De nombreuses fausses informations ont circulé sur internet depuis le début de la crise sanitaire (photo d'illustration) 2:28
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Ariel Guez , modifié à
Invité d'Europe 1 ce lundi, Grégoire Lemarchand, en charge des réseaux sociaux et du fact-checking à l’AFP est revenu sur le travail de ses équipes depuis l'apparition du coronavirus. Il explique que face à la propagation de fausses nouvelles, les journalistes doivent être "humbles" et rappelle que les connaissances sur le virus sont "mouvantes". 
INTERVIEW

Contagieuses, les fausses informations ? "Oui, c'est le mot", répond Grégoire Lemarchand, rédacteur en chef adjoint en charge des réseaux sociaux et du fact-checking à l’Agence France presse (AFP). Invité d'Europe 1 ce lundi, le journaliste est revenu sur la propagation des fausses nouvelles à l'heure de la pandémie de coronavirus. "Depuis le début de l'année, nos équipes n'ont pas arrêté", raconte Grégoire Lemarchand. "Le fait qu'on soit sur une actualité mondiale qui concerne tous les pays fait que ça ne cesse jamais. La typologie des fausses informations change au fil des semaines et des mois, mais c'est un flot incessant", affirme-t-il.

Le port du masque, "un point de crispation majeure et qui nourrit beaucoup de fausses informations"

Depuis le mois de février, les 90 journalistes autour du monde spécialisés dans la vérification et dans la veille sur les fausses informations ont travaillé à "quasiment 100 % sur la thématique du coronavirus", selon Grégoire Lemarchand. Malgré plusieurs mois de travail sur le sujet, la difficulté est quotidienne, explique le journaliste. En cause, les connaissances à propos de la maladie, qui sont "mouvantes". "Ce qu'on savait ou ce qu'on croyait savoir il y a six mois n'est aujourd'hui pas forcément vrai", rappelle le rédacteur en chef adjoint de l'AFP.

"Il y a des changements de position et sur ce point, on pense évidemment à la position des autorités sur le port du masque en France. C'est un point de crispation majeure et qui nourrit beaucoup de fausses informations", dit Grégoire Lemarchand.

"Il faut être humble et dire : 'voilà ce qu'on sait'"

Alors comment faire un article de vérification quand le sujet évolue tous les jours ? "Il n'y a pas forcément de vérité", prévient le journaliste. "Il faut être humble et ne pas dire aux gens : 'Vous n'avez rien compris, vous êtes bêtes et stupides de croire n'importe quoi', mais dire 'qu'à ce stade des travaux des experts et de la connaissance acquise sur le virus, voilà ce qu'on sait'", explique Grégoire Lemarchand. "On donne le stade de la connaissance en expliquant que les choses peuvent varier et varieront peut-être à l'avenir", assure-t-il au micro d'Europe 1.

"Il y a plein de gens qui se posent des questions et qui viennent vers nous"

Mais le travail de fact-checking fonctionne-t-il vraiment, alors que la défiance envers les médias ne cesse de grandir ? "Vous aurez toujours une minorité de gens qui seront convaincus que vous leur mentez, mais c'est une minorité", répond Grégoire Lemarchand. "Il y a plein de gens se posent des questions et qui viennent vers nous. Il y a tout de même plein de gens qui nous suivent, nous encouragent et nous poussent à faire davantage", assure le journaliste, qui se veut confiant pour l'avenir. "Même si parfois un petit peu décourageant, il ne faut pas penser que c'est une bataille perdue", conclut-il.