Fin avril, le chômage partiel concernait en réalité moins de neuf millions de personnes. 1:13
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Les derniers chiffres publiés par le ministère du Travail font état de 12,7 millions de salariés français concernés par le chômage partiel. Mais ce chiffre est plus complexe qu'il y paraît car il ne colle pas à la réalité du terrain.
DÉCRYPTAGE

Le chômage partiel a battu record sur record pendant le confinement. Selon les dernières données publiées par le ministère du Travail, 1,3 million d’entreprises ont formulé une demande, pour 12,7 millions de salariés concernés. Mais attention, ce chiffre est à prendre avec des pincettes. Il ne correspond en effet pas à la réalité au sein des entreprises. Explications.

Plutôt 8,6 millions de salariés en chômage partiel

Il n’y a pas aujourd’hui, 12,7 millions de personnes au chômage partiel. Comme tous les chiffres annoncés par la ministre du Travail Muriel Pénicaud depuis le début de la crise, celui-ci correspond aux demandes d'autorisation préalable formulées par les entreprises souhaitant avoir recours au chômage partiel. Elles y renseignent le nombre de salariés concernés et le cumul d'heures que cela représente. Il s'agit donc uniquement d'un recensement de demandes administratives et non d'une réalité empirique.

Pour vérifier la véracité de ce chiffre, la Dares a réalisé une vaste enquête de terrain auprès de 38.000 entreprises, qu'elle a ensuite croisée avec le nombre de demandes. Résultat : le chômage partiel concernerait en réalité 8,6 millions de salariés, soit un écart substantiel de quatre millions de personnes.

Les entreprises ont vu large par précaution

Comment expliquer une telle différence ? Déjà, tous les dossiers déposés ne sont pas automatiquement acceptés. Un exemple parmi d'autres : Amazon. Après l’arrêt de l’activité dans les entrepôts, le géant du e-commerce a déposé une demande de chômage partiel. Demande refusée quelques jours plus tard par le ministère du Travail.

Surtout, il y a un décalage entre ce qui est demandé et ce qui est finalement appliqué. Étant donnée l'absence de visibilité engendrée par le coronavirus et le confinement prolongé, les entreprises ont vu large au moment de faire leur demande auprès du ministère du Travail. Mais elles n’ont pas forcément utilisé la totalité du nombre d’heures demandé. Résultat, les demandes d'indemnisation, qui se font après application du chômage partiel et recensement des salariés réellement concernés, sont moins importantes que les demandes préalables.

Quoi qu’il en soit, la reprise très progressive de l’activité semble se profiler. Toujours selon la Dares, fin avril, avant même le déconfinement, 12% des salariés travaillaient dans une entreprise dont l’activité était totalement arrêtée. C’est sept points de moins qu’en mars.