Emmanuel Baudin, secrétaire Général de FO pénitentiaire, affirme que l’espérance de vie des surveillants de prison est de 62 ans.
Vrai Faux : la colère des surveillants de prison.
Le blocage des centres pénitentiaires se poursuit, après l’agression de 3 surveillants dans le pas-de-Calais. Les 27 000 gardien que comptent nos prisons n’en peuvent plus, selon Emmanuel Baudin, secrétaire Général de FO pénitentiaire.
"On est sous-payés : on commence à 1400 euros, quand on sait qu'on a une espérance de vie de 62 ans"
L’espérance de vie des surveillants de prison est de 62 ans. Vrai ou faux ?
C’est faux. Les surveillants de prison ont un travail pénible, mais ils ne vivent pas 20 ans de moins que les autres. Selon la plus récente enquête (publiée en 2017) de la Caisse des Dépôt, les fonctionnaires « actifs », donc surveillants de prison, policiers... peuvent espérer vivre, à 60 ans, jusqu'à 81 ans en moyenne (et 87,4 ans pour les femmes) : c'est neuf mois de moins, pour les hommes uniquement, que l'ensemble des Français.
Maintenant, une autre étude a été conduite sur les seuls surveillants par l'institut de veille sanitaire, qui a étudié, pendant 18 ans, la mortalité de 30 000 gardiens : elle a plutôt montré une sous-mortalité pour la plupart des pathologies. Les surveillants et surveillants retraités meurent moins de problèmes cardiaques, de cancers, de troubles psychologiques. Cela s’explique par une sélection au départ (ceux qui choisissent cette profession sont en meilleure santé.) En revanche, et c’est très net : leur taux de suicide est beaucoup plus élevé que dans la population générale : 22% de plus. Stress, violences, dévalorisation sont des réalités quotidiennes.
Emmanuel Baudin pointe des salaires de misère.
C'est exagéré. Le salaire d’entrée dans la profession est bien de 1.466 euros, c'est celui des étudiants-stagiaires. Mais il augmente ensuite, et surtout, il omet de mentionner les primes. Prime de sujétion spéciale (c’est un métier à risque), prime de dimanche, de jour férié, de nuit. Elles pèsent 30,3% de la rémunération totale des gardiens, dont le salaire net moyen atteint 2.258 euros en 2015, selon le dernier rapport de la DGAFP (les cadres de l’administration pénitentiaire gagnent un peu plus : en moyenne 2.765 euros net)
Donc le salaire est important, mais il ne fait pas tout. Les conditions de travail, souvent déplorables, pèsent sur le climat général. A cause d’une organisation ubuesque. Un exemple. Le nombre de surveillants par détenu a peu évolué ces dernières années : cela veut dire qu’on a recruté à mesure que la population carcérale augmentait. Mais pas suffisamment pour assumer les nouvelles tâches. Les surveillants doivent faire des écoutes téléphoniques, des extractions judiciaires désormais, gérer des unités de vie familiale. Tout cela sans poste supplémentaire. Dans les maisons d’arrêts, ou la surpopulation atteint 140%, on peut avoir le même nombre de gardiens que dans une maison centrale où il reste de la place. Le temps de travail est organisé à flux tendu, en multipliant les heures supplémentaire : les personnels sont épuisés, le tut dans un contexte de violence qui augmente. Le taux d’agression des gardiens a plus que doublé depuis 2012. La Cour des Comptes ne cesse d’éreinter cette organisation hyper-centralisée, défaillante, et elle pointe l'absence de vision politique : On peut condamner administrativement un détenu qui a été violent, mais que fait-on ensuite ? Quel encadrement sera mis en place, sur le terrain, pour que cette violence cesse ? Les campagnes d'affichage se sont succédées, mais depuis des années, il n'y a rien eu de concret.