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avec AFP / Crédits photo : AMAURY CORNU / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP , modifié à
Sous pression des agriculteurs, encore inassouvis par les promesses et actes du gouvernement, Emmanuel Macron s'apprête à visiter le Salon de l'Agriculture dans un climat tendu samedi. Le chef de l'État devait y animer un grand débat avec les acteurs du secteur mais l'initiative est finalement annulée, fait savoir l'Élysée.
L'ESSENTIEL

Les diverses annonces du gouvernement et de l'Union européenne depuis le début du mouvement de fronde des agriculteurs semblent les laisser sur leur faim. Blocages de routes et contrôles dans les supermarchés, les actions coup de poing ont repris de plus belle mercredi après une intervention du Premier ministre Gabriel Attal récapitulant les chantiers engagés ces dernières semaines pour améliorer et simplifier la vie des agriculteurs, sur les pesticides, les saisonniers ou la rémunération. Deux défilés de tracteurs ont eu lieu vendredi à Paris et le grand débat, qui devait avoir lieu samedi entre Emmanuel Macron et les acteurs du monde agricole, est finalement annulé.

Les informations à retenir :

  • Deux défilés de tracteurs ont eu lieu vendredi à Paris
  • L'Élysée annonce que le débat prévu samedi, au Salon de l'Agriculture, entre Emmanuel Macron et les agriculteurs, est annulé
  • Bruxelles a encore présenté jeudi de nouvelles propositions pour alléger "la pression" sur les exploitations
  • La FNSEA souhaite que le Salon de l'Agriculture reste un "temps festif"

La FNSEA et la Coordination rurale acceptent l'invitation de Macron 

Le président du premier syndicat agricole français, la FNSEA, a dit vendredi sur BFMTV que son organisation acceptait l'invitation d'Emmanuel Macron à le rencontrer samedi avant l'ouverture du Salon de l'agriculture. "Je serai là demain matin à l'invitation du président de la République. Nous répondrons, comme nous le faisons toujours, à cette invitation républicaine". 

"Nous répondrons, comme nous le faisons toujours, à cette invitation républicaine", a déclaré Arnaud Rousseau. La présidente de la Coordination rurale , deuxième syndicat agricole français, Véronique Le Floc'h, a dit, à l'AFP, accepter ce rendez-vous avec le président, ajoutant simplement : "s'il peut rentrer". 

L'annulation du débat accueillie avec indifférence par les agriculteurs

"Il est habitué à faire des grands débats pour finalement ne pas donner de suite à ces évènements-là. Je ne suis pas supris", réagit, sur Europe 1, Arnaud, agriculteur dans l'Oise. Selon lui, ce débat était, de toute façon, une mauvaise idée. Des débats qu'il décrit comme "décevants et mal organisés". La plupart des agriculteurs rencontrés étaient d'ailleurs contre ce grand débat.

Néanmoins, cette impression de dernière minute agace Hervé Lapie, secrétaire générale de la FNSEA. "Ça devrait faire huit ou dix jours que le président de la République réfléchit à la démarche qui allait être mise en place par l'Élysée au moment de l'inauguration du Salon. Là, on a l'impression que c'est fait la veille, un peu en urgence, sans avoir vraiment compris les enjeux qu'il y avait. Et pourtant on l'a vu et on lui a expliqué. Ce n'est pas très sérieux". 

Emmanuel Macron annule le débat avec les agriculteurs prévus samedi

Emmanuel Macron a annoncé qu'il renonçait à tenir un grand débat avec les agriculteurs samedi au Salon de l'Agriculture, après la polémique sur l'invitation d'un collectif écologiste, mais qu'il inaugurerait bien ce grand rendez-vous annuel et rencontrerait les syndicats agricoles au préalable.

"Les syndicats agricoles (...) avaient voulu un 'débat' ouvert. Ils en demandent aujourd'hui l'annulation. Dont acte", a écrit le chef de l'État sur X, en précisant qu'il invitera samedi matin "tous les syndicats agricoles avant l'ouverture officielle du salon". "Je serai là pour l'ouvrir et irai au contact de tous ceux qui veulent échanger comme je le fais chaque année", a-t-il poursuivi.

L'invitation faite aux Soulèvements de la Terre était "inopportune", juge Fesneau

Le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau a jugé vendredi "inopportune" la proposition d'Emmanuel Macron au collectif Soulèvements de la Terre de participer au grand débat qu'il organise sur l'avenir de l'agriculture samedi. "Je considère que c'était une invitation qui était inopportune compte tenu du contexte", a réagi le ministre sur TF1. Les Soulèvements de la Terre constituent "un collectif dont le modèle d'expression est plutôt le cocktail Molotov", at-il jugé, "Donc on ne discute pas avec ces gens là".

L'exécutif "n'a rien compris" des "problématiques" des agriculteurs, accuse le président de la FNSEA

Le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a confirmé vendredi qu'il ne participerait pas au débat au salon de l'Agriculture organisé par le président de la République Emmanuel Macron, jugeant que son invitation aux Soulèvements de la Terre montrait qu'il n'avait "rien compris aux problématiques" des agriculteurs. "Ça renvoie l'image aux agriculteurs que finalement rien n'a été compris de leurs problématiques", a-t-il augmenté lors d'une interview sur BFM TV/RMC. "Je ne serai pas l'acteur de quelque chose que je considère comme particulièrement cynique et qui ne permet pas le dialogue dans de bonnes conditions".

L'Élysée admet une "erreur" après avoir évoqué l'invitation des Soulèvements de la Terre à un débat

L'Élysée a admis vendredi une "erreur" de communication après avoir évoqué la veille l'invitation de l'association écologiste Les Soulèvements de la Terre à un débat au Salon de l'agriculture, ce qui a provoqué la colère du syndicat agricole majoritaire, la FNSEA. "Les Soulèvements de la Terre n'ont été ni conviés, ni contactés. Il s'agit d'une erreur faite lors de l'entretien avec la presse en amont de l'événement", a indiqué sur X la présidence.

Deux défilés prévus à Paris

Le premier, organisé par la Coordination rurale, a débuté vers midi près des Invalides. Le second, emmené par la FNSEA et les Jeunes agriculteurs, se terminera devant le Salon de l'agriculture en début de soirée, une veillée d'armes étant prévue avant l'ouverture des portes samedi.

Sur place, une cinquantaine de tracteurs venus de toute la France traverse la capitale aux sons des klaxons et des hourras des Parisiens, a constaté Europe 1. L'objectif des manifestants est de se faire entendre à quelques heures de l'ouverture du Salon de l'agriculture. "Ça fait 15 jours, trois semaines qu'on essaye de se faire entendre, apparemment, on n'est pas encore entendus", regrette le coordinateur de cette manifestation au micro d'Europe 1. "Aujourd'hui, on nous donne des miettes, [on met] des pansements sur des jambes de bois qui ne vont rien arranger à la situation."

Bruxelles présente de nouvelles propositions

Nombre d'agriculteurs interrogés par l'AFP gardent le sentiment de n'avoir pas été complètement entendus et l'impression de mesures sans impact immédiat sur leurs activités, et leur compte en banque. "Je ne pensais pas encore une fois redescendre dans la rue, je préférerais être dans ma ferme à travailler" mais "des annonces ont été faites et il n'y a toujours rien de concret", pointe Adrien Spriet, venu garer son tracteur jeudi devant la préfecture à Arras.

Bruxelles a encore présenté jeudi de nouvelles propositions pour alléger "la pression" sur les exploitations, assouplissant les règles sur les prairies, limitant le nombre de contrôles et accordant une certaine tolérance en cas de non-respect des règles de la Politique agricole commune (PAC) pendant les épisodes climatiques extrêmes. Ces mesures, susceptibles d'être adoptées dès mars, seront examinées lundi par les ministres de l'Agriculture des Vingt-Sept.

Le Salon reste "un temps festif"

La FNSEA reconnaît que le salon se présente cette année "comme un temps éminemment politique". Les agriculteurs sont "fortement mobilisés et à l'écoute des avancées qui leur seront présentées", affirme le syndicat dans un communiqué. Mais l'organisation souhaite aussi que l'événement reste un "temps festif". L'égérie de l'édition 2024, la vache normande Oreillette, a fait son arrivée au salon dans la matinée vendredi.

Avec ses grandes taches brunes, cette Normande de 5 ans est arrivée sous les flashs des photographes, a constaté Europe 1. Une fierté pour François Foucault, son propriétaire, éleveur dans l'Orne. "C'est une vache très calme, qui s'adapte un peu à tout, qui ne s'affole jamais et qui fait ce qu'on lui demande. Pour nous, c'est la vache parfaite pour ça", se réjouit-il au micro d'Europe 1. "C'est toujours une fierté en tant qu'éleveur d'avoir l'égérie, pour l'élevage déjà, et pour représenter notre race qui est la normande. "

Emmanuel Macron souhaite organiser un débat avec l'ensemble des acteurs du monde agricole

Sous pression des agriculteurs, encore inassouvis par les promesses et actes du gouvernement, Emmanuel Macron s'apprête à visiter le Salon de l'Agriculture dans un climat tendu samedi après avoir voulu inviter les Soulèvements de la Terre à un grand débat avec le monde agricole, suscitant la colère des syndicats.  "L'invitation par le PR (président de la République, ndlr) au #SIA d'un groupuscule dont la dissolution a été demandée par son propre gouvernement est une provocation inacceptable pour les agriculteurs. J'avais accepté de participer à un débat. Dans ces conditions, je refuse de prendre part à ce qui ne sera qu'une mascarade", a déclaré le patron du premier syndicat agricole, Arnaud Rousseau, sur X jeudi soir. Il a rapidement été rejoint par son homologue des Jeunes Agriculteurs, Arnaud Gaillot.

Le rétropédalage a été enclenché par l'Élysée une heure plus tard avec l'annonce que le collectif, qualifié un temps d'"éco-terroriste" par Gérald Darmanin, n'était finalement plus invité "pour garantir la sérénité des débats".

L'Élysée avait en fin d'après-midi fait part de son intention d'organiser un débat, format inédit pour la visite d'un chef de l'Etat au Salon de l'agriculture (24 février-3 mars), entre Emmanuel Macron et "l'ensemble des acteurs du monde agricole".