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Maximilien Carlier, édité par Séverine Mermilliod , modifié à
Le Pas-de-Calais est sous cloche ce week-end avec un reconfinement jusqu'à lundi pour 1,4 million d'habitants. A Lens, Europe 1 a rencontré des commerçants exaspérés et des habitants déjà au bout du rouleau, alors que la mesure devrait encore s'appliquer pour trois autres week-ends.
REPORTAGE

Déplacements limités à une heure, attestation qu'il faudra ressortir et magasins fermés, que ce soit à Boulogne-sur-Mer, Calais, Saint-Omer, Lens... Dans le département du Pas-de-Calais, soumis depuis samedi matin 6 heures à un reconfinement le week-end, qui devrait durer encore trois week-ends, 1,4 million d'habitants retrouvent les habitudes que tous espéraient pourtant avoir perdues pour de bon. 

L'objectif des autorités est de faire baisser un nombre de cas de Covid-19 pour 100.000 habitants deux fois supérieur à la moyenne nationale. Mais à Lens, les habitants et les petits patrons du centre-ville rencontrés par Europe 1 en ont déjà ras-le-bol.

"En mars, c'est là qu'on travaille le mieux"

"On ne vit plus. Les jeunes ne vivent plus et même mes petits enfants me disent : 'on en a marre mamie'. Ça nous donne envie de pleurer", s'émeut une passante. Et elle n'est pas la seule. Cette Lensoise a "30 ans à la fin du mois, le dernier week-end qui est supposé être confiné" et elle a "les boules. Ce n'est pas comme ça que je pensais fêter mes 30 ans".

De leur côté les commerçants ne vivent pas mieux la situation. "C'est le coup de grâce", se plaignent ceux qui ont baissé le rideau vendredi soir, désespérés par la durée de ces mesures de restrictions. "Quatre week-ends, c'est énorme. Au mois de mars, c'est là où la collection commence à rentrer, les beaux jours à arriver. C'est là qu'on travaille le mieux, en fait, en entrée de collection", déplore une gérante. "Là, ça nous freine..."

"Les salariés sont usés"

Alors il va falloir s'adapter encore, ouvrir plus tôt les lundis ou pendant la pause déjeuner. Mais à quoi bon, se demandent certains, si cela ne fait que limiter la casse ? "Ca veut dire que le chiffre d'affaires va encore baisser, que ça va être dur pour nous de payer les fournisseurs, les salariés, les loyers, ainsi de suite", regrette cet autre marchand. "On fait avec, on n'a pas le choix."

D'autres patrons de magasins se sentent carrément abandonnés. "On ne peut pas nous laisser tomber comme ça. J'en appelle un peu aux élus, au préfet...Venez voir l'état des centres-villes, l'état des salariés qui sont usés, parce que ce sont des heures sup', des contrats arrêtés, du chômage partiel... Il y en a ras-le-bol."

Cette habitante, elle, essaye de voir le verre à moitié plein, mais n'en est pas moins démoralisée : "Je pense que ça va vite passer... Si c'est effectivement quatre semaines pour sortir de l'impasse, pour pouvoir se faire vacciner au maximum et sortir de l'ornière au mois de mai, au mois de juin et pouvoir revivre normalement, ce n'est pas non plus insurmontable. Mais ça commence à peser sur le moral".

Alors que le samedi représente parfois 30% de leur chiffre d'affaires, les commerçants interrogés par Europe 1 demandent donc des aides pour compenser les pertes liées à cette fermeture forcée. Outre le Pas-de-Calais, 63 communes des Alpes-Maritimes sont également confinées ce week-end.