Incendie dans l'Aude : pourquoi les flammes se sont-elles propagées aussi rapidement ?
Un violent incendie s'est déclenché ce mardi dans l'Aude. Il a ravagé plus de 13.000 hectares de végétation en quelques heures à peine, faisant de lui le plus destructeur de l'année en France. Alors que la région est toujours en alerte et que des centaines de pompiers sont mobilisées, toutes les conditions sont réunies pour l'attiser.
Il s'agit du plus important incendie de l'année en France. Déclaré ce mardi aux alentours de 16h dans l'Aude, il a ravagé en quelques heures à peine, plus de 13.000 hectares de végétation, a fait un mort et plusieurs blessés. Si les pompiers restent en alerte et continuent de le combattre, toutes les conditions étaient réunies ce mardi soir pour favoriser sa propagation rapide.
"La règle des trois 30"
Il existe une règle d'or en météorologie pour placer des régions en vigilance incendie, à savoir la "fameuse règle des trois 30". Comme nous l'explique le météorologue Patrick Marlière, il s'agit de la réunion de "températures supérieures à 30 degrés, de rafales de vent qui dépassent les 30 km/h et d'un taux d'humidité de l'atmosphère inférieure à 30%".
Or, ce mardi le département de l'Aude affichait 35 degrés au thermomètre, a enregistré des pics de rafales de vent à 73 km/h et un taux d'humidité à moins de 25%.
Une topographie qui favorise les feux
"La configuration du lieu", a également favorisé la propagation rapide du feu, assure l'expert. Effectivement, le fait d'être "en collines, avec des vallées, complique malheureusement une maitrise rapide et complète du feu", poursuit Patrick Marlière. Il est "difficile pour les pompiers d'intervenir" sur ce type de terrain forestier situé en moyennes montagnes. Il donne pour exemple "les plus gros incendies au Canada, qui se sont passés à chaque fois dans des zones très montagneuses".
La tramontane complexifie d'autant plus la situation. Ce vent qui vient du Nord-Ouest et se dirige vers le golfe du Lion, donc vers la mer Méditerranée, est un vent sec et peu chargé en humidité. Il attise ainsi d'autant plus les braises.
Finalement, la combinaison de la topographie et de ces vents violents facilite d'autant plus les sauts de feu, c'est-à-dire, la projection de braises à des centaines de mètres. "C'est à cause de ces sauts de feu que les pompiers sont débordés. Alors qu'ils sont en train de combattre un feu, un autre se déclenche plus loin", explique le scientifique.
Si près de 2.000 pompiers sont mobilisés pour combattre l'incendie, il est difficile pour eux d'intervenir. La topographie accidentée du terrain n'est pas la seule raison à cela. Les Canadair, ces avions bombardiers d'eau, ne peuvent voler une fois la nuit tombée. Ils ont du interrompre leurs vols aux alentours de 22h ce mardi soir, avant de pouvoir intervenir de nouveau dès 6h ce mercredi matin. Or, le vent soufflait toujours aux alentours de 50 km/h dans la nuit, attisant toujours l'incendie.
Une bascule du vent attendue
Patrick Marlière garde tout de même espoir quant à l'évolution de la situation. "La bonne nouvelle est que le vent va changer d'orientation dans la journée", assure-t-il. Si pour l'heure les vents viennent des terres, "ça va basculer. On va avoir des vents inverses, autrement dit, des vents marins chargés en humidité", indique le météorologue. Ainsi, les conditions de la règle des trois 30, ne devraient plus êtres réunies.
Le scientifique reste tout de même alerte. Car si les conditions ne seront plus favorables à la propagation de l'incendie, il n'est toujours pas éteint. De plus, les températures devraient avoisiner les 35 degrés toute cette fin de semaine et une nouvelle bascule du vent est attendue pour dimanche.
