Ecole 3:05
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Virginie Riva, Yasmina Kattou, édité par Mathilde Durand , modifié à
A quelques jours de la rentrée pour les élèves des écoles maternelles et primaires, le gouvernement doit préciser jeudi en fin d'après-midi les modalités de la reprise. Protocole sanitaire strict, autotests, tests salivaires : l'exécutif veut une "école sûre", alors que les enseignants et parents sont inquiets. 

Rentrée scolaire, J-4. Le retour en présentiel des élèves en maternelle et primaire, prévu lundi, était au menu des discussions du Conseil de défense sanitaire de l'exécutif. Ce jeudi, le Premier ministre, Jean Castex, accompagné par Olivier Véran, ministre de la Santé et Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Education, devrait détailler les modalités de cette reprise, particulièrement scrutée, lors d'une conférence de presse. A ce stade, le gouvernement s'orienterait vers un protocole sanitaire strict : une fermeture de classe dès l'apparition d'un seul cas de Covid-19.

Une continuité pédagogique à mettre en place

Ce protocole strict avait été testé une semaine avant la fermeture généralisée des établissements scolaires dans les dix-neuf départements alors confinés. Côté Education nationale, on sait à quel point cette mesure est complexe à mettre en œuvre. "Il est évident que si on était sur un cas-une fermeture, on passerait sans doute de 1.000 fermetures à 2.000, 3.000, 5.000, voire à 8.000, comme on l'a connu avant la période de vacances", explique Philippe Vincent, secrétaire général du SNPDEN.

Selon ce protocole, les élèves dont les classes seraient fermées pourraient ainsi se retrouver isolés pendant 7 à 10 jours. "Il faut mettre en place une espèce de continuité pédagogique adaptée à la classe, ce qui est encore très compliqué. On peut avoir un établissement qui fonctionne de manière quasi-normale, puis devoir mettre en place de l'enseignement à distance pour un ou plusieurs groupes isolés", note le syndicaliste.

Malgré les complexités, Jean-Michel Blanquer veut marteler le message suivant : "on veut une école sûre". Le retour au protocole antérieur, soit la fermeture d'une classe à partir de trois cas de Covid-19, semble de moins en moins privilégié ces dernières heures. Même si le ministère indiquait mercredi soir aux syndicats des personnels de direction que la décision finale serait probablement prise jeudi dans la journée.

Aller plus loin sur les cas contacts

Pour Guislaine David, secrétaire générale du SNUIPP, le retour d'un protocole strict va dans le bon sens. "C'est une demande que nous avions et que nous portons auprès du ministre déjà depuis une dizaine de jours, parce qu'il nous semble important de protéger les écoles", souligne-t-elle. "Cela évitera d'avoir une diffusion dans les autres classes et à l'intérieur même de la classe : cela permet de protéger à la fois les élèves, les personnels et les familles."

Elle appelle cependant à aller plus loin, notamment sur la règle des cas contacts. "Actuellement, les enseignants ne sont pas considérés comme cas contact quand il y a un cas de Covid dans les écoles", dénonce-t-elle. "Il faut pouvoir protéger nos enseignants qui ne le sont pas, malheureusement."

Autotests et tests salivaires 

Pour cette reprise, malgré une situation épidémique fragile, le ministère de l'Education nationale mise aussi sur les autotests. Selon nos informations, 52,5 millions de ces dispositifs de dépistage ont été commandés. L'objectif : les déployer dès lundi auprès du personnel de l'Education nationales. Pour les élèves, la Haute Autorité de Santé ne recommande les tests qu'à partir de 15 ans. Seuls les lycéens seraient donc concernés, lors de leur retour en présentiel prévu le 3 mai prochain. Mais là encore, les modalités de déploiement restent encore à préciser. Sur ce dossier, c'est un bras de fer entre Olivier Véran, qui veut faire des établissements des hôpitaux de campagne, indique un connaisseur du dossier, et Jean-Michel Blanquer, qui ne veut pas trop mêler les enseignants à ces autotests.

Une montée en puissance des tests salivaires est également sur la table. Avant cette dernière période de confinement, 300.000 tests étaient proposés par semaine. L'idée désormais est d'en avoir un million par semaine, proposés en priorité dans les zones où le virus circule intensément.

Pour le gouvernement, l'enjeu est énorme. Il est attendu au tournant sur cette reprise et doit trouver l'équilibre entre un retour massif des élèves en maternelle et primaire, et l'inquiétude des parents mais aussi du corps enseignant.