Temps de crise pour la presse, mais aussi temps de renaissance et renouveau ?

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Chaque dimanche soir, François Clauss conclut les deux heures du Grand journal de Wendy Bouchard avec une mise en perspective toute personnelle de l'actu.

Quelle ne fut pas la surprise et le bonheur de François Clauss de découvrir en kiosque, ou du moins dans l’un de ceux qui n’ont pas encore tiré le rideau, deux nouveaux magazines cette semaine, tous les deux nés post confinement, lui qui croyait que la presse était en train de se mourir, en entendant la longue litanie des plans sociaux, qui depuis 15 jours affectent tant la presse nationale que la presse régionale, l’audiovisuel comme l’écrit, les magazines comme les quotidiens.

Y aurait-il donc de la place pour l’espoir non seulement d’une survie, mais peut-être même d’une renaissance d’une certaine forme de journalisme.

Le premier de ces magazines est un objet totalement incongru, de 40 cm de haut, 100 pages, une iconographie magistrale, un objet que l’on a immédiatement envie de feuilleter, et lorsque l’on a feuilleté, que l’on gardera à coup sûr dans sa bibliothèque. Cela s’appelle Légendes, c’est vendu au prix d’un livre (20 euros) mais on en a pour son argent, et son créateur n’en est pas à son premier coup de maitre. Eric Fotorino, ancien directeur du Monde à qui l’on doit les trimestriels Zadig et America et surtout la singulière réussite de l’hebdomadaire 1, un journal qui se replie en quatre pages, et qui chaque semaine, traite d’un thème, d’un seul, mais sous tous ses angles. Personne ne croyait à la réussite de cette aventure, le 1 est aujourd’hui au seuil de rentabilité et a trouvé ses lecteurs, souhaitons la même longue vie à Légendes, un personnage, un seul, qui a marqué notre inconscient collectif à un instant T, et que le magazine nous restitue à travers de magnifiques textes d’auteurs et avec des photos particulièrement soignées. C’est Zinedine Zidane qui est à la une de ce premier opus.

La deuxième belle surprise émane d’un autre créateur de presse à qui on ne prédisait guère d’avenir non plus lorsqu’il lança ses projets, et qui est aujourd’hui pourtant à la tête d’un véritable groupe de presse totalement rentable : Franck Annèse, qui nous offrit successivement en kiosque So Foot, So film, Society et qui nous propose aujourd’hui So good, le magazine qui met en couverture des inconnus qui changent le monde, et qui décryptent des initiatives le rendront meilleur… Un journal totalement responsable, sans colle, sans film plastique, et presque totalement financé par une plateforme participative , ulule, et qui se targue déjà de 15.000 abonnés.

So Good et légendes nous offrent deux nouveaux modèles de presse qui s’affranchissent de la surpuissance publicitaire celle-là même qui oblige aujourd’hui l’Equipe, le Parisien, RMC, BFM à licencier massivement.

Paradoxe de ce moment si particulier où nous n’avons jamais eu autant besoin d’informations et où la presse n’a jamais semblé aussi moribonde.

So Good et légendes nous apportent peut-être un début de réponse.

Deux formats hors norme, qui redonnent vie à deux des moteurs de l’information et de la presse que le digital et le tout numérique ont tué : le temps (d’écrire et de lire) et la quête de sens dans un monde qui n’en a plus guère.

Que la révolution de l’information que l’on sent émerger pour les radios ( avec les podcasts, la radio que l’auditeur se crée), que l’on sent émerger en télévision avec les images rien que les images du site bRUT, que l’on a vu émerger dans le secteur de l’investigation avec  l’incontournable mediapart, et dans le monde de l’économie avec l’aventure de Alternatives économiques, gagne désormais grâce à LEGENDES et à SO GOOD la presse magazine, celle qui, dans tous les sens du terme, nous a élevé et nous élèvera demain.