Vote de confiance, jours fériés, insécurité... ce qu'il faut retenir de l'interview exceptionnelle de François Bayrou
Nous sommes à une semaine du vote de confiance que le Premier ministre a lui-même sollicité à l'Assemblée nationale et qui pourrait provoquer la chute du gouvernement. Dans ce contexte d'instabilité politique, François Bayrou accorde, ce dimanche à 18h, une interview aux quatre chaînes info. Une interview vérité et cruciale pour défendre son plan de rigueur pour le budget 2026.
C'est une prise de parole très attendue. Ce dimanche 31 août, le Premier ministre François Bayrou accorde une interview à Cnews et trois autres chaînes info pour défendre son plan de rigueur budgétaire face à l'explosion de la dette française. Menacé par un vote de confiance à l'Assemblée nationale qui pourrait provoquer sa démission, son objectif est de convaincre les parlementaires de l'urgence de la situation financière du pays. Suivez notre direct.
Les principales informations à retenir
- Les jours à venir sont "cruciaux" selon le Premier ministre.
- Les 44 milliards d'économies, essentiels pour "sortir de la malédiction immédiate de la dette".
- François Bayrou se dit "ouvert à la discussion" sur la suppression des jours fériés.
- "Cette génération-là devrait être avec moi pour faire baisser la dette des plus jeunes", a-t-il dit, revenant sur ses propos concernant les "boomers".
- Le Premier ministre a annoncé recevoir les proches de l'écrivain Boualem Sansal, en novembre, à Pau.
- François Bayrou a vivement critiqué les forces politiques qui "veulent le chaos", citant LFI et Jean-Luc Mélenchon.
- Il s'est également dit "persuadé que la situation peut bouger" concernant le vote de confiance le 8 septembre prochain.
"Je suis un défenseur de l'unité de la France", revendique François Bayrou
Dans l'une de ses dernières réponses de l'interview exceptionnelle accordée aux chaînes info, François Bayrou a rappelé n'avoir "jamais séparé le pays en communautés".
"Je suis un défenseur de l'unité de la France, de l'unité du pays, de la société française. Je suis un défenseur de cette unité au-delà de tout et de l'âme juive, qui fait partie intégrante de l'identité du pays qui s'est construite au fil du temps. Le nombre de savants, de créateurs, d'intellectuels qui font partie de cette immense histoire, ils sont l'âme de la France. Je n'ai jamais séparé le pays en communautés", a-t-il conclu.
François Bayrou préfère envisager l'hypothèse de la victoire
Interrogé sur son sort en cas de défaite durant le vote de confiance le 8 septembre prochain, François Bayrou a préféré répondre en décrivant "le jour d'après" en cas de victoire.
"À mes yeux, si l'on gagne, l'horizon s'ouvre. Nous aurons franchi un obstacle considérable. Les gens diraient : 'grâce à cet épisode, les choses peuvent changer'. Si ça ne passe pas, le Premier ministre va présenter sa démission au président de la République. Quand vous êtes renversé, vous êtes renversé", a-t-il narré.
Le Premier ministre ne croît pas à une répétition du "front républicain" en cas de dissolution
François Bayrou a estimé que la dissolution "n'était pas une clarification magnifique", balayant la possibilité que le chef de l'État ne dissolve à nouveau l'Assemblée nationale s'il échoue au vote de confiance.
"Tant qu'on ne change pas le mode de scrutin, vous avez beau dissoudre, vous allez retrouver les mêmes divisions, les mêmes difficultés, les mêmes désordres, la même incapacité d'action."
Il a affirmé que, selon lui, "le front républicain deviendrait impossible", en précisant qu'il ne pense pas que "la majorité relative du Rassemblement national ne puisse en être autrement".
"La tension entre les forces qui présentaient le front dit républicain est extrême. Ils se haïssent. Cette semaine, aux universités d'été de LFI, ce qui était chanté par la foule en cœur c'était 'tout le monde déteste le PS'. Ce matin, Olivier Faure, quand il s'imagine au gouvernement, a dit qu'il n'y aurait pas de LFI au gouvernement. Vous trouvez que l'on est devant des cohérences ?", s'est-il interrogé.
François Bayrou s'attaque aux forces politiques qui "veulent le chaos"
Le Premier ministre a vivement critiqué les "forces politiques" qui veulent le chaos, citant le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon.
"Il y a des forces politiques en France qui veulent le chaos et qui pensent que c'est sur le chaos qu'on construit la Révolution. Certains ne s'en cachent pas, Jean-Luc Mélenchon a dit 10 fois que le chemin était de tout conflictualiser, de transformer toute tension en affrontement, tout affrontement en guerre civile", a-t-il estimé.
François Bayrou se dit persuadé que "la situation peut bouger" pour le vote de confiance
François Bayrou a justifié durant l'interview le choix de ce vote de confiance, qui pourrait conduire à la chute du gouvernement.
"Parce que si je n'ai pas l'assentiment minimal des Français et de ceux qui les représentent, il n'y a aucune politique courageuse possible. Vous êtes obligés de battre en retraite sur chacune des mesures, vous vous retrouvez censuré. Il y a pire pour moi, s'il n'y a pas cet accord minimal, cette entente sur le diagnostic, alors la situation est présentée comme 'le pouvoir contre les Français'. Toute ma vie, je me suis battu pour que les Français de la base soient reconnus et respectés".
Il s'est dit "persuadé que ça peut bouger" concernant le vote de confiance.
Si le gouvernement tombe, ce serait par l'alliance de trois parties qui sont non seulement hostiles entre eux, mais haineux entre eux, qui ont des positions et volontés strictement antagonistes".
Un danger imminent "si on ne fait rien"
Face au possible risque de mise sous tutelle de la France par le Fonds monétaire international, François Bayrou a rappelé les risques "si on ne fait rien" face à la situation.
"Le risque, c'est l'explosion des taux d'intérêts, la dégradation de la note et à un moment donné, les prêteurs ne prêteront plus", s'est-il écrié.
"La vraie voie d'intégration, c'est d'abord le travail", assure François Bayrou
François Bayrou a estimé ce dimanche, durant l'interview aux chaînes info, être "inquiet" sur les voies d'intégration des migrants sur le territoire français.
"La vraie voie d'intégration, c'est le travail, puis la langue puis, c'est l'acceptation de notre principe de vie en commun et de nos coutumes. Je suis inquiet sur tous ces points. On a l'impression d'un espèce de blocage, où il s'agirait d'un pour ou contre les immigrés", a-t-il expliqué.
François Bayrou va recevoir les proches de Boualem Sansal, emprisonné en Algérie
Le Premier ministre annonce qu'il va recevoir les proches de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal au mois de novembre, à Pau, commune dont il est maire.
Il n'y a pas de "tabou" sur les questions migratoires et européennes
François Bayrou a expliqué qu'il n'y a aucun tabou sur la part de contribution française à l'Union européenne.
"Nous payons 27 milliards de contribution à l'Union européenne et nous en touchons 31,5 milliards grâce à la Politique agricole commune, les subventions aux Régions et les prêts de la Banque européenne d'investissement. Je suis d'accord pour qu'on expertise, il n'y a pas de tabou. Cela n'est pas une approche négligeable à écarter du revers de la main", a-t-on pu entendre.
Il a également révoqué l'affirmation que les problèmes du pays seraient liés à l'immigration.
"Sur l'immigration, il y a infiniment moins d'argent que ce que le Rassemblement national dit. Je n'aime pas qu'on présente la situation du pays comme la séquence de la présence des immigrés. Je suis d'accord pour qu'on regarde et s'il y a pour des étrangers des avantages comme le dit le RN dont les Français ne profiteraient pas, ça ne serait pas juste. Mais je ne suis pas d'accord pour qu'on fasse de l'immigration le problème du pays. Il faut que notre politique de l'immigration évolue. Une capacité à maîtriser les entrées et les sorties du territoire", a-t-il dit.
Le Premier ministre assume sa sortie sur les "boomers"
"Cette génération-là devrait être avec moi pour faire baisser la dette des plus jeunes", a assuré François Bayrou, en répondant à sa sortie sur les "boomers" lors de son interview au 20h de TF1, mercredi dernier.
"Les jeunes, c'est une génération qui se sent sacrifiée, elle ne trouve pas de CDI, n'arrive pas à trouver de logements. Cette génération se sent sans destin", a-t-il soutenu.
Les jours fériés supprimés, vers des discussions
François Bayrou a soutenu qu'il était "ouvert à la discussion" concernant la suppression des jours fériés pour améliorer le budget 2026, qui permettrait de faire 4 milliards d'économies.
"Cela pourrait un jour sans difficulté. Je suis ouvert à la discussion, à la condition impérative qu'on considère qu'on ne peut pas ne rien faire. Or, les propositions comme celle du PS, cela veut dire qu'on ne fait rien", a-t-il indiqué.
François Bayrou annonce une rencontre avec Marine Le Pen
Le Premier ministre soutient qu'il rencontrera Marine Le Pen, la présidente du groupe Rassemblement national à l'Assemblée nationale cette semaine. Il a également assuré ne pas avoir reçu la lettre qu'elle soutient lui avoir envoyée.
"Sortir de la malédiction immédiate de la dette"
Le Premier ministre a expliqué la marche à suivre du gouvernement pour réduire le déficit structurel du pays.
"On doit revenir en 4 ans, en 2029, au seuil des 3% de déficit. L'activité du pays fait qu'elle devient chaque jour plus supportable. Nous étions à 6%, nous allons passer à 5,4% et nous avons pris l'engagement d'être à 4,6% très vite. C'est un engagement auprès de nos partenaires européens, où nous étions placés en déficit excessif. Les 44 milliards, cet ordre de grandeur c'est la marche que nous devons suivre pour sortir de la malédiction immédiate de la dette", a-t-il expliqué.
Une nouvelle métaphore maritime
Après son interview au 20h de TF1, mercredi 27 août, François Bayrou a réitéré sa métaphore du bateau qui prend l'eau pour expliquer l'explosion de la dette française.
"Ce dont on ne peut pas discuter, c'est la gravité et la précision du diagnostic. Le diagnostic, c'est un bateau qui a un trou dans la coque et la cale du bateau se remplit d'eau depuis 50 ans. Nous sommes arrivés à une accumulation de 3.350 milliards d'euros", a-t-il détaillé.
Les jours à venir sont "cruciaux" assure François Bayrou
Le Premier ministre François Bayrou a assuré que les "jours à venir" étaient "cruciaux" pour la France. Il a également débouté les rumeurs de chant du cygne qui entoure ce vote de confiance.
"La question, c'est le destin de la France. Si le gouvernement tombe, on abandonnerait la politique vitale sans laquelle le pays se place en danger extrême, pour en prendre une plus laxiste et à la dérive", a-t-il déclaré.
François Bayrou doit dire "au revoir" selon le PS
Le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure a assuré que la décision du Parti socialiste de ne pas voter la confiance au Premier ministre était "irrévocable", qui attend que François Bayrou dise "au revoir" à Matignon.
Selon le chef du PS, le Premier ministre "fait une tournée d'adieux" en multipliant les prises de parole et soutient qu'il n'est "pas un interlocuteur fiable".
Manuel Valls appelle à éviter un "suicide collectif"
L'ancien Premier ministre Manuel Valls a appelé, ce dimanche, les forces politiques du pays à éviter un "suicide collectif" et à "trouver la voie du dialogue et du compromis", à huit jours du vote de confiance.
"Tout le monde veut discuter, tout le monde veut s'en sortir, mais les intérêts de chacun, en l'occurrence de chaque formation politique, vont à l'encontre, vont contre l'idée de trouver un chemin et un accord", a-t-il déclaré au micro de France Inter.