Présidentielle américaine : les sondeurs se sont-ils trompés encore une fois ?

Comme en 2016, Donald Trump et ses partisans ont fait mentir les sondages.
Comme en 2016, Donald Trump et ses partisans ont fait mentir les sondages. © Théo Maneval
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Ugo Pascolo , modifié à
Comme en 2016, Donald Trump semble une nouvelle fois déjouer tous les pronostics de l'élection présidentielle américaine. Donné largement en retard dans les sondages depuis des mois, il est désormais au coude-à-coude avec son rival Joe Biden.
DÉCRYPTAGE

Un remake de 2016 ? Favori depuis des mois avec 8 points d'avance en moyenne dans les sondages pour la course à la Maison-Blanche, Joe Biden devrait remporter le scrutin présidentiel américain. À la veille de "l'Election Day", le très respecté statisticien américain Nate Silver estimait même que Joe Biden avait 90% de chances de l’emporter, tout en notant que les 10% de chances de Donald Trump sont 'réelles'.

Si de nombreux sondeurs avaient prévenu que l'élection pourrait être disputée dans de nombreux Etats-clés, le vote en faveur du président sortant a été encore une fois sous-estimé. Mais faut-il y voir un échec des instituts de sondage, comme il y a quatre ans ? Europe 1 ouvre le débat. 

"Un échec abyssal des sondages"

Le duel Biden-Trump se révèle être très serré. Selon les derniers chiffres disponibles en début de soirée, le démocrate a remporté 227 grands électeurs, contre 213 pour le républicain. Un coude-à-coude à quelques encablures seulement des 270 grands électeurs nécessaires pour remporter l'élection. Si le résultat est encore incertain, sept États n'ayant pas achevé le dépouillement, Donald Trump a donc selon toute vraisemblance fait mentir les sondeurs, comme en 2016 contre Hillary Clinton.  

"Le premier constat, c'est qu'on est face à un échec abyssal des sondages", confirmait jeudi midi sur Europe 1 Benjamin Haddad, chercheur en relations internationales. "Quel que soit le gagnant, on voit une image beaucoup plus serrée que ce que nous prédisaient à la fois les sondages et beaucoup d'experts."  

Des marges d'erreurs pas assez pondérées ? 

Pourtant, après leur échec à prédire l'ascension du milliardaire jusqu'à la Maison-Blanche, les sondeurs américains avaient clamé haut et fort avoir corrigé leur copie pour obtenir des marges d'erreurs plus pondérées. Mais "ils n'ont pas assez pondérés", commente avec un brin de malice quelques heures plus tard au même micro l'ex-directeur général de la Banque mondiale, Bertrand Badré.

Pour ce proche d'Emmanuel Macron, la situation est d'autant plus troublante que ce sont non seulement "les sondeurs, mais aussi la communauté des analystes et les grands médias américains, qui se sont un peu intoxiqués avec l'idée que cette fois-ci c'était différent". 

"Il a pris tout le monde de court"

Pourtant, à l'image de la Floride, le plus important des "swing states" qu'il a remporté, Donald Trump a su s'imposer dans des États-clés. "Il a pris tout le monde de court une fois de plus", résume Bertrand Badré, qui pointe une des stratégies du président. "Sur le sujet spécifique des latinos américains, notamment en Floride ou au Texas où cette communauté est très présente, Donald Trump a dépeint Joe Biden comme un communiste, ce qui a pu effrayer cette population."

"Ces populations ont été victimes de la crise du Covid-19 et ont pu apprécier le discours de Trump contre le confinement", avance pour sa part Benjamin Haddad, "évoquant un réservoir caché de voix chez les minorités" en faveur de Donald Trump. Plus largement, le chercheur pointe que l'on a assisté à une forte "mobilisation de sa base [électorale] qui lui est restée fidèle, enthousiaste"

Attendue par les soutiens du milliardaire républicain, la "vague Trump" qui s'affichait jusqu'ici dans la rue a donc bel et bien pénétré dans les bureaux de vote. Et si cela est déjà en soi une petite victoire pour Donald Trump, reste à savoir maintenant si elle sera assez puissante pour le maintenir à flot dans le bureau ovale.