Le prix des fruits et légumes frais a-t-il vraiment baissé depuis le déconfinement ? (photo d'illustration) 6:16
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Hélène Terzian, Ugo Pascolo
Pendant le confinement, les prix des fruits et les légumes frais ont connu des augmentations parfois très importantes... Et la fin des mesures sanitaires les plus strictes pour lutter contre l'épidémie de coronavirus n'est pas forcément synonyme à la normale. 
DÉCRYPTAGE

Y-a-t-il du mieux dans les rayons ? Avec la crise du coronavirus, les augmentations des prix des fruits et légumes frais constatés par l'Insee (+17,8% en avril et en mai) avaient de quoi donner le vertige. Si ces hausses étaient comprises, et acceptées, par la plupart des Français pendant le confinement, beaucoup s'attendait à un retour à la normale une fois le déconfinement acté et entamé. Mais un simple tour dans un supermarché, suffit à prouver que ce n'est pas nécessairement le cas. 

"Huit euros le kilo de cerises, le prix n'a jamais été aussi élevé"

"Les cerises sont affreusement chères !" constate par exemple dans les allées d'un supermarché Cécile au micro d'Europe 1. "Huit euros le kilo, le prix n'a jamais été aussi élevé." Même son de cloche avec Stéphanie et Paolo qui tiennent à prouver, ticket de caisse à l'appui, que l'addition est toujours salée. Pour "trois bananes, cinq pommes de terre, un melon et un avocat, on en a pour 12 euros", explique-t-elle. Alors le couple a changé sa façon de consommer et se "limite en prenant plutôt des fruits et légumes à l'unité". Des prix "incompréhensibles" pour Paolo : "Logiquement ça devrait baisser, mais on retrouve les prix du confinement."

Des produits plus chers car Français

Car ce ne sont pas les contraintes d'approvisionnement qui ont le plus fait exploser les prix, mais l'origine des produits, explique Yves Puget, le directeur du magazine spécialisé de la grande consommation, LSA. "On a eu pendant plus de deux mois une production française mise en valeur dans les magasins, et les distributeurs ont pris des engagements avec les producteurs." Une hausse qui risque donc de perdurer, d'autant que la météo reste la principale cause de variation des prix. 

Pour la filière, le retour à la normale est acté

Pourtant, de son côté, le président de l’interprofession des fruits et légumes frais (Interfel), Laurent Grandin, a une analyse de la situation tout à fait différente des consommateurs et du spécialiste interrogés par Europe 1. Invité d'Europe 1 jeudi, il affirme même "observer un retour à des prix normaux". "J'ai vu le kilo de cerises à 4 euros sur le marché, 8 euros c'est vraiment pour le produit d'exception !" Autre exemple, la tomate grappe : "Début avril elle était à six euros le kilo en moyenne, et notre dernier relevé sur les drives indique désormais 2,40 euros." 

"Le prix moyen du kilo de produits frais sur un an est de 2,50 euros, soit 30 centimes la pièce" assure-t-il en remettant en cause les chiffres d'augmentation transmis par l'Insee. Les fruits et légumes frais en France seraient donc "accessibles" selon lui, et tout le secteur "y veille". Comment alors expliquer le ressenti des Français ? "Je crois que l'on a confondu le prix du panier moyen, qui a augmenté pendant le confinement, avec le prix moyen" répond-il.