LA QUESTION PSYCHO - Pourquoi je déprime à l'idée de retourner au travail après le confinement ?

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Catherine Blanc, édité par Ugo Pascolo
Après avoir profité du confinement pour prendre une pause professionnelle salutaire, Mégane déprime à l'idée de reprendre le travail. Pour la sexologue et psychanalyste Catherine Blanc, c'est qu'elle a profité du moment pour fuir le réel. Mais il faut être vigilant à ne pas "partir vaincu avant le début de la course". 

Si le confinement est une épreuve pour certains, d'autres en revanche s'en accommodent très bien, a fortiori s'ils ne travaillent pas. C'est le cas de Mégane, qui, en plein doute, a profité de sa pause professionnelle obligatoire pour rejeter tout ce qu'elle devait accomplir à son travail. Mais revers de la médaille : à l'approche du déconfinement, elle déprime à l'idée de retourner au bureau. Dans "Sans Rendez-vous" sur Europe 1, la sexologue et psychanalyste Catherine Blanc estime que ce sentiment vient du fait qu'elle a profité du moment pour fuir le réel et enfouir sa tête dans le sable, un peu comme une autruche. 

La question de Mégane

"J'ai trouvé beaucoup de confort dans ce confinement. Cela a mis sur pause tout ce que je devais accomplir professionnellement, alors que je doutais de moi. Pourtant maintenant je déprime et je ne comprends pas pourquoi. Qu'en pensez-vous ?" 

La réponse de Catherine Blanc

"Mégane s'est sentie mieux parce qu'elle n'a pas été confrontée à la lecture qu'elle a d'elle-même, peut-être défaillante ou moins capable. Ce confinement lui a donné l'occasion de repartir dans sa grotte et de ne pas être dans le passage à l'acte. Ça lui a donc apporté beaucoup de confort."

Les personnes en burn-out ont-elles eu l'occasion de remettre les compteurs à zéro avec le confinement ? 

"Oui, ils ont eu tout le loisir de retrouver un respect biologique de leur rythme, la reconsidération de leur situation, et de leur soumission à la hiérarchie. Ceci étant, le retour à la réalité va se faire et il implique d’être en capacité de reprendre sa place dans le monde avec assez de confiance en soi pour s’inscrire dans une singularité. C'est-à-dire, sans s'évaluer par rapport au voisin et avoir reconsidéré ce qu'il fallait dire, faire, mais aussi les limites à poser pour envisager son travail de manière pérenne pour soi." 

Mégane devrait-elle profiter du confinement pour consulter un psychologue ? 

"C'est un moment particulièrement opportun, puisqu'on a le temps pour prendre du recul et écouter ce qui est à l'oeuvre en soi. On peut donc analyser ce qui ne va pas pour trouver ses propres solutions plutôt que de prendre le confinement comme une fuite, un peu comme une autruche qui met la tête dans le sable. La peur n'annule nullement le danger, et c'est en s'y confrontant que l'on peut se mouvoir dans la vie, notamment professionnelle." 

Cette déprime est-elle similaire à celle des fins de vacances, juste avant de reprendre le travail ? 

"Généralement, ce sont les personnes qui ne se sont pas assez reposées qui dépriment dans cette période. Ce sentiment traduit une remise en question de nos limites : quand elles semblent accessibles, la confrontation avec le réel peut nous faire peur. Il faut donc être vigilant pour ne pas partir vaincu avant le début de la course."