épidémie de coronavirus entraîne une forte augmentation de la demande mondiale sur ce type de produits. 

Par un décret prescrivant les mesures générales nécessaires pour faire face à l'épidémie de Covid-19 dans le cadre de l'état d'urgence sanitaire, le Premier ministre Édouard Philippe a notamment autorisé la prescription du "Proposure" et "Propovet" équivalents à l'anesthésique "Propofol" utilisé pour la sédation des humains.

Augmentation des besoins de 2.000% en France

Si ce décret permet l'utilisation de ces médicaments à des doses adaptées, il autorise surtout la réquisition des stocks chez les vétérinaires. L'ANSM a déjà "recensé sur le territoire français des stocks de propofol à usage humain chez des industriels" pour couvrir ces besoins, le propofol vétérinaire venant "en complément", explique l'agence sanitaire "mobilisée" aussi sur le front des importations de médicaments à usage humain pour la réanimation.

"Pour certains produits utilisés en réanimation (curare, propofol, midazolam), les besoins ont été augmenté de 2.000% en France et également dans le monde, en un temps très court", constate-t-elle.

 

"On est dans une médecine de guerre"

Face à la crise du coronavirus, l’enjeu est sanitaire mais aussi industriel. Certaines usines dédiées aux produits vétérinaires pourraient ainsi être mobilisées. "On est dans une médecine de guerre" reconnait un responsable de l’industrie pharmaceutique au micro d'Europe 1. Du côté du gouvernement, un ministre reconnaît qu'on "ne pensait pas en arriver là".

Cet apport de nouvelles molécules va permettre de traiter "quelques centaines de patients pour une durée de séjour en réanimation aux alentours de quatorze jours en moyenne", explique encore l’agence du médicament. "Un rapport d’analyse a été fait, il n’y pas de risques", précise-t-elle, promettant toutefois un suivi des éventuels effets indésirables.