Les fausses informations se propagent beaucoup sur les réseaux sociaux en cette période de pandémie. 4:00
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Jonathan Grelier
Déjà existante en temps normal, la propagation des fausses informations, les fake news, a tendance à s'intensifier en période de pandémie. "Les citoyens ne peuvent pas s'exonérer d'un tout petit peu de méthode", estime donc Thomas Huchon, journaliste spécialiste des fake news pour le média Spicee, vendredi sur Europe 1.
INTERVIEW

En période de pandémie de Covid-19, les fausses informations, ou fake news, se propagent avec vigueur sur les réseaux sociaux. A tel point que selon un sondage récent de l'Ifop, environ un quart des Français pensent que le coronavirus a été créé par l'homme. Un pourcentage "absolument terrifiant" pour Thomas Huchon, journaliste et spécialiste des fake news chez Spicee, une plateforme de documentaires en ligne. Invité de Culture Médias vendredi sur Europe 1, il a rappelé quelques principes de base de la vérification des informations. Car selon lui, "dans un monde où tout le monde prétend devenir un journaliste sur les réseaux sociaux, les citoyens ne peuvent pas s'exonérer d'un tout petit peu de méthode, d'un tout petit peu d'éthique".

 

Ne pas partager d'informations dont on est pas certain

Première recommandation du journaliste : ne pas partager une information dont on n'est pas certain de la véracité. "Ce qu'on voit beaucoup en ce moment, à la fois sur Facebook, WhatsApp ou d'autres messageries privées, c'est que les gens partagent tout un tas de choses sans même les avoir vérifiées et vous disent : 'Je l'ai vu passer, je te l'envoie.' Mais c'est terrible comme comportement", regrette Thomas Huchon.

Estimer la fiabilité de la source

Deuxième conseil : "se poser la question de 'qui me parle ?'", poursuit-il. "Est-ce que la personne qui me parle est un pharmacien, un médecin, un scientifique ? Ou juste un mec qui a ouvert sa caméra sur Facebook et qui a décidé de me parler ?" Pour Thomas Huchon, il faut donc "estimer que l'Institut Pasteur, et je pense qu'on peut tous se dire ça, c'est mieux [que n'importe quelle] source sur internet", sur l'épidémie de Covid-19 par exemple.

 

Faire attention aux dates

Troisième chose à laquelle faire attention : la date d'une publication, vidéo ou photo. "On a vu circuler une photo qui venait d'Italie et montrait tout un tas de cercueils dans une morgue en prétendant que tout le monde était mort. Alors, il y avait certes beaucoup de morts en Italie, mais cette photo datait du drame de Lampedusa en 2013, elle n'avait rien à voir avec l'épidémie", rapporte Thomas Huchon.

"Le lien direct avec les citoyens est de plus en plus détérioré"

Le journaliste insiste également sur l'importance de sa profession, "un vrai métier" qui "doit être fait aussi par des journalistes indépendants" pour retrouver la confiance des citoyens. "Le problème, c'est aussi que le lien direct avec les citoyens est de plus en plus détérioré", s'inquiète-t-il.

 

 

Par ailleurs, Thomas Huchon a aussi souhaité alerter sur une pratique a priori sans gravité, le "ten years challenge". Ce défi consiste dans la publication d'une photo de l'internaute enfant. "Je crois qu'il ne faut pas le faire parce que c'est une manière de permettre aux algorithmes de Facebook d'améliorer leur logiciel de reconnaissance d'images. Ils vont être capables de prédire ce à quoi, vous, moi, et tous nos amis vont ressembler dans une trentaine d'années parce qu'ils auront pu calculer la différence sur nos visages."