Covid-19 : imbroglio autour des assistantes maternelles

Avec les nouvelles restrictions sanitaires, les assistantes maternelles n'accueilleront plus d'enfants, a indiqué Matignon jeudi.
Avec les nouvelles restrictions sanitaires, les assistantes maternelles n'accueilleront plus d'enfants, a indiqué Matignon jeudi. © Thomas SAMSON / AFP
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avec AFP , modifié à
Jean Castex a détaillé et défendu les restrictions qui concerneront la France entière à partir de samedi, jeudi devant l'Assemblée puis le Sénat, malgré le boycott des oppositions. Matignon a par ailleurs annoncé que les assistantes maternelles ne pourraient plus accueillir d'enfants, avant de se rétracter dans la soirée. La question sera tranchée vendredi. 
L'ESSENTIEL

Après les annonces, les précisions. Le Premier ministre Jean Castex a détaillé les nouvelles restrictions énoncées par Emmanuel Macron face à l'épidémie du Covid-19, jeudi matin devant l'Assemblée nationale, avant de se rendre devant le Sénat. Les mesures ont finalement été approuvées par les députés puis par les sénateurs, malgré un boycott des oppositions et une ambiance houleuse au parlement. Jeudi soir, Matignon a précisé que les assistantes maternelles ne pourraient plus accueillir d'enfants, avant de se rétracter dans la soirée. La question sera finalement tranchée vendredi. 

Dans le même temps, le virus poursuit sa progression un peu partout en Europe avec une augmentation sensible du nombre de morts au cours des dernières semaines. En France, il y a désormais plus de 5.100 patients en réanimation.

Les informations à retenir :

  • Plus de 5.100 patients se trouvent en réanimation
  • Les députés et les sénateurs ont approuvé les nouvelles restrictions présentées par Jean Castex, malgré un boycott des oppositions
  • La consommation d'alcool sur la voie publique va être interdite pour les prochaines semaines 
  • Incertitude sur l'accueil par les assistantes maternelles 
  • Le gouvernement privilégie un maintien des élections régionales en juin 

Plus de 5.100 patients en réanimation

Le nombre de malades en réanimation a de nouveau augmenté jeudi, dépassant les 5.100, selon les chiffres quotidiens de Santé Publique France. Après un très léger recul mercredi, le nombre de malades Covid en réanimation a repris sa trajectoire à la hausse, avec 5.109 personnes jeudi, dont 480 nouvelles entrées en 24 heures dans ces services.

Le nombre de personnes hospitalisées pour Covid est en hausse également, à 28.581, le plus haut de cette troisième vague, avec 2.025 nouvelles hospitalisations en 24 heures. 50.659 nouveaux cas positifs ont par ailleurs été détectés jeudi.

Au total, 95.976 personnes sont mortes à cause du Covid-19 depuis le début de l'épidémie en France. En 24 heures, 314 décès supplémentaires ont été rapportés et 50.659 nouveaux cas positifs ont été détectés.

Selon les autorités sanitaires, 8.806.108 personnes ont reçu au moins une injection d'un vaccin contre le Covid-19 et 2.956.205 personnes ont reçu 2 doses. 

Imbroglio autour des assistantes maternelles 

La soirée de jeudi a été marquée par un imbroglio autour des assistantes maternelles. Dans un premier temps, Matignon a affirmé qu'elles ne pourront plus accueillir d'enfants pendants trois semaines, "en cohérence avec cohérence". Quelques heures plus tard, la même source a finalement assuré que la question n'est pas encore tranchée et qu'elle le serait vendredi.

Parmi les modalités à définir figure le dossier des enfants de "publics prioritaires", comme les soignants, dont la liste est en cours d'arbitrage. 280.000 assistantes maternelles accueillent en France entre un et quatre enfants. Les gardes à domicile ne seront "pas concernées" par des restrictions, selon Matignon. Le président de la République avait annoncé mercredi la fermeture des crèches et des écoles primaires pour trois semaines, jusqu'au 26 avril.

Les nouvelles mesures approuvées par le parlement, malgré un boycott de l'opposition

Jean Castex, véhément comme rarement depuis son arrivée à Matignon, a vivement défendu les nouvelles restrictions présentées par le chef de l'Etat, jeudi matin, devant une Assemblée nationale houleuse. Ce débat est "un mauvais poisson d'avril, et comme tous les poissons, il pourrira par la tête", a cinglé Jean-Luc Mélenchon au nom des députés LFI. Les députés ont approuvé les mesures précisées par 348 voix contre 9. Mais le vote a été marqué par un boycott massif des oppositions de droite (LR) comme de gauche (LFI, PS, PCF) pour dénoncer un "piétinement du parlement" appelé à voter sur des mesures déjà actées par l'exécutif.

L'ambiance était toute aussi tendue au Sénat, dans l'après-midi. A l'issue d'un discours de Jean Castex et des interventions des présidents de groupe, seuls 45 sénateurs sur 348 ont pris part au vote, pour un total de 41 suffrages exprimés. La grande majorité de l'hémicycle, droite et gauche confondues, n'a pas pris part au vote, dénonçant "un simulacre de démocratie". Lisez le récit de ces séances houleuses dans cet article

La consommation d'alcool bannie de la voie publique

Le Premier ministre a également apporté des précisions quant aux annonces du chef de l'Etat. Il  a ainsi indiqué que la consommation d'alcool sur la voie publique serait interdite ces prochaines semaines, afin de prévenir tout rassemblement et tenter de limiter la circulation de l'épidémie. "Sur arrêté préfectoral, et en lien avec les maires, l'accès à certains sites propices à des rassemblements en extérieur, comme les quais, berges, places, pourra être interdit en fonction des circonstances locales", a ajouté le chef du gouvernement, qui précisait les nouvelles restrictions édictées la veille par Emmanuel Macron.

Alors que crèches et établissements scolaires vont fermer pendant trois à quatre semaines, le Premier ministre a aussi indiqué que les motifs impérieux permettant des déplacements hors de son département incluront "ceux liés à un motif familial, comme par exemple accompagner ou aller chercher un enfant chez un parent, un grand-parent ou un proche." Le gouvernement compte enfin aider les "familles modestes dont les enfants n'iront plus à la cantine ou ne pourront plus bénéficier de petits-déjeuners gratuits", a promis Jean Castex, avec des modalités précisées "dans les prochains jours".

Un pic de réservation dans les trains, mais aussi des annulations

Suites aux annonces du chef de l'Etat mercredi, parmi lesquelles une tolérance pour le week-end de Pâques, afin que chacun puisse s'isoler dans le lieu de son choix, la SNCF a bien enregistré un afflux de réservations, a indiqué un porte-parole jeudi. Mais celui-ci a été raisonnable - 130.000 voyages vendus - et s'est accompagné d'un grand nombre d'annulations - 40.000. 

"Seul un quart des TGV est occupé à plus de 80% pour ce week-end", a remarqué le porte-parole, alors que la tolérance prévue par les autorités doit s'appliquer jusqu'à lundi soir. 

Certains parents d'élèves éligibles à l'activité partielle

Une question agite les parents d'élèves, au lendemain de l'annonce d'Emmanuel Macron : comment garder leurs enfants pour les trois semaines à venir ? Jeudi matin, Jean Castex a confirmé à la tribune de l'Assemblée nationale que les parents dont l'activité ne peut se faire en télétravail bénéficieraient de l'activité partielle. Des exceptions sont aussi prévues pour ceux qui ont des familles nombreuses, par exemple. Retrouvez les critères d'éligibilité dans cet article

Pour les étudiants, les concours de l'enseignement supérieur prévus au cours des quatre prochaines semaines "seront maintenus" et leurs conditions d’organisation "adaptées", a par ailleurs précisé Jean Castex. Les examens ne pouvant se faire en distanciel seront en revanche "reportés autant que possible" sur "le mois de mai", a précisé le Premier ministre.

Le gouvernement privilégie "à ce stade" le maintien des régionales en juin 

Le gouvernement privilégie "à ce stade" le maintien en juin des élections régionales et départementales si les conditions sanitaires peuvent être respectées sans "altérer l’expression libre et sécurisée du vote de nos concitoyens", a affirmé jeudi Jean Castex au Sénat.

Le Premier ministre a rappelé avoir reçu lundi un "avis particulièrement balancé" du Conseil scientifique, qui "ne préconise pas explicitement un report des élections", lors d'une allocution revenant sur les mesures de restrictions prononcées la veille par Emmanuel Macron. "C'est donc clairement le scénario de leur maintien que nous privilégions à ce stade", a-t-il assuré. 

L'OMS juge la situation en Europe "inquiétante"

"Actuellement la situation régionale est la plus inquiétante que nous ayons observée depuis plusieurs mois", a déploré dans un communiqué Hans Kluge, directeur de l'OMS Europe, jeudi dans un communiqué. Dans cette zone, qui inclut une cinquantaine de pays dont la Russie et plusieurs Etats d'Asie centrale, le nombre de nouveaux décès causés par le Covid-19 a dépassé les 24.000 la semaine passée et se rapproche "rapidement" de la barre du million, selon l'Organisation mondiale de la santé.

"Le rythme lent de la vaccination prolonge la pandémie", regrette aussi Hans Kluge, rappelant que "les vaccins sont notre meilleure voie pour sortir de la pandémie". "Néanmoins, le déploiement de ces vaccins est d'une lenteur inacceptable", a-t-il fustigé, appelant l'Europe à "accélérer le processus en renforçant la production, en réduisant les obstacles à l'administration des vaccins, et en utilisant la moindre dose que nous avons en stock".

Plus de 2,8 millions de morts

A l'échelle mondiale, la pandémie a fait au moins 2.816.908 morts depuis que le bureau de l'OMS en Chine a fait état de l'apparition de la maladie fin décembre 2019, selon un bilan établi par l'AFP jeudi. Sur la journée de mercredi, 11.978 nouveaux décès et 637.012 nouveaux cas ont été recensés dans le monde. 

Les États-Unis sont le pays le plus touché tant en nombre de morts que de cas, avec 552.073 décès pour 30.460.836 cas recensés, selon le comptage de l'université Johns Hopkins. Suivent le Brésil avec 321.515 morts et 12.748.747 cas, le Mexique avec 203.210 morts (2.238.887 cas), l'Inde avec 162.927 morts (12.221.665 cas), et le Royaume-Uni avec 126.713 morts (4.345.788 cas).