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François Asselin, le président de la Confédération des petites et moyennes entreprises, s’est agacé mardi sur Europe 1 face à ceux qui réclament une augmentation de salaires pour tous les salariés. Pour lui, il faut d’abord penser à préserver les emplois et relancer la machine économique.
INTERVIEW

Nombre de salariés ont souffert et souffrent encore des conséquences de la crise du coronavirus. Si bien que certains, à l’image de Laurent Berger, réclame qu’une discussion sur la hausse des salaires soit enclenchée. Et ça, ça ne plait pas à François Asselin, le président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME). "Ça commence à m’irriter, ce discours, cette petite musique", a-t-il réagi mardi sur Europe 1. "Comment fait-on quand on ne sait déjà pas garder ses salariés ? Augmenter les salaires, c’est quand on a des salariés. Donc si on n’arrive pas à relancer la machine, malheureusement, les salaires ne risquent pas d’être augmentés."

Selon François Asselin, "il faut d’abord créer de la richesse avant de la dépenser. En clair, il faut d’abord avoir du travail et avoir une paye à la fin du mois pour avoir du pouvoir d’achat et dépenser. Donc le plus important c’est de pouvoir de pouvoir garder un maximum de travail pour un maximum de Français. C’est ça la solution", a-t-il martelé.  

Outre les salariés, beaucoup de petites entreprises, comme des moyennes et des plus grandes, souffrent encore des mesures décidées par le gouvernement pour empêcher la propagation du coronavirus. Et malgré les mesures décidées pour les accompagner dans ces temps difficiles, tels que le report des charges ou des prêts garantis par l’Etat, certains ont dû mettre la clé sous la porte. Selon François Asselin, ces mesures, si elles étaient nécessaires, pourraient avoir une conséquence bien plus perverse à moyen terme.

"A un moment ou à un autre, il faudra rembourser les prêts"

"Ce qu’a fait le gouvernement est à la hauteur de ce qu’il fallait faire mais ce sont soit des décalages de charge soit des prêts, et des prêts ça se rembourse. Donc on a poussé le tas de sable et à un moment ou un autre, il faudra rembourser ces décalages et rembourser les prêts", prévient ainsi François Asselin sur Europe 1. "Lorsqu’il faudra passer au remboursement et que vous sortirez rincé de cette crise, il faudrait éviter qu’il y ait une deuxième vague de défaillance parce que là, effectivement, ce sera très compliqué pour relever la tête économique de notre pays", poursuit le représentant. 

La situation d’Eric illustre cette crainte d’une deuxième vague de défaillances d’entreprises. Cet auditeur d’Europe 1, travailleur indépendant, a raconté sur notre antenne avoir ouvert une salle d’arts martiaux à Paris en juillet. Il n’a pas de salariés, mais en l’absence de recettes, sa dette de loyers, très importants à Paris, s’accumule. D’où un dilemme : faut-il arrêter les frais maintenant ou tenter d’attendre que la situation retourne à la normale.

"Il se pose la question d’arrêter son activité avant de creuser un trou qu’il ne pourra pas remplir, ou d’essayer serrer les dents pour voir si ça passe. Ce sont des questions que se posent tous les entrepreneurs, qu’ils aient ou non des salariés", confirme François Asselin. "Dans le cas d’Eric, il a zéro recette, par contre ses dépenses ne se sont pas arrêtées. C’est ce que je vous disais. Le jour où il faudra rembourser tout cela, même si vous réouvrez, vous risquez de voir que votre modèle économique ne tint pas la route. Donc c’est effectivement des situations très angoissantes".

François Asselin en appelle donc aux autorités. "Là où il faut être très vigilant, c’est que les entreprises qui avaient un modèle économique solide avant la crise puissent continuer à exister après cette crise. Nous appelons le gouvernement à continuer à soutenir nos entreprises et des pans entiers de notre économie", a-t-il lancé.