Vice-président de Barack Obama de 2009 à 2017, Joe Biden a reçu le 18 août 2020 l’investiture du Parti démocrate pour l’élection présidentielle de novembre. Souvent décrit comme peu éloquent, Joe Biden a déjà candidaté deux fois à la Maison Blanche, en 1988 et en 2008. Au sein du parti démocrate, il fait figure de modéré, ayant réussi dans le cadre de la campagne de 2020 à se concilier l’appui de l’aile gauche, emmenée par Bernie Sanders.
Quel est le parcours politique de Joe Biden ?
Issu d’une famille catholique irlandaise, avec de lointaines origines françaises, Joe Biden est né le 20 novembre 1942 en Pennsylvanie. Après un premier diplôme d’histoire et de sciences politiques, il a intégré à la fin des années 1960 la prestigieuse faculté de droit de Syracuse.
En 1972, Joe Biden fait son entrée au Sénat des Etats-Unis, comme élu du Delaware sous l’étiquette démocrate. Il sera réélu à ce poste six fois d’affilée. Il se distingue notamment par sa contribution à la rédaction de lois luttant contre les violences domestiques faites aux femmes et le narcotrafic. À la fin des années 1990, Joe Biden élargit sa stature internationale. En tant que membre du comité des affaires étrangères au Sénat, il effectue des déplacements en Afghanistan après les attentats du 11 septembre 2001, vote en faveur du Patriot Act qui renforce l’arsenal de lutte contre le terrorisme et soutient, en 2002, l’intervention de son pays en Irak. En 2007, il s’oppose toutefois au renforcement des effectifs sur place, estimant que les Etats-Unis devraient se concentrer sur la reconstruction en Afghanistan.
Monsieur le vice-président
Engagé dans la course pour l’investiture démocrate en 2008, il critique notamment le manque de connaissance du candidat Barack Obama en matière de politique étrangère. Mais Joe Biden se retire rapidement, sans prendre parti entre les candidats restants. En août 2008, Barack Obama annonce l’avoir choisi comme colistier. Après l’élection de ce dernier, Joe Biden devient officiellement le 47e vice-président des Etats-Unis, le 20 janvier 2009, succédant à Dick Cheney. Il est le premier catholique à ce poste.
Vice-président relativement effacé, son influence sur le président semble moindre que celle de ses prédécesseurs. Il soutient le désengagement des Américains en Afghanistan, et, au cours du second mandat de Barack Obama, est chargé d’élaborer un projet de loi encadrant le port des armes. Il se heurte néanmoins à l’opposition du Congrès, alors majoritairement républicain.
La campagne de 2020
Le 25 avril 2019 Joe Biden annonce sa candidature aux primaires démocrates en vue de l’élection présidentielle de novembre 2020. Aussitôt présenté comme favori, il réalise un début de campagne plutôt laborieux, essuyant de nombreuses attaques quant à son âge, sa fortune personnelle ou encore certaines de ses prises de position passées, contre le mariage homosexuel par exemple. Sa campagne ne décolle véritablement qu’en mars 2020, et se voit rapidement confortée par les renoncements de Michael Bloomberg et Bernie Sanders. Son investiture ne fait alors plus aucun doute. Joe Biden réussit à fédérer autour de lui un parti démocrate échaudé par la défaite surprise d’Hillary Clinton en 2016, celle-ci ayant notamment souffert de la forte défiance de l’aile gauche à son égard.
La crise sanitaire et économique déclenchée par le Covid-19 frappe de plein fouet les Etats-Unis au printemps 2020. Le manque de réactivité de La Maison Blanche offre un angle d’attaque contre Donald Trump à Joe Biden, qui incarne désormais aux yeux des commentateurs une forme de retour aux années Obama. Le choix comme colistière de Kalama Harris, sénatrice afro-américaine de Californie, réputée excellente débatteuse, adresse un message fort aux minorités, alors que le pays a été secoué en mai et juin par de gigantesques manifestations contre le racisme et les violences policières.
De son côté, Donald Trump, dans ses prises de parole, a affublé son adversaire du sobriquet de "sleepy Joe" (Joe l’endormi), une technique oratoire déjà utilisée en 2016 avec Hillary Clinton, devenue dans la bouche du milliardaire "crooked Hillary" (Hillary la tordue). Il a plusieurs fois accusé Joe Biden de vouloir truquer l’élection, alors que dans un contexte sanitaire compliquée une majorité d’Américains pourrait avoir recours au vote par correspondance.
Mari endeuillé et père meurtri
La vie privée de Joe Biden a été marquée par plusieurs drames personnels. En décembre 1972, sa première épouse Nancy et sa jeune fille Naomi, âgée de treize mois, sont tuées dans un accident de voiture, après que leur véhicule eut été percuté par un tracteur de semi-remorque. Joe Biden élève seul ses deux fils restants, avant de se remarier en 1977 avec Jill Tracy Jacobs, une enseignante. Le couple a un enfant, Ashley, née en 1981.
Son aîné, Beau Biden, qui avait également embrassé une carrière politique, est mort le 30 mai 2015 des suites d’une tumeur cérébrale. Membre de la réserve américaine, il avait participé à une mission en Irak. Joe Biden lui rend hommage dans un discours en septembre 2020, réagissant à des propos de Donald Trump qui avait qualifié de "pigeons" les soldats américains tombés au combat.
À 77 ans, Joe Biden a déjà souffert de sérieux problèmes de santé. Il a été victime de deux attaques cérébrales et d’une embolie pulmonaire. Durant la campagne présidentielle de 2020, il fait publier par son médecin traitant un bulletin de santé, mais refuse de se soumettre à un test neurologique. S’il remporte le scrutin, il deviendrait le président américain le plus âgé au moment de son entrée en fonction.
Accusations de racisme et de viol
Au fil de sa carrière, Joe Biden a fait polémique pour différentes déclarations hasardeuses, qui lui ont valu d’être surnommé "la machine à gaffes" par certains journaux américains. Surtout, il s’est vu taxé de racisme à plusieurs reprises. En 2008, il considère que Barack Obama est "le premier Afro-Américain qui s'exprime bien". "Les enfants pauvres sont aussi intelligents que les enfants blancs", lâche-t-il en 2019, lors d’un discours dans l’Iowa, avant de se corriger dans la foulée. Une phrase largement relayée dans la presse. Le 22 mai 2020, au micro d’une radio new-yorkaise, il assure : "Si vous n’arrivez pas à choisir entre Trump et moi, alors c’est que vous n'êtes pas noir". Devant le tollé provoqué, Joe Biden présente ses excuses, reconnaissant avoir été "désinvolte".
Joe Biden a également été accusé à plusieurs reprises d’agression sexuelle. En mars 2019, une ancienne élue démocrate assure qu’il l’a embrassée à la tête sans son consentement. Dans les jours qui suivent, plusieurs femmes évoquent des gestes déplacés. Le 15 avril 2020, il est accusé de viol par une ancienne assistante, Tara Reade, ce qu’il dément formellement.