Coronavirus masque 5:15
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Catherine Blanc
Dans "Sans Rendez-vous" sur Europe 1, la sexologue et psychanalyste Catherine Blanc répond à une auditrice qui s'étonne de voir son mari refuser catégoriquement le port du masque pour lutter contre le coronavirus.

Le mari de Patricia n'en démord pas : une fois le déconfinement entamé, à partir du 11 mai si l'épidémie de coronavirus est jugulée d'ici là en France, il refusera de porter un masque. Comment expliquer qu'il n'accepte pas d'en porter dans l'espace public, alors que cela peut nous protéger et protéger les autres ? La sexologue et psychanalyste Catherine Blanc a expliqué les raisons de cette posture quasi-adolescente à notre auditrice, vendredi, dans l’émission Sans rendez-vous sur Europe 1.

La question de Patricia

Avec le déconfinement que l'on projette enfin s'annonce le port du masque pour retourner vers la vie sociale. Mon mari s'y refuse avec virulence. Je ne comprends pas cette opposition si exagérée. Qu'en pensez-vous ?

La réponse de Catherine Blanc

"Il peut y avoir deux raisons à ce refus. La première, c'est un besoin de sortir, d'échapper ou de refuser l'autorité peut-être parce que ce confinement a généré une tension dans leur relation de couple, avec le sentiment d'être soumis aux ordonnances gouvernementales ou de sa femme. Et tout d'un coup, pouvoir sortir c'est enfin la liberté, et plus précisément la liberté hors-la-loi.

 

C'est une attitude très adolescente qui revient à dire, un peu comme le font les jeunes : 'Quand j'aurai 18 ans, je pourrai faire ce que je veux.' Cela n'existe pas. Faire ce que l'on veut, c'est toujours en accord avec la réalité des lois, quelles qu'elles soient. Si je prends ma voiture pour aller d'un point à un autre, je me dois de respecter le code de la route, donc la loi. Mais pas parce que je suis gentil ou docile, mais parce que c'est ce qui permettra d'arriver à bon port.

C'est une attitude adolescente qui émerge peut-être parce qu'il s'est senti pendant ce temps de confinement soumis à l'autre et peut-être une autorité qu'il a perçue, réelle ou subjective, de la part de son épouse qui règne ou gère tout. Cela a dû réveiller des choses de l'ordre du maternel tout-puissant. C'est cette 'Maman historique' dont il veut trahir les règles et les lois pour enfin se définir et se manifester homme libre.

Quelle est la deuxième explication possible ?

La deuxième raison possible de ce refus, c'est parce que sortir et sortir avec un masque, ça peut être une façon de dire haut et fort notre peur d'être contaminés. Nous ne sommes pas habitués, contrairement aux Asiatiques, au port du masque. Et donc, refuser le port du masque est une façon de dire 'même pas peur'. C'est l'affirmation de la virilité.

 

 

Au lieu de voir que c'est simplement un temps, comme ça, pendant lequel il faut porter ces masques, c'est une façon de dire que j'ai vraiment des cojones. Je le prouve parce que, même au plus près du danger, je sors sans masque. C'est oublier que ce n'est pas que pour soi qu'on porte un masque, mais bien sûr pour les autres, et qui plus est pour nos aînés.

Peut-on exercer une forme de contrainte ?

Oui, mais c'est dommageable. Faire qu'un pays comprenne la dangerosité de l'épidémie est absolument nécessaire. Ce qui est à déplorer, c'est que des individus adultes se comportent comme des adolescents et soient infantilisés par l'ordonnance et la punition. Quand on veut protéger les uns et les autres, on est pourtant obligés de faire ainsi.

Il faut faire entendre qu'il y a plus de liberté dans le respect de la loi qu'il y en a dans l'irrespect de ces lois. Quand on est un adolescent, on est extrêmement égoïste, on est dans la recherche de la jouissance personnelle. On confond liberté et jouissance, alors que la jouissance est dans la capacité à pouvoir faire et faire avec les autres. Quand des gens ne comprennent pas, il faut malheureusement être un peu plus ferme."