Princesse Diana avec ses fils Harry et William 1:26
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Solène Delinger , modifié à
Le 31 août 1997 disparaissait Diana dans un terrible accident de voiture à Paris. 25 ans après, la "princesse du peuple" continue de faire parler d'elle dans le monde entier. Icône éternelle au destin brisé, elle a laissé derrière elle un riche héritage, que perpétuent ses fils Harry et William à travers leurs engagements humanitaires. Une princesse qui a transformé à tout jamais la monarchie britannique.

C'était il y a 25 ans. Le 31 août 1997, le Royaume-Uni se réveille en deuil, engourdi par le choc d'une terrible nouvelle qui a traversé la Manche : Diana Spencer, dite Lady Di, est morte à Paris, après un tragique accident de voiture dans le tunnel du pont de l'Alma. La mère des princes Harry et William, accompagnée de son amant Dodi Al Fayed, fuyait alors les paparazzis qui la traquaient depuis sa sortie du Ritz. Le choc est planétaire, l'émotion internationale.

Vingt-cinq ans après, la "dianamania" a disparu mais le souvenir de la princesse, lui, est plus vivant que jamais. Notamment grâce à ses fils, qui perpétuent son héritage en exprimant leurs sentiments, pour Harry, et en poursuivant tous les deux l'engagement humanitaire de leur mère. Le premier héritage de Lady Di est d’avoir totalement transformé l’image renvoyée par la monarchie britannique à travers le monde. L’empathie et la sensibilité de la princesse ont durablement adouci le visage de l’institution, jadis perçue comme froide et déconnectée, incapable d’être en phase avec les aspirations du peuple.

Elle a aboli le fossé creusé entre la couronne et le peuple

Lady Di a aboli ce fossé, creusé par des années de silence et de traditions. Et, elle l’a fait très rapidement, dès son arrivée chez les Windsor. Elle épouse le prince Charles en 1981, à seulement 20 ans. Lui en a déjà 33, et n’est pas vraiment le royal le plus rock’n’roll de la famille. "Elle était bien plus jeune que Charles et elle avait beaucoup plus d'empathie", souligne Katia Alibert, journaliste et autrice de Diana, une princesse en héritage. A l'époque, Diana apporte une bouffée d’air frais à la monarchie en s’éloignant des convenances et en montrant son vrai visage : celui d’une jeune femme prête à tout pour vivre son conte de fées.

Le désir de Diana d’être acceptée par sa belle-famille attendrit les Britanniques. Car Elizabeth II et son époux le prince Philip ont poussé leur fils Charles dans les bras de Diana, non pas pour ses beaux yeux, mais parce qu’elle était, selon leurs critères, la fiancée idéale : protestante, de sang noble et vierge. Les Windsor y voient leur intérêt, alors que Charles a une liaison amoureuse depuis 1970 avec une femme mariée, Camilla Parker Bowles. C’est dans ce contexte que Diana débarque chez les Windsor, pleine d’aspirations et pourtant déjà en proie à quelques désillusions. Elle le sait, son mari, Charles ne l’aime pas. Il le lui a dit face à des millions de téléspectateurs, lors de l’annonce de leurs fiançailles.

Quand le journaliste demande alors au prince de Galles et à Diana s'ils sont amoureux, la princesse répond immédiatement : "Bien sûr !". Charles, de son côté, réplique : "Tout dépend de ce qu'on entend par 'être amoureux'. C'est ouvert à interprétation."

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Elle a bouleversé la relation entretenue par les Windsor avec les médias

Malgré la naissance de leurs deux fils, William, en 1982, et Harry, en 1984, Charles et Diana forment un couple incontestablement malheureux. Diana souffre, comme n’importe quelle épouse rejetée par son mari, voire même un peu plus que les autres. Tentatives de suicide, trahison du prince Charles, boulimie, séances de mutilation…

Dans une interview choc accordée au journaliste de la BBC Martin Bashir en 1995, Lady Di narre tous ses malheurs. Elle est alors séparée du prince Charles depuis trois ans. "La princesse du peuple" lâche, dans un sourire triste, qu’il y avait "trois personnes" dans son mariage, en référence à la relation que Charles entretenait avec sa rivale Camilla. Une médiatisation inédite dans l’histoire de la famille royale, qui préfère garder le silence en toutes circonstances. Ces confessions, trop violentes pour les Windsor, poussent Elizabeth II à ordonner à Charles et Diana de divorcer le plus rapidement possible.

Aux antipodes de la devise "Never complain, never explain" ("Ne jamais se plaindre, ne jamais se justifier"), sagement appliquée par la reine, Lady Di a donc livré ses états d’âme. A-t-elle été manipulée par Martin Bashir pour faire de telles confidences ? En 2021, un rapport indépendant a dénoncé les méthodes jugées "trompeuses" employées par le journaliste Martin Bashir pour obtenir cette interview. L'ancien juge de la Cour suprême John Dyson a dévoilé que l’intervieweur aurait falsifié des documents pour obtenir cet entretien. Selon son frère Charles Spencer, Diana s'est confiée dans cet entretien parce qu'elle était persuadée que la famille royale lui voulait du mal. 

Depuis cette fameuse interview puis le décès de leur mère, traquée par des paparazzis, William et Harry détestent la presse. Quand le duc de Sussex s'exprime, il choisit les journalistes à qui il souhaite parler, comme son ami Tom Bradby ou la papesse de la télé américaine Oprah Winfrey, proche de son épouse Meghan Markle. 

Traumatisé par la mort de Lady Di, Harry vit avec la peur que l'histoire se répète. C'est en partie pour cette raison qu'il a décidé de quitter Buckingham pour s'installer à Los Angeles avec Meghan. Cette prise de distance de la scène publique, qui a provoqué un véritable séisme, est intervenue après une année 2019 particulièrement éprouvante pour l'ancienne actrice. Dans un documentaire réalisé pendant le voyage du couple en Afrique du Sud, à l'automne 2019, la jeune maman confessait face à Tom Bradby sa difficulté à vivre sa surmédiatisation et la pression constante qui l’accompagne depuis son mariage avec le prince Harry.

Quelques jours avant le "Megxit", le petit-fils d'Elizabeth II dénonçait "la campagne impitoyable" menée contre son épouse et expliquait entamer des procédures judiciaires contre plusieurs tabloïds. "Ma peur la plus profonde est l'histoire qui se répète. J'ai vu ce qui se passe lorsque quelqu'un que j'aime est banalisé au point de ne plus être traité ou perçu comme une personne réelle. J'ai perdu ma mère et je vois maintenant ma femme devenir la victime des mêmes forces puissantes", écrivait-il dans un communiqué. 

Elle a donné un visage plus humaniste à la monarchie 

Après avoir médiatisé ses chagrins, Lady Di s'est servie de son audience pour défendre les causes qui lui étaient chères. Elle a notamment utilisé sa voix et son image pour la lutte contre le sida. "Les malades du sida ont besoin d'être embrassés, comme tout le monde" : personne n'a oublié cette phrase prononcée par la princesse au National Aids Trust, une association dont elle était la marraine.

A l'époque, l'objectif de Diana est clair : changer l'image de la maladie, encore mal connue. Et, le 9 avril 1987, sa poignée de main avec une personne atteinte du sida fait le tour du monde. Avec Lady Di, la monarchie n'est donc plus seulement un symbole, elle devient utile. "Diana donnait aux gens la sensation qu'ils étaient uniques et, avec ses engagements, elle a montré que les royaux pouvaient avoir du cœur", explique Katia Alibert. 

Outre sa lutte contre le sida, Lady Diana s'est engagée dans des dizaines d'organisations liées à la santé, à l'éducation et au bien-être animal. Son engagement contre les mines antipersonnel a marqué les esprits grâce à une photo : celle de Diana, protégée par un gilet pare-balles et un casque transparent, traversant en champ de mines en Angola, pays en guerre depuis 1975. Là-bas, elle rend aussi visite aux rescapés mutilés et alerte sur les blessures provoquées par les mines antipersonnel, même après la fin des conflits. "Même si le monde décidait demain d'interdire ces armes, ce terrible héritage continuera à peser sur les nations pauvres du globe", alerte-t-elle. 

L'influence de Lady Di est telle qu'elle contribue à la signature du Traité pour l'interdiction des mines antipersonnel (ou Traité d'Ottawa) le 3 décembre 1997 par 122 pays. 25 ans plus tard, son fils Harry a repris le flambeau. Il dénonce, malgré le traité, la lenteur du déminage dans certains pays d'Afrique.

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© The HALO Trust / AFP

Crédits : Bestimage

De leur côté, le prince William et son épouse Kate Middleton œuvrent pour plusieurs associations via la Royal Fondation, leur organisation philanthropique.   

Elle est devenue une icône de mode

Archétype de l'élégance, le style vestimentaire de Diana s'est inscrit à jamais dans la culture populaire. Il est même devenu une sorte de bible pour toutes les femmes de pouvoir et les têtes couronnées internationales, de Michelle Obama à Letizia d'Espagne. Au début des années 1980, avant son mariage avec Charles, Diana a pourtant un style classique. Elle arbore des cardigans imprimés, des jupes plissées ou encore des cols Claudine courts.

C'est après ses noces puis sa lune de miel que Lady Di s'affirme avec des looks plus modernes. La créatrice française Catherine Walker, installée à Londres depuis 1977, l'aide à identifier les coupes qui la flattent et à donner, via ses tenues, une vision contemporaine de la royauté.

Parmi les pièces marquantes de cette ère : la robe "Elvis", la robe bustier ornée de roses bleu et rose, celle en mousseline de soie bleu pâle portée à Cannes en 1987 et la robe sirène en sequins portées en mai 1989. C’est aussi à cette période que la princesse de Galles portera une robe longue en velours noire lors d’un voyage aux Etats-Unis où elle dansera avec John Travolta.

En tout, plus de 1.000 tenues portées par Lady Diana sont signées Catherine Walker. Après sa séparation avec Charles, au début des années 1990, Diana opte pour un vestiaire plus libéré : les robes sont courtes, décolletées, et la princesse les accessoirise avec de belles parures, notamment un choker de perles et diamants, son collier signature. 

A cette époque, Diana commence aussi à porter des pièces de designers étrangers à l’instar de Valentino, Versace, Dior, Chanel ou encore Christian Lacroix. Elle devient ainsi un symbole de la mode de l’époque à l’international. Parmi les silhouettes cultes portées par la princesse de Galles dans les années 1990 : une petite robe noire dévoilant les épaules et accessoirisée d’une traîne légère et d’un énorme collier de perles.

Cette création, signée de la designer de mode grecque Christina Stambolian, est plus connue sous le nom de la "revenge dress". Diana l'a portée lors d'une soirée Vanity Fair en juin 1994, juste après les aveux d'infidélité du prince Charles. 

25 ans après le décès de leur mère, les princes Harry et William se recueilleront en privé, chacun de leur côté. Selon le Daily Telegraph, les deux frères "ont décidé de tirer un trait sur leurs commémorations publiques". Harry a fait savoir qu'il passerait la journée en famille. "Tous les jours j’espère la rendre fière", a-t-il confié la semaine dernière aux Etats-Unis lors d’un dîner d’une association d’aide aux malades du Sida. "Je veux qu’il s’agisse d’une journée remplie de souvenirs de son travail incroyable et d’amour". Pour que jamais personne n'oublie qui était Diana...