L'immobilier ne connaît pas la crise (sanitaire)

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Nicolas Barré, édité par Océane Herrero , modifié à
Des chiffres révélés par les notaires concernant les transactions immobilières révèlent que le marché ne s'essouffle pas malgré la crise sanitaire. Les prix continuent d'augmenter et les centre-villes restent très demandés par les Français, pour qui la pierre est une valeur refuge en temps de crise.

L'année 2020 ne sera pas la meilleure de l'histoire de l'immobilier, mais elle ne sera pas non plus la pire : selon des chiffres révélés par les notaires, l'engouement des Français pour l'immobilier ne faiblit pas. Une bonne nouvelle pour les propriétaires, mais moins pour les acheteurs. L'année 2019 avait été record avec plus d’un million de transactions immobilières dans toute la France dans l’ancien. Mais contre toute attente, les acheteurs ont une nouvelle fois été nombreux en 2020, malgré les confinements et le ralentissement économique.

Des Français concentrés sur leurs projets immobiliers

Ainsi, les transactions n'ont baissé que de 5% sur un an, selon des chiffres récoltés par les notaires en septembre. Selon Frédéric Violeau, président de l’Institut notarial de droit immobilier du Conseil supérieur du notariat, "on devrait atteindre 970.000 à 980.000 transactions en 2020". En effet, les acquéreurs ont trouvé des manières de réaliser leurs projets immobiliers malgré la crise sanitaire : la signature des actes de vente à distance s'est développé, les offices de notaires sont restés ouverts et les déménagements ont été autorisés durant les confinements.

Des prix qui continuent d'augmenter

Cette résistance du marché a soutenu les prix, qui, contre toute attente, ont encore augmenté en 2020. L'ouest de la France est particulièrement dynamique avec une hausse des prix de l'ancien de +14% à Rennes et de +13% à Nantes. Lyon, Lille, Marseille voient également le prix au mètre carré augmenter de 10%. Ces chiffres illustrent cependant une nouveauté : pour la première fois, les prix ont augmenté plus vite en province qu'en Île-de-France (+7,1% en province pour les appartements, contre +6,1% en Île-de-France). Paris ne perd pas pour autant son titre de ville la plus chère de France : un mètre carré coûte en moyenne 10.640 euros, soit plus du double de la deuxième ville la plus chère de France, qui est Lyon (4.770 euros le mètre).

Assiste-t-on à une ruée en province ? Pas vraiment : les chiffres d'ensemble viennent contredire l'idée selon laquelle les citadins auraient massivement fui les villes pour se mettre au vert, au bénéfice du télétravail. Dans les faits, les centre-villes restent très convoités. Certains Français, même s'ils sont rares, ont tout de même fait le choix de déménager à la campagne après l'expérience du confinement. "Ce n'est pas quelque chose qui s'est fait d'un coup, il a fallu qu'on s'imagine ici à l'année, et on a eu deux mois et demi pour le faire", confiait ainsi une maman auprès d'Europe 1. "On a fait ça pour notre petit garçon. Pendant tout ce confinement, on l'a vu se métamorphoser, évoluer dans la campagne, dans la nature."

Un marché quasiment déconnecté de l'économie

Pour beaucoup de Français, la pierre constitue une valeur refuge en ces temps de crise et la chute des prix, tant attendue mais qui ne vient pas, semble leur donner raison. Les banques, de leur côté, continuent d'accorder des crédits immobiliers en masse. Le marché immobilier semble donc de plus en plus déconnecté de la santé de l'économie puisque les prix progressent trois fois plus vite que le pouvoir d'achat des Français. Cela a malgré tout des conséquences sur leur comportement d'achat : en moyenne, la surface finançable - calculée sur la base d'une mensualité de 800 euros pendant 20 ans, et sans apport, est de 55 mètres carrés sur l'ensemble de la France. En 2019, elle s'établissait à 56 mètres carrés.