Comment relocaliser et réindustrialiser en France ?

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La crise du coronavirus a cruellement mis en lumière la nécessité pour certaines industries de se rapprocher des citoyens. Le député LREM Guillaume Kasbarian, auteur du rapport "cinq chantiers pour simplifier et accélérer les installations industrielles", donne sur Europe 1 des pistes pour attirer entreprises et investisseurs.
INTERVIEW

Les conséquences économiques de la crise liée à l’épidémie de coronavirus sont encore loin de pouvoir être évaluées. Mais pour beaucoup, cette crise a déjà mis en lumière la trop grande dépendance des pays européens, dont la France, par rapport aux pays asiatiques, dans certains secteurs industriels. L’enjeu des prochains mois sera donc d’attirer des investisseurs dans le pays pour redynamiser notre économie. Le député LREM Guillaume Kasbarian, auteur en septembre du rapport "cinq chantiers pour simplifier et accélérer les installations industrielles", livre quelques pistes sur Europe 1.

Alléger le fardeau administratif

Il s’agit pour l’élu du "point sur lequel il faut mettre l’accent" : la simplification administrative. "Aujourd’hui, par rapport à nos voisins, on a un fardeau administratif qui est beaucoup plus lourd", constate Guillaume Kasbarian. "C’est souvent le parcours du combattant pour les industriels quand ils souhaitent étendre une ligne de production ou créer une nouvelle usine en France. C’est un peu comme les 12 travaux d’Astérix où on les envoie d’un bureau à l’autre. Et ça met des années parfois à se concrétiser..."

Pour le député, il faut desserrer l’étau administratif. "J’ai proposé à travers ce rapport un certain nombre de mesures qui permettent de sécuriser les porteurs de projet, qui permettent d’encourager les collectivités et les acteurs locaux à mener des études en amont pour faciliter les choses", énumère l’élu d’Eure-et-Loir. "Qui permettent aussi d’autoriser les préfets à mener des dérogations et accélérer le processus, de mieux coordonner l’ensemble des procédures environnementales, archéologiques, de permis de construire, qui peuvent être très lourdes et dissuader des investisseurs ou des industriels de créer des entreprises en France. C’est un chantier majeur."

Ne pas opposer écologie et industrie

L'allègement des démarches entraînera-t-il une moins grande exigence, en matière écologiques notamment ? "Le but n’est absolument pas de remettre en cause nos normes environnementales", assure Guillaume Kasbarian. "D’autres pays, comme l’Allemagne et la Suède, sont très bons sur la partie environnementale et très bon sur la partie administrative."

Et quid des industries dites traditionnelles, plus polluantes par nature. "Il ne faut pas opposer les secteurs d’hier et de demain", répond le député LREM. "Vous avez des industries traditionnelles (comme l’aéronautique ou l’automobile), qui sont en pleine transformation, quoi sont en train d’inventer le véhicule écologique de demain, l’avion décarbonée. Il y a beaucoup de secteurs qui se renouvellent et qui proposent énormément de nouveaux produits, de nouvelles technologies du futur, très respectueuse de l’environnement."

Ne pas se battre à tout prix sur les coûts

Reste un problème de taille : celui des prix des produits fabriqués en France. En raison notamment de la main d’ouvre beaucoup moins chère en Asie, Les produits made in France ont du mal à exister. "Il ne faut pas raisonner exclusivement en termes de coût et de coût du travail. Si l’objectif c’est de produire exactement les mêmes produits qu’en Chine ou qu’en Inde, bien évidemment que ça coûtera plus cher", explique Guillaume Kasbarian. "La compétition sur le bas coût ne s’arrête jamais. Vous trouverez toujours un pays qui produit moins cher que vous."

Alors la solution, pour l’élu LREM, c’est la qualité. "L’objectif, c’est de se différencier", assène-t-il. "Un produit fabriqué en France, vous pouvez en être fier, parce qu’il est justement fabriqué en France, qu’il contient plus de technologies, qu’il est plus innovant, plus sûr, et qu’il y a tout un univers de services associés, donc il est meilleur que celui de mon concurrent qui est produit ailleurs dans le monde. L’objectif, ce n’est pas l’extrême concurrence sur le coût, c’est la différenciation et la production de qualité. Et je suis sûr qu’on est capables de le faire", résume le député en conclusion.