Il y a actuellement environ 8,6 millions de salariés en chômage partiel en France. 1:25
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À partir du 1er juin, le chômage partiel ne sera plus pris en charge à 100% par l'État. Les entreprises devront assumer une partie du coût si elles souhaitent continuer à utiliser le dispositif. Une décision que regrettent le Medef et la CPME. Selon elles, cela risque d'entraîner des licenciements économiques.

Pour accélérer la reprise de l'activité, le gouvernement durcit les conditions d'accès au chômage partiel. Depuis le début du confinement, les salariés placés en activité partielle perçoivent une rémunération correspondant au minimum à 70% de leur salaire. Jusqu'ici, l'État et l'Unédic prenaient en charge l'intégralité de ces 70%. Ce ne sera plus le cas à partir du 1er juin : la part de l'État descendra à 85%, soit 60% du salaire brut, mesure qui vise à inciter les entreprises à reprendre leur activité. Car l'employeur devra assumer le reste, au grand dam des organisations patronales.

"C'est clairement une mauvaise nouvelle", déplore au micro d'Europe 1 Jean-Eudes du Mesnil du Buisson, secrétaire général de la CPME, la Confédération des petites et moyennes entreprises. "Cela veut dire que là où l'employeur était remboursé à 100% pour les salaires d'une personne en activité partielle, demain le coût restant pour lui sera de 15% des salaires en question. C'est un surcoût non-négligeable en ce moment", estime-t-il. Il faut en effet appliquer cette différence aux quelque huit millions de salariés actuellement en chômage partiel.

"Mieux vaut le chômage partiel que le chômage"

"Nous avions demandé à la ministre du Travail que la modification intervienne plutôt à partir du mois de septembre. Les entreprises n'ont pas une visibilité suffisante, beaucoup d'entre elles viennent tout juste de reprendre leur activité, dans des conditions sanitaires difficiles et avec un coût économique supplémentaire", explique Jean-Eudes du Mesnil du Buisson. un avis partagé par le Medef. "On sait que la période de reprise est une période à risques. La France ne va pas retrouver un niveau d'activité normale immédiatement", souligne Fabrice Le Saché, vice-président de l'organisation patronale.

En ce moment charnière, le Medef estime qu'il faut en priorité "protéger le lien avec le salarié". Mais Fabrice Le Saché prévient : avec un chômage partiel plus cher, il risque d'y avoir des licenciements. "C'est la pire des solutions. Cela coûtera plus cher à la collectivité, les entreprises perdront des compétences et des gens se retrouveront sans emploi. Il vaudrait mieux quelques semaines de chômage partiel en plus plutôt que du chômage pur et simple."

Appel à une stabilité des règles

Reste que les demandes du patronat n'ont, semble-t-il, pas été entendues par le ministère du Travail. Mais la CPME compte donner de la voix par la suite et réclame déjà de la stabilité. "Ce qui serait pire que tout maintenant, ce serait de changer continuellement les règles. Cette modification ne nous satisfait pas, elle est là. Mais il ne faudrait pas qu'il y ait d'autres baisses programmées dans les mois à venir", appelle Jean-Eudes du Mesnil du Buisson. "On a besoin de visibilité, c'est crucial. Il faut que le ministère fasse savoir combien de temps la prise en charge à 60% va durer."

L'État continue toutefois de prendre en charge en intégralité le chômage partiel dans les secteurs qui sont dans l'incapacité de redémarrer : tourisme, hôtellerie-restauration, événementiel, etc. Mais ce n'est pas suffisant pour le Medef. "Ce qu'on demande, c'est que les secteurs connexes à ceux qui sont soumis à l'interdiction administrative de rouvrir, bénéficient de la prise en charge à 100%", explique Fabrice Le Saché. "Une blanchisserie ou un grossiste qui travaillent pour des hôtels et des restaurants fermés sont tout autant en difficulté qu'eux."