Hortense, qui vit à Pékin, raconte l'après-confinement aux enfants des "Petites voix". 3:56
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Séverine Mermilliod et Xavier Yvon , modifié à
Pour ce nouveau vendredi des "Petites voix", sur Europe 1, Hortense, qui vit à Pékin depuis 14 ans, raconte son quotidien de déconfinée à Sacha, 9 ans, Marius, 10 ans, Violette et Rosalie, 11 ans.

Sacha à New York, Marius et Violette en région Parisienne, Rosalie à Berlin... Depuis quelques semaines, des enfants racontent leur quotidien de confiné sur Europe 1. Cette fois-ci, ils questionnent Hortense, 14 ans, qui vit à Pékin. La Chine a été le premier pays confiné à cause du Covid-19... mais aussi déconfiné. Alors la jeune fille a beaucoup de choses à raconter à ses camarades du monde entier, qui eux ne savent pas encore comment se passera l'"après".

"Quelle est la meilleure chose que tu as fait avec le déconfinement ?"

"Sortir avec ma copine, ça a été le meilleur truc. [...] Pouvoir voir nos amis c'est beaucoup mieux, je me sens beaucoup plus libre", explique d'emblée Hortense.

Sacha, à New York, se demande si elle a pu profiter des magasins. "A Pékin, 90% de tous les magasins sont ouverts : les habits, les bibliothèques, les musées... presque tout", détaille la jeune fille. "Je n'aime pas trop le shopping mais tout ce que je peux faire, je fais. Je prends l'opportunité parce qu'on ne sait jamais ce qui peut se passer."

"Est-ce que c'est la même vie qu'avant ?"

En revanche même si elle se sent plus libre que confinée, elle constate aussi que la vie n'est pas du tout la même. "Partout où l’on va, il faut prendre la température. Tu prends la température 9 fois par jour, et partout c'est différent. Au supermarché, on prend la température avec un petit thermomètre électrique, soit sur la tête soit sur le bras. Dans les grands centres commerciaux, un gros scanner est au-dessus de votre tête".

Et puis il y a les masques, qu'il faut obligatoirement porter. "Ici c’est obligatoire, super strict. Il faut prendre des distances même si on peut sortir. Au restaurant, on ne peut pas être plus de trois ou quatre à une table, donc ce n'est pas du tout la même vie qu'avant".

"Est-ce que tu as le droit de sortir de Pékin ?"

Le fait de pouvoir sortir de sa ville inquiète aussi les jeunes auditeurs. A Pékin, les habitants ont le droit de sortir... mais sous conditions. "On a le droit, mais quand tu rentres il faut faire trois semaines de quarantaine", précise Hortense. "Donc je ne pense pas qu'on va sortir !".

De plus, ajoute-t-elle, "tous les adultes au-dessus de 18 ans ont une application sur leur téléphone qui montre que la personne n’est pas sortie de Pékin depuis au moins un mois. Quand tu rentres dans une résidence ou un grand lieu public, tu dois montrer ça sur ton téléphone. [...] Ça géolocalise depuis le 23 janvier. Notre téléphone nous suit partout, il enregistre tout ce qu’on fait".

"C'est comme de l'espionnage en fait", résume Rosalie.

Est-ce que le tracking "aide pour le coronavirus", ou pas ?

Un suivi des personnes qui fait s'interroger Marius et Sacha, qui trouvent ça dérangeant. "Ça me faisait peur au début", confie elle-même Hortense, "parce que partout où on va ils ont toutes nos données." Elle raconte aussi qu'une fois, sa famille a été appelée par la police : "Ils nous disaient, 'vous êtes allés là, et là'. Ça m'a fait peur : comment ils savent qu'on a fait ça à exactement cette heure ?"

Mais la jeune fille estime aussi que c'était une bonne idée contre le coronavirus "parce que tu sais si quelqu'un est sorti de la ville. Maintenant je suis habituée, j’ai compris pourquoi ils font ça : c'est pour tout le monde." Un avis que ne partagent pas les petits Parisiens : "Je ne voudrais pas l'avoir, parce que tu ne peux plus avoir une vie privée"!

Mais Hortense conclut en les rassurant : après 90 jours de confinement à Pékin, elle a retrouvé une certaine liberté. "Je peux sortir, voir des amis, mais on a attendu trois mois avant de commencer à déconfiner. Je pense que vous, ça va arriver : ça finira un jour ! Il ne faut pas stresser."